Un chat peut-il contracter le Covid-19 ? Devient-il contagieux ? Où en sont les connaissances sur la transmission du coronavirus humain aux félins ?
Quelques études permettent d’apporter des éléments de réponse à ces questions, et surtout d’éviter de s’affoler ; le rôle des chats dans l’épidémie de Covid-19 semble tout à fait marginal.
Très peu de chats malades du Covid-19
Un premier cas de chat testé positif en France en avril 2020
Le premier chat malade du Covid-19 en France a été diagnostiqué le 13 avril 2020 en île de France. Il s’agissait d’une femelle, prénommée Papille, présentant de la toux, une perte d’appétit et une grande fatigue.
Des écouvillons nasal et rectal ont alors été transmis par le vétérinaire traitant à l’ENVA (École Vétérinaire d’Alfort). L’écouvillon rectal a montré une positivité de l’animal au coronavirus humain. Papille avait été contaminée par ses propriétaires. Elle a dû être hospitalisée pour recevoir des soins et a complètement récupéré au bout de 6 jours.
Des cas rares ?
Des études et des cas d’infection naturelle ont démontré que le chat était sensible au SARS-Cov-2, c’est-à-dire qu’il peut l’attraper et éventuellement développer des symptômes. Cependant, cela reste exceptionnel.
En France, seulement 2 chats ont été testés positifs au coronavirus. Un chiffre à rapprocher des plus de 12 millions de félins peuplant l’Hexagone et des plus de 160 000 cas confirmés de Français malades.
Dans le reste du monde, les chats testés positifs par PCR (détection de l’ADN du virus sur écouvillon) se comptent sur les doigts de 2 mains (2 aux États-Unis, 1 en Espagne, 1 en Belgique, 1 en Allemagne, 1 à Hong-Kong).
On déplore aussi 9 tigres ou lions infectés par le Covid-19. Bien sûr, tous les animaux contaminés ne sont sans doute pas testés (surtout s’ils développent peu de symptômes), mais cela laisse tout de même de la marge…
Dès février 2020, le laboratoire vétérinaire Idexx avait mené une campagne de dépistage d’envergure en Corée du sud et dans certains Etats américains.
Alors que l’épidémie y faisait rage, aucun prélèvement d’animaux domestiques (3500 chats, chiens et chevaux) ne s’était révélé positif au test PCR du Covid-19. Une vaste étude qui confortait l’idée que nos compagnons jouent un rôle marginal dans la propagation du virus.
Cependant, une étude chinoise portant sur 102 chats de Wuhan a reporté 15 chats (14%) présentant des anticorps au SRAS-Cov-2. Il semblerait donc qu’une part non négligeable de la population féline de Wuhan ait été infectée par le coronavirus.
Les chercheurs chinois précisent que, lors du test sérologique, ils n’ont pas mis en évidence de réactions croisées avec le virus de la PIF (Péritonite Infectieuse Féline), un coronavirus du chat ; c’est-à-dire qu’il n’y a pas de risque qu’un chat atteint de PIF soit détecté positif par erreur pour le Covid-19.
Les chats positifs au coronavirus seraient contagieux pour leurs congénères
Les chats infectés peuvent-ils transmettre le coronavirus à d’autres chats ? C’est ce qu’une petite étude expérimentale sur 6 chats, publiée dans The New England Journal of Medecine, tend à prouver.
Dans cette étude, 3 chats ont été infectés expérimentalement par le SARS-Cov-2. Trois jours plus tard, ils étaient tous positifs.
Les chercheurs ont alors introduit 3 chats sains dans le même local. Ces 3 animaux sont tous devenus positifs au bout de 5 jours. La transmission du virus du Covid-19 entre chats est donc possible. Fort heureusement, aucun des chats participant à l’étude n’a développé de symptômes de la maladie.
Une expérience similaire avait été réalisée chez le furet, démontrant que cet animal était non seulement sensible au coronavirus mais également susceptible de contaminer des congénères.
Cette information est un élément important à prendre en considération, notamment pour la gestion de la maladie dans les collectivités félines, comme les élevages ou les refuges.
Elle pose aussi la question d’une éventuelle transmission du Covid-19 du chat à l’homme, mais, à l’heure actuelle, aucune donnée scientifique ne vient corroborer cette hypothèse.
Face au Covid-19 chez le chat, des écoles et laboratoires vétérinaires mobilisés
La communauté vétérinaire ne reste pas les bras croisés face à la pandémie de Covid.
Outre le très grand élan de solidarité des vétérinaires libéraux avec la médecine humaine pour faire face à la vague (prêt de respirateurs notamment), les écoles et les laboratoires ont élaboré des tests permettant de dépister les animaux et développent des études pour clarifier leur rôle dans cette épidémie.
Les chats d’un cluster d’étudiants testés à Maisons-Alfort
À l’occasion d’un cluster de 19 malades sur son campus, l’ENVA a testé les 9 chats et 12 chiens d’étudiants infectés. Ces animaux vivaient en contacts étroits avec leur propriétaire. Quelques uns ont présenté des symptômes compatibles avec une infection au Covid-19.
Cependant, aucun n’a été testé positif, aussi bien par PCR (présence de l’ADN du coronavirus) que par sérologie (présence d’anticorps contre le microbe). Les chercheurs français en concluent que le risque de contamination par le Covid-19 de l’humain aux chats ou aux chiens serait extrêmement faible, même lors de contacts étroits et prolongés. Ce qui va un peu à l’encontre de l’étude chinoise sur les chats de Wuhan, mais le nombre de chats alforiens était beaucoup plus faible, donc moins significatif.
Des tests disponibles pour les vétérinaires
Les écoles vétérinaires et le laboratoire Idexx ont développé des tests spécifiques pour le chat. Ils sont à la disposition des vétérinaires selon certaines conditions :
- L’animal doit vivre dans le même foyer qu’une personne malade ou positive au Covid-19
- L’animal doit présenter des symptômes compatibles avec la maladie
- Les autres pathologies possibles doivent avoir été écartées par d’autres tests
COVIDAC
Le projet COVIDAC (contraction pour Covid-19 et Animaux de Compagnie) est initié par VetAgrosup (ex École vétérinaire de Lyon). Il regroupe des vétérinaires cliniciens et des chercheurs et s’est donné pour ambition d’étudier la maladie Covid-19 chez nos animaux de compagnie, grâce notamment à la réalisation de tests à VetAgro Sup et dans des cliniques partenaires.
La recherche avance. En attendant, il est de la responsabilité des humains de protéger les chats du Covid-19. Car, comme le rappelle l’Académie vétérinaire :
« L’animal de compagnie doit être considéré comme un membre de la famille et le même niveau de précaution doit être appliqué à ce dernier qu’à un autre membre de la famille, notamment pour prévenir ses interactions avec une personne malade ou suspectée de Covid-19. »
Lorsqu’on est malade ou positif au Covid-19, on porte un masque et on respecte les gestes barrières, même avec son chat. Ou on le confie à un proche !
Isabelle Vixège
Dr vétérinaire
Sources :
https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMc2013400
https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2020.04.07.029090v1.full
https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2020.04.01.021196v1
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