Un chien qui présente des « absences « ? Voit des choses que personne ne voit ? Tourne autour de sa queue jusqu’à ce que son humain l’arrête ? Mord sans raison ? Et si c’était une dissociation ou schizophrénie canine ? Tour d’horizon de cette maladie psychiatrique du chien.
Qu’est-ce que le syndrome dissociatif chez le chien ?
Il s’agit d’un trouble psychiatrique se traduisant par une perte de contact du chien avec la réalité. En cela, il peut être comparée à la schizophrénie chez l’humain. Le mot « schizophrénie » provient du grec « schizo » qui signifie séparé, et de « phrên » qui veut dire esprit. Cette maladie humaine touche environ 600 000 personnes en France et apparaît vers l’adolescence. Elle se traduit par des idées délirantes ou hallucinations, mais aussi un possible repli sur soi et une pensée confuse.
Chez le chien, le syndrome dissociatif est rare. Certaines races semblent prédisposées comme le Bull Terrier ou le Berger Allemand.
Les chiens sont aussi susceptibles de développer une affection psychiatrique rappelant les troubles bipolaires de l’humain : la dysthymie.
Quels sont les symptômes de la schizophrénie chez le chien ?
La maladie apparaît chez le jeune adulte. Elle se manifeste par des comportements étranges, voire des agressions lors desquels le chien semble « dans un autre monde ».
Les principaux signes sont des :
- Stéréotypies : tournis avec agression de la queue, succions des flancs
- Hallucinations : gobage de mouches imaginaires
- Agressions brutales et sans raison
Les stéréotypies sont des comportements anormaux sans signal d’arrêt ; le chien va effectuer l’action sans s’arrêter spontanément. Dans le tournis avec attaque de la queue, cela peut aller jusqu’à l’auto-mutilation. Dans le cas des morsures, les propriétaires décrivent un chien « comme fou » totalement déconnecté de la réalité, et, donc, particulièrement dangereux.
La maladie évolue par crises en dehors desquelles le chien se révèle tout à fait normal.
L’origine du syndrome dissociatif du chien est encore mal connue. On suspecte une origine génétique.
Comment diagnostiquer cette maladie canine ?
Le diagnostic de la schizophrénie canine est posé par un vétérinaire spécialisé en comportement sur la base des symptômes. Il peut se révéler judicieux d’amener en consultation des vidéos du chien en crise. Un scanner ou IRM cérébral peut mettre en évidence une malformation du cerveau (dilatation uni ou bilatérale des ventricules latéraux).
D’autres maladies présentant des signes cliniques proches doivent être exclues : épilepsie, tumeur cérébrale, hypothyroïdie, activité substitutive liée à de l’anxiété, tout autre type d’agressions lors des morsures… La dysthymie, autre maladie psychiatrique du chien, se caractérise par des phases d’agitation extrême, parfois avec agressions, alternant avec des phases normales ou de dépression.
Attention, tout chien qui tourne après sa queue n’est pas schizophrène ! C’est l’ampleur et la répétition des crises qui orientent vers ce diagnostic. Les stéréotypies peuvent par exemple durer plusieurs heures.
Quel est le traitement du syndrome dissociatif du chien ?
Il fait appel à des médicaments neuroleptiques puissants utilisés en médecine humaine comme la risperdone. Ces molécules permettent généralement de stopper ou diminuer les crises. Le traitement doit être donné régulièrement et à vie. Cependant certains chiens ne sont pas améliorés du tout par ces psychotropes.
Le pronostic est variable en fonction de cette réponse aux médicaments, du trouble présenté et du gabarit du chien. Un Cavalier King Charles qui gobent des mouches imaginaires sera plus facile à gérer qu’un Berger Allemand qui présente des séances d’agression. La dangerosité de l’animal devra être évaluée au cas par cas et en fonction de la composition du foyer (présence de jeunes enfants par exemple).
Etant donné qu’il s’agit d’une maladie psychiatrique, les thérapies comportementales sont ici inutiles. Il est cependant conseillé d’offrir au chien un milieu de vie calme et stable.
Le syndrome dissociatif du chien, proche de la schizophrénie, n’a pas encore livré tous ses secrets. Une prise en charge médicamenteuse est indispensable et permet bien souvent de rendre une qualité de vie correcte au chien et à ses humains.