Mégaœsophage chez le chien : causes, symptômes et traitements

Un chiot qui ne grandit pas bien ? Qui rejette fréquemment ses repas ? Ce petit animal souffre peut-être d’un mégaœsophage du chien, une maladie peu connue. Eclairage…

Qu’est-ce que le mégaœsophage du chien ?

L’œsophage fait partie du tube digestif ; il est constitué d’une sorte de tuyau reliant la gorge à l’estomac. Après déglutition, l’eau et les aliments transitent par ce tuyau pour rejoindre l’estomac puis les intestins afin d’être digérés. Lors de cette progression, l’œsophage se dilate fortement et se contracte pour faciliter la progression des aliments.

Le mégaœsophage (de méga qui signifie grand en grec) est une dilatation anormale, localisée ou généralisée, de l’œsophage. Ce dernier ne peut alors plus jouer son rôle et les aliments stagnent dans le tuyau au lieu de rejoindre l’estomac.

Quelles sont les causes du mégaœsophage ?

De nombreuses pathologies peuvent entraîner un mégaœsophage. On dénombre des causes :

• Inflammatoires (œsophagite, hernie hiatale)
• Musculaires ou neuromusculaires (Myasthénie, botulisme, tétanos, polymyosite…)
• Nerveuses (Dysautonomie…)
• Tumorale
• Dysimmunitaires (Lupus)
• Hormonales (Hypothyroïdie, hypoadrénocorticisme)
• Toxiques (Saturnisme ou intoxication au plomb)
• Génétiques (confirmées chez Le Fox Terrier et le Schnauzer nain)

Dans un cas sur 2 aucune cause spécifique n’est décelée (le mégaœsophage est dit idiopathique). Les labradors et Bergers allemands semblent prédisposés à cette maladie.

Parfois, l’affection peut être consécutive à une obstruction de l’œsophage par un corps étranger ou une tumeur.

Lors de mégaoesophage congénital (présent depuis la naissance), les symptômes apparaissent souvent chez le chiot au moment du passage à l’alimentation solide.

Quels sont les signes du mégaœsophage ?

Le symptôme principal est la régurgitation : il s’agit de l’expulsion, facile, des liquides et aliments stagnant dans l’œsophage. La régurgitation est un phénomène passif qui ne doit pas être confondu avec des vomissements. Ceux-ci sont généralement plus violents, s’accompagnant de fortes contractions abdominales. Ils sont actifs.

Parmi les autres signes cliniques, on trouve la salivation excessive et la mauvaise haleine (en raison de la putréfaction de la nourriture contenue dans l’œsophage). Attention cependant, tout chien ayant une haleine nauséabonde ne souffre pas forcément d’un mégaœsophage : la cause principale de ce désagrément est la présence de tartre !

Un amaigrissement est également possible. Chez le chiot, on constate un retard de croissance.

Quelle complication possible ?

La complication la plus fréquente est la bronchopneumonie par aspiration : lors des régurgitations, un peu d’aliment peut passer dans la trachée puis dans les poumons entraînant une infection. Le chien présente alors de la toux, des difficultés respiratoires et de la fièvre. Son pronostic vital peut être engagé.

Quel est le diagnostic de cette affection ?

Les symptômes vont orienter le vétérinaire qui pratiquera ensuite une radiographie. La présence de la dilatation est généralement confirmée par la mise en évidence de liquides, de solides ou d’air anormale dans l’œsophage. En cas de doute, on peut faire avaler un produit radio-opaque à l’animal et refaire des clichés ; le mégaœsophage apparait en blanc sur la radio.

La cause peut ensuite être recherchée par différents examens complémentaires (bilan sanguin, endoscopie, examen électrodiagnostique…).

Quels traitements pour le mégaœsophage canin ?

Lorsqu’une cause précise a été détectée, son traitement peut permettre la résolution de la dilatation et un retour à la normale. Une sonde gastrique pour permettre l’alimentation du malade peut être envisagée en attendant la guérison.

Par exemple, le mégaœsophage liée à une myasthénie grave (faiblesse musculaire) localisée à l’œsophage peut être soigné par l’apport d’anti-cholinestérases ou de corticoïdes en fonction de son origine.

Dans les autres cas, il n’existe pas de médicaments ou de chirurgie spécifiques et le pronostic est plutôt sombre en raison de la difficulté pour ces animaux à se nourrir et du risque de bronchopneumonie grave.

En cas de mégaœsophage, la principale mesure consiste à nourrir l’animal en position verticale (assis avec un bol surélevé ou installé dans un siège bébé) et de le laisser ainsi pendant 20 minutes. Les repas en petite quantité doivent être distribués 4 à 6 fois par jour. Ainsi la nourriture gagne l’estomac par gravité et les régurgitations sont limitées. Ce procédé est évidemment très contraignant pour les chiens et leurs humains.

Les bronchopneumonies par aspiration sont traitées à l’aide d’antibiotiques.

Le mégaœsophage du chien est une pathologie rare, aux causes multiples. Sa gestion peut s’avérer compliquée sur le long terme. De plus, la survenue fréquente de pneumonies assombrit le pronostic de cette maladie.