Vous allez sans doute entendre parler du gène MDR1 chez le Berger australien si vous achetez ou adoptez un chien de cette race.
MDR1 pour Multi Drug Resistant (Multi-résistance au médicament) : ce gène est en effet indispensable à l’élimination de certaines molécules. S’il est déficient, de graves symptômes apparaissent après l’ingestion de certains médicaments, même courants, comme des anti-parasitaires ou des anti-diarrhéiques.
On vous explique pourquoi et comment prémunir votre Berger australien de tout danger.
La mutation du gène MDR1 chez le Berger australien
Le gène MDR1 code pour une protéine qui permet l’élimination de certains médicaments. Lorsque le gène est déficient, la protéine n’est pas produite, ou en quantité insuffisante. Le médicament s’accumule dans l’organisme, notamment, au niveau du cerveau. La molécule, initialement inoffensive, devient alors toxique.
On considère qu’environ 50 % des Bergers australiens sont porteurs de l’anomalie génétique et donc à risque fort ou modéré de développer une sensibilité médicamenteuse avec certains produits.
Cette mutation génétique n’affecte pas que le Berger australien ; elle touche aussi :
- Le Colley
- Le Shetland
Et dans une moindre mesure, le Bobtail, le Border collie et le Berger allemand.
Attention, les chiens croisés issus de ces races sont également susceptibles d’être porteur de la mutation MDR1.
Comme ceux des humains, les chromosomes du chien vont par paire. Si votre Berger australien possède la mutation du gène MDR1 sur ses 2 chromosomes (individu homozygote muté), il aura une sensibilité médicamenteuse totale et un risque fort de développer des effets secondaires graves, voire mortels.
S’il ne possède la mutation que sur un seul chromosome (individu hétérozygote), il produira la protéine mais en quantité réduite, son risque sera plus faible mais pas totalement nul.
Les symptômes d’une intoxication médicamenteuse chez le Berger australien
Les symptômes sont essentiellement neurologiques et, dans une moindre mesure, digestifs.
Dans les 48 heures suivant l’absorption du médicament, le Berger australien va présenter :
- Des troubles de la démarche voire une paralysie
- Une fatigue pouvant aller jusqu’au coma
- Une dilatation des pupilles ou une baisse de la vision
- Des vomissements, diarrhées ou de l’hypersalivation
Dans ce cas, il faut vous rendre sans tarder chez votre vétérinaire ou dans un centre d’urgence. Il n’existe pas d’antidote spécifique à cette intoxication, mais des traitements visant à éliminer le produit et à soutenir l’organisme seront mis en place. Votre chien sera sans doute hospitalisé et perfusé.
Il est important de donner le nom du médicament ingéré par votre animal, même s’il ne vous a pas été prescrit par un vétérinaire. Les symptômes peuvent en effet varier quelque peu en fonction de la molécule utilisée.
Le dépistage du gène MDR1 chez le Berger australien
Vous l’aurez compris, il est important de savoir si votre Berger australien est porteur d’une mutation sur le gène MDR1 ou non. Pour cela, rien de plus simple, il suffit de pratiquer une analyse génétique. Cet examen (un test buccal) est indolore et sans risque pour votre animal.
Rendez-vous chez votre vétérinaire qui va passer une petite brosse à l’intérieur de la joue de votre Berger australien. La brosse est ensuite envoyée dans un laboratoire spécialisé pour analyser l’ADN de votre compagnon.
Quelques jours plus tard, vous recevrez les résultats :
Mutation MDR1 | Risque d'intoxication au médicament |
Homozygote normal (pas de mutation) | Aucun |
Hétérozygote | Risque modéré |
Homozygote muté | Risque très fort |
La liste des médicaments dangereux pour le Berger australien porteur du gène MDR1
Si votre chien est homozygote muté, et dans une moindre mesure hétérozygote, certains médicaments sont totalement à proscrire. Il s’agit de :
- Ivermectine, doramectine : des antiparasitaires rarement utilisés chez les animaux de compagnie sauf en cas de démodécie récalcitrante
- Emodepside (Profender®), un vermifuge
- Abamectine (produit phytosanitaire)
- Loperamide (Imodium®, loperal®) contre la diarrhée
Des molécules sont à éviter ou à utiliser avec précaution (posologie réduite).
Parmi elles :
- des anti-vomitifs (Dompéridone (Motilium®))
- des anti-acides (Cimétidine (Zitac®), Ranitidine)
- des immunomodulateurs (Ciclosporine A (Atopica®), tacrolimus)
- des anti-cancéreux (doxorubicine, vinblastine, vincristine)
- des anti-inflammatoires ou analgésiques (dexaméthasone, butorphanol, morphine)
- des tranquillisants (acépromazine (Calmivet®))
- des médicaments pour le cœur (Digoxine, quinidine, verapamil, diltiazem…).
Attention, cette liste n'est pas exhaustive ! Vérifiez au cas par cas avec votre vétérinaire.
En ce qui concerne les vermifuges, il est à noter qu’aucun risque n’est à ce jour identifié avec la milbémycine (Milbemax® et génériques) aux doses indiquées par le fabriquant.
Pas de problèmes rapportés non plus pour les anti-parasitaires mixtes comme l’Advocate® (moxidectine) et le Stronghold®(sélamectine) aux doses indiquées par le fabriquant. Attention cependant au surdosage.
Bravecto® et Nexgard® sont 2 anti-parasitaires externes (contre les puces et tiques) sûrs pour le Berger australien, même ceux porteurs du gène MDR1.
Dans tous les cas, il est conseillé de ne pas administrer un médicament à votre chien sans avis vétérinaire. Ni de laisser traîner vos traitements. Le Berger australien peut être glouton et l’ingestion d’un médicament humain pourrait lui être fatale en cas de mutation du gène MDR1.
Isabelle Vixège
Dr vétérinaire
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