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Infographie avec un chien allongé. On peut lire "crack"

Moins de douleurs, plus de mouvements : comment l’ostéopathie peut-elle aussi soulager nos animaux ?

La rédaction

Publié le

L’ostéopathie n’est pas faite que pour les humains ! Cette discipline qui prend en compte le corps dans sa globalité permet de soulager de nombreux maux du quotidien. Le Dr Christophe Pflieger, vétérinaire et ostéopathe pour animaux en Alsace, a accepté de nous en dire un peu plus.

L’ostéopathie pour les animaux est-elle différente de celle des humains ?

Non, l’ostéopathie pour les humains et pour les animaux se rejoignent beaucoup. Les principes sont les mêmes. L’ostéopathie c’est l’étude de l’être vivant et de ses mouvements, or que ce soit un humain ou un animal, il y a du mouvement.

Quels sont les types d’ostéopathie utilisés pour les animaux ?

Comme en humaine, il existe différents types d’ostéopathie : viscérale, énergétique, squelettique (qui nécessite de nombreuses manipulations) et fasciale.

L’ostéopathie classique va consister à mesurer le mouvement respiratoire primaire (MRP) de l’organisme. Cela n’a rien à voir avec la respiration, il s’agit globalement de la contraction des os du crâne qui entraîne des compressions du liquide céphalo rachidien qui vont se propager le long de la dure-mère (méninge), du haut du crâne jusqu’au bout de la queue.

Avec un peu d’expérience, en mettant la main sur la colonne de l’animal, on arrive à sentir ce MRP qui donne l’impression d’une vague avec une certaine amplitude et une fréquence. À l’endroit où la vague va s’interrompre, va correspondre une lésion. En ostéopathie, on va d'ailleurs plutôt parler de restriction de mouvements que de lésion. On va donc essayer de relancer la transmission de cette vague de manière à traiter le côté énergétique de l’individu.

Pour ma part, j’utilise les différents types d’ostéopathie. Quand je reçois un chien, je vais rechercher ce fameux MRP. L’absence de vague et donc la restriction de mouvement vont m’indiquer là où ça ne va pas (cervicale, bassin, épaule, etc.).

Une fois ces énergies relancées, on peut commencer l’ostéopathie fasciale. Elle consiste à suivre les mouvements des fascias musculaires et tendineux.

Quand tout est relâché, on peut plus facilement remettre en position l’animal avec une ostéopathie structurelle afin de retrouver un mouvement global.

Crédits photo : Burdun Iliya / Shutterstock

Comment avez-vous été formé ?

Je suis vétérinaire depuis 30 ans et j’ai toujours fait beaucoup d’orthopédie et de chirurgie articulaire. J’ai souvent été avec le Dr Dominique Grandjean sur les courses de chien de traîneau. Dans ces compétitions, dès que l’animal reçoit un traitement, le chien n’a plus le droit de courir, car il y a une politique de zéro dopage afin de protéger au maximum le chien.

On s’est donc mis à masser les chiens et on s’est aperçu qu’ils étaient soulagés.

J’ai commencé à faire de l’ostéopathie pour remettre un peu les articulations en place et retrouver un mouvement normal. Mais au départ, je pensais que l’ostéopathie ça n’était que du structurel, qu’on ne faisait que des mouvements. J’ai donc appris par la suite, qu’il y avait aussi la partie énergétique, la fasciale et que la structurelle était une infime partie de l’ostéopathie.

Pour ça, j’ai suivi un DIE (diplôme interécole d’ostéopathie vétérinaire) sur 3 ans.

Comment les animaux réagissent-ils au cours des séances ?

L’ostéopathie nécessite d’être en symbiose avec l’animal. Il faut absolument être connectée sinon on ne pourra rien faire.

Un chien qui est agressif et qui n’a absolument pas envie de se faire manipuler, ça n’est pas la peine d’essayer. Il faut rentrer en interaction avec l’animal et cela nécessite parfois de demander au propriétaire de sortir afin de ne pas interférer dans la concentration du chien.

On laisse le choix aux gens bien sûr, mais globalement l’animal sera toujours plus réceptif s’il est tout seul avec son ostéopathe.

En ostéopathie, il faut y aller en douceur, il y a une sorte de détente qui doit se créer. Il faut qu’il y ait un feeling et cela peut prendre du temps, notamment chez les chats. Au début ils sont assez méfiants, ils ne savent pas trop ce qu’il se passe. Il faut vraiment prendre le temps. Quand ils ont eu plusieurs séances, ils savent ce que c’est et se laissent faire. L’apprentissage chez l’animal est très rapide.

Quand on rentre dans le MRP, on rentre dans le mouvement de l’organisme et les chats comme les chiens ont tendance à s’endormir un peu. Il y a un relâchement complet de l’animal, il reste très calme. Les chats souvent se couchent, se laissent aller et se mettent même parfois à ronronner.

Crédits photo : Ekaterina Kuzovkova / Shutterstock

Avez-vous une méthodologie particulière lorsque vous rencontrez un animal pour la première fois ?

