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Renforcement positif : une méthode d’éducation canine qui favorise le bien-être animal

Par Éric Duchêne Rédacteur | Journaliste

Publié le

La polémique dure déjà depuis plusieurs années, entre les tenants d’une éducation canine dite « traditionnelle », voire même « coercitive », et à l’opposé les défenseurs de la nouvelle méthode d'éducation, dite « positive ». Cependant, de nombreux rapports scientifiques en faveur du renforcement positif se publient : quels sont leurs arguments pour défendre cette nouvelle approche ?

En science, il est fréquent de passer par des situations de ce type lorsque qu’un modèle théorique est abandonné, au profit d’un autre modèle. Pendant une période donnée, le consensus scientifique voit des oppositions apparaître, jusqu’à ce qu’elles deviennent le nouveau consensus, souvent au prix d’importantes batailles d’égo.

Nous traversons présentement une telle période : l’éducation canine traditionnelle, présente dans les milieux canins depuis des décennies, s’oppose aujourd’hui à de nouvelles méthodes, tenant compte du bien-être animal et des nouvelles connaissances apportés sur le sujet.

Cependant, il devient difficile d’ignorer la quantité d’études qui aujourd’hui, affirment l’intérêt de ces méthodes d'éducation canines positives. Voyons ce qu’elles disent et ce qui rend ces méthodes de "renforcement positif" meilleures, à bien des niveaux.

Comment trier les différentes méthodes d’éducation du chien ?

Il semble évident qu’on ne puisse pas juger objectivement d’une méthode ou d’une autre sans définir des critères pour les comparer. L’éthologie moderne dispose de plusieurs outils, et certains sont positifs, d’autres coercitifs, et d'autres encore peuvent être utilisés par les deux écoles.

On va souvent parler de conditionnement classique en utilisant un certain nombre de processus d’apprentissage simple : habituation, désensibilisation

Mais l’un des outils les plus utilisés en éducation canine est le conditionnement opérant. Dans ce processus d'apprentissage, une réponse volontaire (par exemple, sauter sur son humain) aura plus ou moins de chances de se reproduire à l'avenir si les conséquences sont positives (récompense) ou négatives (réprimande).

On distingue alors deux critères :

  • Punition (P) vs Renforcement (R) : cette distinction se fait sur l’objectif à atteindre : pourquoi on répond au comportement du chien. Une punition vise à supprimer un comportement, et un renforcement vise à le rendre plus fréquent, tout simplement.
  • Positif ou Négatif : cette fois, on regarde comment on répond au comportement du chien : positif si on ajoute un stimulus (la friandise ou la grosse voix, par exemple), négatif si on supprime un stimulus (par exemple, supprimer la récompense, ou arrêter de tirer sur la laisse).

Les techniques d'éducation du chien : entre renforcement et punition

On retrouve donc quatre outils dans l'éducation du chien :

  • Renforcement positif (R+) : Augmentation de la probabilité d'un comportement souhaité (par exemple, le « assis ») en appliquant un stimulus gratifiant (une récompense alimentaire).
  • Renforcement négatif (R-) : Augmentation de la probabilité d'un comportement souhaité (par exemple, le « assis ») en supprimant un stimulus aversif (par exemple, en relâchant la laisse qui le tire vers la position) lorsque le comportement est exécuté.
  • Punition positive (P+) : Diminution de la probabilité d'un comportement indésirable (par exemple, sauter pour faire la fête) en appliquant un stimulus aversif (tirer sur la laisse) lorsque le comportement est exécuté.
  • Punition négative (P-) : Diminution de la probabilité d’un comportement indésirable (par exemple, sauter pour faire la fête) en supprimant un stimulus gratifiant (comme l’attention du maître) lorsque le comportement est exécuté.

La méthode positive est basée principalement sur le renforcement positif, mais elle peut utiliser également la punition négative, jugée non coercitive dans de nombreux cas. Renforcement négatif et punition positive sont clairement des méthodes d’éducation contraignantes pour l’animal, et s’opposent à la méthode positive.

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Les chiens éduqués positivement sont plus attentifs et obéissants

Les études du bien-être perçu par le chien par rapport à son éducation sont de plus en plus nombreuses (1). Les méthodes positives et coercitives ont notamment été opposées, en observant par exemple les problèmes de comportement lié à l’anxiété, l’agressivité, le stress.

