Un médicament est une molécule particulière, ayant une activité à but thérapeutique dans le corps. En réalité, toute molécule ingérée par le corps possède une activité chimique dans l’organisme. Les médicaments sont choisis parmi celles dont les effets peuvent nous être bénéfiques dans certaines conditions.
Il existe de très nombreux médicaments, dont la très grande majorité sont des copies ou des dérivés de principes actifs présents à l’état naturel dans l’environnement (souvent chez les végétaux). On trouve de nombreuses molécules communes dans les médicaments vétérinaires et humains. Cela fait sens pour les zoonoses, c'est-à-dire les maladies qui peuvent se transmettre entre animaux et humains, mais c'est également vrai pour des maux qui concernent indépendamment chaque espèce.
Toute molécule peut vite devenir toxique, comme le résume bien l’expression « tout est poison, rien n’est poison, tout est question de dose ». Nous allons donc voir quelles sont les conditions à respecter pour utiliser un médicament chez l’animal, et s'il existe des cas de figure où un médicament humain peut être utilisé pour un chien ou un chat.
Quel est le danger d’une mauvaise utilisation d’un médicament ?
Chaque espèce a un métabolisme qui lui est propre, et peut être résistante ou au contraire sensible à tel ou tel médicament. On le mesure avec ce qu’on appelle la DL50, ou « dose létale 50% » : elle correspond à la dose qui entraine la mort de la moitié des sujets. Plus cette dose est basse, plus le produit est dangereux, car un faible dépassement de la dose prévue suffit à provoquer des effets secondaires voir létaux.
Autrement dit, il existe des médicaments plus ou moins dangereux à utiliser, par rapport à un éventuel surdosage. Certains médicaments pris à 10 fois la dose prévue peuvent ne générer aucun dégât, tandis que d’autres seront mortels en cas de surdosage même faible.
Et l’animal a un biais important, en raison de son poids souvent inférieur au notre. Et il s’avère que les médicaments humains sont calculés… pour des humains. Cela va donc être délicat de couper un comprimé en 10ème de comprimé tout en restant précis.
De plus, et c’est de loin la principale raison qui doit vous pousser à être méfiant en utilisant un médicament humain : il existe des intolérances liées à l’espèce. C'est pourquoi certains aliments parfaitement inoffensifs pour l'homme peuvent être très toxiques pour les chiens et/ou chats.
Par exemple, le paracétamol est une molécule très toxique pour la plupart des animaux (l’humain dispose d’une enzyme hépatique pour le métaboliser, que les autres n’ont pas). La DL50 du paracétamol pour le chien est donc bien plus faible que chez l’homme, et même en respectant les posologies humaines, il peut y avoir des intoxications graves. De nombreux propriétaires se demandent s'ils peuvent donner du Doliprane à leur chien, et bien, la réponse est non. C'est d'ailleurs valable pour les autres anti-inflammatoires, potentiellement moins toxiques mais également dangereux à utiliser chez l'animal sans suivi par un vétérinaire.
Ce conseil est même valable entre chat et chien ! La perméthrine, par exemple, est un antiparasitaire utilisé et toléré chez le chien, mais très toxique chez le chat : attention à ne pas utiliser des médicaments d’animaux sur la mauvaise espèce !
Pourquoi donne-t-on des médicaments humains aux chiens et chats ?
Si le médicament humain est dangereux à utiliser chez l’animal, pourquoi le fait-on, alors ?
Tout simplement parce que la médecine vétérinaire est jeune, et que les laboratoires n’ont pas toujours pris le temps de développer les formes adaptés aux animaux. Le processus d’élaboration d’un médicament, quand il est correctement fait, prend plus d’une dizaine d’années ! On trouve donc des médicaments en pharmacie humaine qui n’existent pas encore en pharmacie vétérinaire.
C’est moins vrai aujourd’hui qu’il y a quelques décennies : on trouve maintenant de nombreux équivalents de médicaments humains chez le vétérinaire. Mais il reste toujours des cas où il est pertinent d’utiliser un principe actif disponible uniquement en pharmacie.
Le vétérinaire est alors très vigilant pour utiliser les posologies disponibles dans la littérature scientifique, et il faut rigoureusement suivre les indications qu’il note dans l’ordonnance.
Qu’en est-il des thérapies naturelles ? Puis-je les utiliser sur mon chien ?
Cela concerne notamment toutes les nouvelles thérapies dites « naturelles » : attention à l’apparence trompeuse de ces produits, qui sont commercialisés avec des arguments de bonne santé, car issue d’extraits naturels… Or, ce n’est pas la bonne raison ! Ce qui est naturel n’est pas forcément bon pour la santé (par exemple : le cyanure, molécule extrêmement toxique).
Nous l’avons vu plus haut : la grande majorité des molécules dans nos médicaments sont des copies de principes actifs parfaitement naturels, découverts dans la nature ! Car la nature est riche, et l’humain a finalement souvent copié la nature plus qu’il n’a lui-même innové, notamment pour la chimie.
Et nous avons vu également que certaines molécules sont bonnes pour nous, mais pas pour l’animal ! Il peut y avoir des intolérances spécifiques, et ce n’est pas parce que vous tolérez un produit qu’il n’entrainera pas d’effets secondaires sur votre animal.
Pour ces deux raisons, il faut rester vigilant avec les thérapies douces, au même titre qu’avec n’importe quel produit ! Voyez un vétérinaire spécialisé dans ces cures, il sera à même de vous orienter vers les produits sans danger pour votre animal.
D’une manière générale, il est recommandé de suivre les indications d’un thérapeute à chaque début de cure, et éviter l’automédication, quel que soit le produit utilisé. Aujourd’hui, prendre un médicament est devenu un acte anodin, et pourtant, cela reste une opération délicate, laissant peu de marge à l’erreur.
Dr Stéphane Tardif
Docteur vétérinaire et rédacteur pour Wamiz
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