Karina se confie à la rédaction de Wamiz et nous raconte son métier avec les chiens.
Comment avez-vous décidé de devenir dresseuse de chiens pour le cinéma?
Je suis passionnée par les chiens depuis mon plus jeune âge et j’ai toujours rêvé de travailler à leur contact. Il m’a fallu attendre l’âge de 30 ans pour quitter l’univers de la communication dans lequel je travaillais et me lancer pour réaliser mon rêve d’enfant.
J’ai commencé par créer ma société de services dont le but était de combattre l’obésité et les troubles du comportement dont souffrent de nombreux chiens citadins. Au programme : 1h30 de footing en forêt ! Puis, le hasard de la vie m’a fait croiser la route d’une dresseuse animalière. C’est comme ça que tout a commencé…
Combien de chien avez-vous?
Alors, pendant longtemps j’ai eu 3 chiens. Puis un 4ème est venu agrandir la famille il y a un peu plus d’un an.
Pouvez-vous nous les présenter?
Il y a Cheeky, une Parson Russell de 12 ans. C’est une chienne hors-norme, bluffante par sa personnalité, son intelligence et avec laquelle j’ai pu vivre des expériences inoubliables, aussi bien personnellement que professionnellement.
Puis, il y a Jack dit « Jacko », un Parson Russell de 11 ans. C’est un chien monté sur ressorts, impressionnant par son corps d’athlète et ses capacités physiques.
Ensuite, il y a Gretchen, une petite Teckel chocolat à poil dur de 9 ans. Elle est coquine, espiègle, cabocharde, je dis souvent que cette chienne est « un gag sur pattes » !
Et enfin Toutoune, une Teckel toute grise, qui va tranquillement sur ses 15 ans. Elle est arrivée chez moi il y a un an suite au décès de ses propriétaires. Elle m’émeut beaucoup par son courage et sa persévérance. Quand elle est arrivée, elle était dans un état d’obésité alarmant. Maintenant, c’est une chienne âgée mais qui revit, qui rajeunit (tout le monde le dit !). Elle a beaucoup minci, elle joue, elle court, elle se roule sur le dos, des choses qu’elle était incapable de faire auparavant.
Pour moi, c’est la plus formidable des récompenses !
"C'est très touchant l'accueil réservé à un animal sur un tournage, il est très attendu souvent bien plus que la vedette elle-même"
Travaillez-vous uniquement avec vos chiens?
Non, j’ai beaucoup travaillé avec eux, notamment avec Cheeky qui adore évoluer sur un tournage. Un plateau c’est une cour de récréation pour elle ! Elle y remplit des missions, découvre des endroits et des gens différents, s’amuse, reçoit des caresses, des friandises. C’est plutôt une belle vie ! C’est très touchant l’accueil réservé à un animal sur un tournage, il est très attendu, souvent même bien plus que la vedette humaine !
En dehors de mes chiens, je travaille avec beaucoup de chiens très différents, mais dont je ne suis pas la propriétaire. Ça peut aller du Chihuahua de 2 kg au Saint-Bernard de 70 kg, en passant par le Bouledogue, le Corgi, le Dalmatien, le Braque, le Berger Australien, etc. Et aussi des chiens croisés.
C’est passionnant de pouvoir travailler avec autant de races différentes, avec chacun leur personnalité, leur façon d’apprendre. Je les connais tous par cœur et souvent d’une manière très différente de leur propriétaire.
"Je ne forme pas des chiens de cirque, mais des chiens capables de reproduire des comportements naturels de chiens"
Comment les préparez-vous pour un rôle ?
Tous les chiens ne sont pas faits pour ce métier. Il faut tout d’abord que le chien soit bien dans ses pattes et très sociable. Ensuite, je vais m’attarder sur sa personnalité, son tempérament, est-ce qu’il aime apprendre, est-ce qu’il prend plaisir à répéter des actions et à être récompensé pour le faire ?
S’il remplit tous ces critères (et avec l’accord de son propriétaire !) je commence à le « former » en lui apprenant des ordres de base (s’il ne les connaît pas), puis des actions plus complexes, comme : aboyer sur commande, se gratter, tenir un objet dans la gueule, sauter à un endroit précis, etc.
Je ne forme pas des chiens de cirque, mais des chiens capables de reproduire des comportements naturels de chiens dans un cadre donné et à un moment donné, ce qui n’est pas toujours simple.
Quels sont vos meilleurs souvenirs de tournage avec un chien ?
J’ai tellement de souvenirs incroyables avec mes petits acteurs canins ! Chaque tournage est une véritable aventure. Je garde un souvenir particulier de l’opéra fait avec ma chienne Cheeky. Un chien qui « chante » sur scène, un public qui se lève pour applaudir la prestation canine, une tournée européenne, il fallait oser !
Je me souviens aussi de ce tournage en haute montagne avec Faa’Noosh, une magnifique Saint-Bernard de 70 kg. Un chauffeur nous emmenait tous les matins en motoneige sur le lieu du tournage. Faa’Noosh assise devant moi, tandis que je me cramponnais à elle sous les yeux hébétés des touristes !
Et aussi, ce tournage mémorable en Tunisie, avec Cheeky évidemment ! C’est le premier chien à figurer dans une publicité tunisienne. Un honneur !
Enfin, ce plaisir absolu à chaque fois que je partage le résultat vidéo avec le propriétaire du chien que j’ai fait tourner. Je peux lire et voir cette joie et cette fierté dans les yeux de chacun. Une pensée enfin pour Gaston, un petit bouledogue qui nous a quittés de façon très soudaine, mais que l’on peut toujours voir ces jours-ci dans un spot TV… Il n’est plus, mais son talent est passé à la postérité.
Une fois le tournage fini, quelle est la vie d’un chien vedette de cinéma ?
Une vie de chien, faite de promenades, de rencontres avec ses congénères, de jeux, de câlins, de bonnes choses à manger et de siestes aussi !
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Eva Morand