Les résultats sont nombreux et sans appel : les outils et méthodes d’entraînement aversifs sont associés à de mauvaises conséquences sur le bien-être et à des comportements indésirables pour le chien (augmentation des comportements basés sur la peur, y compris l’agression). En revanche, les méthodes de formation basées sur la récompense sont associées à une meilleure obéissance, à des taux moins élevés d’agression, et à une attention accrue portée au propriétaire pendant la formation (2).

Ainsi, le chien et son humain de compagnie ont une bien meilleure relation lorsque des méthodes positives sont utilisées pour son éducation. La confiance du chien vers l’humain est accrue, et sa relation à l’environnement est beaucoup plus curieuse et enjouée, que basée sur la peur, le stress et l’anxiété.

Une méthode d'éducation basée sur la récompense est plus efficace

En outre, ces études ont aussi montré que les apprentissages issus d’une éducation canine positive sont plus pérennes dans le temps. L’obéissance est également plus fluide, moins hésitante, et l’émotion associée à l’exécution des ordres est la joie, non plus la peur (3).

Par contre, il est souvent reproché aux méthodes positives de prendre plus de temps pour réaliser les apprentissages, qu’avec les méthodes basées sur la coercition. Cela peut se comprendre, car le chien étant beaucoup moins contraint pour réaliser ses apprentissages, il procède souvent par essai-erreur pour trouver la réponse que l’on attend de lui. Cela prend donc du temps, plus que si on lui donne des coups pour lui montrer la direction à prendre, c’est sûr.

Le ressenti du chien est différent, puisqu'il est motivé à acquérir des connaissances grâce à l'appel gu gain : la friandise notamment, mais aussi les caresses et encouragements verbaux. Cette motivation positive permet un apprentissage plus solide qu'une éducation qui crée de la peur chez le chien.

En effet, un apprentissage basé sur la punition va potentiellement évoluer, et le chien peut créer de mauvaises associations, par exemple s’il comprend qu’il n’est puni que si son propriétaire est là (4).

Le renforcement positif permet un apprentissage plus solide et durable

Or, avec une méthode basée sur la récompense, le chien a au contraire tendance à obéir même en dehors de notre présence. On peut d’ailleurs progressivement espacer et faire évoluer les récompenses, de façon à ne pas être obligé d’avoir des friandises en permanence, et à terme, ne plus avoir besoin de récompenser. Les friandises n'ont donc plus de rôle éducatif à proprement parler, et sont de simples cadeaux gustatifs de temps en temps pour faire plaisir au chien, sans excès.

Et il n’est pas question de voir dans cette méthode une pratique « bisounours » qui évite au chien la moindre contrainte environnementale : il est possible également d’apprendre au chien à gérer ses frustrations, à moduler ses émotions pour communiquer sans être dans l’excès.

Il faut savoir rester pragmatique et s’adapter aux différentes situations. C’est là où la punition négative, par exemple, permet de moduler les pics d’émotion du chien sans le punir de manière coercitive.

Dr Stéphane Tardif
Docteur vétérinaire et rédacteur pour Wamiz

Bibliographie :

  1. Review of dog training methods:  welfare, learning ability, and current standards
    I.J. Makowska, M.Sc., Ph.D. (December 2018)
    Prepared for the British Columbia Society for the Prevention of Cruelty to Animals
  2. Effects of 2 training methods on stress-related behaviors of the dog (Canis familiaris) and on the dog-owner relationship.
    Deldalle, S. & Gaunet, F,
    J. Vet. Behav.9,58–65 (2014).

  3. Training methods of military dog handlers and their effects on the team’s performances.
    Haverbeke, A., Laporte, B., Depiereux, E., Giffroy, J. M. & Diederich, C.
    Appl. Anim. Behav. Sci.113,110–122 (2008).

  4. The relationship between training methods and the occurrence of behavior problems, as reported by owners, in a population of domestic dogs.
    Blackwell, E. J., Twells, C., Seawright, A. & Casey, R. A.
    J. Vet. Behav.3,207–217 (2008).

  5. Dog training methods: their use, effectiveness and interaction with behaviour and welfare.
    Hiby, E. F., Rooney, N. J. & Bradshaw, J. W. S.
    Anim. Welf.13,63–69 (2004).

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