Oui. La première séance est vraiment très importante, car c’est là où l’animal commence à vous faire confiance et c’est là où on arrive à faire des choses.

Mais je reste tout de même vétérinaire avant tout, donc je dois faire un examen clinique de l’animal. Je vais regarder s’il boite par exemple. Je fais un recueil des commémoratifs auprès du propriétaire pour savoir pourquoi il amène son animal et quels sont ses antécédents.

Une fois que le diagnostic clinique est posé, on essaie d’abord d’améliorer l’animal avec de l’ostéopathie. Cela permet d’avoir moins de médicaments et d’aller mieux. C’est une prise en charge différente de celle que l’on apprend à l’école vétérinaire, qui consistait, elle, à faire une simple injection d’anti-inflammatoire.

Cependant, s’il y a une douleur aiguë, on peut donner des anti-inflammatoires, mais avec l’ostéopathie cela permet d’éviter d’avoir un traitement à long terme.

Combien de temps dure une séance d’ostéopathie pour un chien ou un chat ?

Une séance dure environ 30 minutes. On voit généralement les animaux tous les 6 mois.

Comment soulagez-vous les problèmes ostéoarticulaires comme l’arthrose ?

Tout dépend. S’il s’agit d’une crise arthrosique qui apparaît après un effort important, comme une balade, alors on fait un traitement anti-inflammatoire pour que l’animal récupère rapidement. Après, on entretient le chien.

On explique aux gens que l’arthrose est un phénomène dégénératif lié à l’absence de mouvements. Car ce qui est important, c’est le mouvement de pompe qui permet que la synovie (liquide articulaire) rentre dans le cartilage. S’il y a un arrêt de cet effet de pompe, le cartilage n’est plus nourri correctement et se dégrade encore plus. C’est le début du cercle vicieux de l’arthrose.

Dans un premier temps, les anti-inflammatoires permettent de diminuer la douleur. C’est important, car l’animal a mémorisé qu’à partir d’une certaine amplitude, il va avoir mal. Il va donc toujours être en dessous de cette amplitude. Ensuite, une fois la douleur diminuée, l’ostéopathie va permettre par manipulation de retrouver de l’amplitude. L’ostéopathie va aussi permettre de rééquilibrer l’animal, car quand il souffre, il compense avec ses autres membres.

Parfois, on va aussi conseiller de l’hydrothérapie pour que l’animal retrouve un mouvement sans avoir à porter le poids de son corps. Le but est qu’il récupère une amplitude importante et physiologique.

Faut-il plusieurs séances pour soulager un animal ?

Cela dépend. Certains chiens sont complètement bloqués et on ne peut pas tout résoudre en une seule séance. Dans ce cas on fait deux séances à un mois d’intervalle.

On débloque la plus grosse partie au cours de la première séance et on peut affiner le diagnostic et s’améliorer au fur et à mesure. Car finalement, à force de lever les restrictions des mouvements à droite et à gauche, on va réussir à délimiter les endroits précis qui sont souvent l’origine du problème.

On peut améliorer l’animal en faisant un nombre de séances assez régulières.

Crédits photo : Jus_Ol / Shutterstock

Comment sont les animaux après une séance d’ostéopathie ?

Les animaux sont généralement extrêmement fatigués. On demande aux propriétaires de limiter les mouvements pendant 48h. Ensuite, on fait une reprise progressive de l’activité

Voyez-vous plus de chiens que de chats en consultation ?

Oui je vois plus de chiens que de chats, mais cela s’explique surtout du fait que je ne m’occupais que des chiens au départ. Mais finalement on s’aperçoit que les chats sont aussi très réceptifs, donc cela se développe de plus en plus.

Le problème est que l’on sous-estime beaucoup l’arthrose chez le chat. Ils la vivent différemment, mieux ou en tout cas, ils l’expriment moins. Pourtant on s’aperçoit que les chats sont aussi arthrosiques. Ils peuvent être limités dans leurs mouvements, l’ostéopathie peut donc leur faire beaucoup de bien.

Mais il faut être beaucoup plus patients avec les chats. Une fois qu’il y a une relation avec son thérapeute, ça se passe de mieux en mieux.  

Quel est l’effet de l’ostéopathie sur l’arthrose ?

C’est surtout sur la récupération du mouvement. En levant les restrictions qui empêchent le mouvement, on obtient un meilleur afflux vasculaire, on lève les douleurs et les spasmes musculaires. La douleur disparaît et il y a une récupération du mouvement.

En ostéopathie c’est parfois comme en acupuncture, il y a des trigger points. Ce sont des points où sont focalisées des douleurs et les restrictions de mouvements. Tous ces points sont désormais cartographiés. On peut donc faire des actions très localisées au niveau de ces points douloureux en levant les spasmes. Cela permet de soulager la douleur et que l’animal reprenne le mouvement.

À lire aussi : Arthrose du chat : comment prévenir l’apparition de la maladie ?

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