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Visuel coloré avec une main qui verse des croquettes dans une gamelle
© smrm1977 / Shutterstock; Charlotte Devaux

Surpoids, obésité et arthrose du chien et du chat : une nutritionniste nous donne tous ses conseils

Par Victor Pradel Journaliste

mis à jour le

Quelle que soit la spécialité vétérinaire, les professionnels sont unanimes, la nutrition et le maintien d’un poids idéal sont essentiels pour prévenir et limiter les problèmes de santé des animaux domestiques.

Nos compagnons à quatre pattes font partie intégrante de nos vies et sont même considérés comme des membres de la famille. Un statut qui leur vaut parfois un style de vie et un régime alimentaire inappropriés à l’égard de leurs besoins. Du surpoids voire de l’obésité peuvent apparaître chez les animaux domestiques et leur faire perdre du poids peut vite devenir un casse-tête. Mais alors, comment peut-on éviter les problèmes de poids chez les chiens et les chats ? Quels sont les risques pour un animal en surpoids ?

La Dre Charlotte Devaux, vétérinaire nutritionniste répond à toutes nos questions.

Est-ce que les problèmes de poids sont un problème récurrent chez les animaux domestiques ces dernières années ?

Dans les dernières études, 30 % à 40 % des animaux domestiques sont en surpoids ou obèses. Ce chiffre peut légèrement varier selon les études, mais ça représente globalement un tiers des animaux.

Les données de Banfield aux USA, entre 2008 et 2018 montrent qu’en 10 ans il y a eu + 169 % de chats et plus de + 158 % de chiens obèses. C’est une tendance préoccupante.

Quelles sont les raisons de cette tendance au surpoids ?

Les causes majeures du surpoids sont : la stérilisation, car cela diminue les besoins énergétiques de l’animal, et la sédentarité.

Avant, le chien d’utilité était toujours dehors et était donc toujours actif. Un chien actif pour une nutritionniste, c’est un chien qui va être baladé (au total) 1h sans laisse par jour. Avec cette définition, les chiens parisiens sont tous sédentaires et devraient recevoir moins de calories qu’un chien campagnard actif !

Le surpoids et l’obésité touchent-ils indifféremment les chiens et les chats ?

Oui, les chiens comme les chats sont concernés. Notamment les chats d’intérieur qui peuvent souffrir du manque d’activité, s’ils ont des croquettes à volonté le surpoids est presque garanti. Il est plus compliqué d’agir sur l’activité d’un chat, certains propriétaires arrivent à leur faire faire de l’agility, mais ce n’est pas courant ! On peut aussi utiliser des gamelles ludiques, à la fois pour réduire leur prise alimentaire et pour les faire bouger un peu.

Les propriétaires sont-ils conscients des problèmes de poids de leur animal ou viennent-ils en majorité orientés par leur vétérinaire ?

Les gens ne sont pas du tout conscients des problèmes de poids de leur animal. De nombreuses études montrent que la première composante de l’obésité c’est le déni des propriétaires.

Un propriétaire ne peut pas voir que son animal est trop gros, car il aime son animal. Certaines études montrent d’ailleurs que moins le propriétaire est conscient du surpoids de son animal, plus il est gros.

Les gens ne veulent pas voir que leur animal est en surpoids, certains prétendent que « plus il y a de chair plus ils aiment ça ». L’animal est souvent perçu comme un doudou et on attend rarement d’une peluche qu’elle soit mince.

Parfois quand l’animal est mince, les gens viennent en consultation en me disant que leur animal est trop maigre. Nous n’avons plus l’habitude de voir un chien ou un chat normal, même dans les dessins-animés ou les publicités, les animaux représentés sont en surpoids.

Ce que certains propriétaires ne comprennent pas c’est qu’il ne s’agit pas d’un problème esthétique, le surpoids va générer des problèmes de santé et affecter aussi le bien-être de leur animal et réduire son espérance de vie.

Crédits photo : Nick Chase 68 / Shutterstock

Quelles sont les maladies qui peuvent être aggravées par un surpoids ?

Il y en a beaucoup, mais pour simplifier, chez le chat, cela provoque du diabète et des problèmes urinaires, et chez le chien de l’arthrose.

Après, pour le chien comme pour le chat, le surpoids aggrave les problèmes cardiaques.

>> Le chat et l'arthrose : découvrez notre dossier spécial

Prenons l’exemple de l’arthrose, en quoi est-elle impactée par la nutrition ? Comment la soulager grâce à la nutrition ?  

Il y a deux aspects, le premier c’est le poids. Il y a des chiens qui ne boitent plus dès lors qu’ils ont maigri. Donc, avoir un animal le plus mince possible est une composante majeure dans la gestion de l’arthrose. Dans certains cas cela peut même éviter une chirurgie.

La deuxième composante est la présence de tissu graisseux qui est un tissu pro-inflammatoire, c’est-à-dire, qui entretient l’inflammation. Quand un animal a de l’arthrose, on lui donne des anti-inflammatoires. En le faisant maigrir, on diminue ce qui est pro-inflammatoire dans le corps et cela peut parfois suffire. Certes, les lésions seront toujours là mais l’animal ira mieux, car cela va diminuer les manifestations douloureuses de l’arthrose.

La première des choses est donc d’avoir l’animal le plus léger possible en l’amenant à son poids de forme. Ensuite, la deuxième prise en charge (et qui a vraiment prouvé son efficacité) ce sont les omégas-3, mais à des doses très importantes. Pour arriver à ces doses, on utilise les aliments très enrichis en oméga-3 (aliment à objectif nutritionnel particulier pour le traitement de l’arthrose) qui sont beaucoup plus simples à donner pour le propriétaire qu’une dizaine de capsules par jour.

C’est très efficace. D’ailleurs ce type d’aliments proposent généralement le service « satisfait ou remboursé », l’efficacité sur la qualité de vie de l’animal est presque garantie. 

Crédits photo : VK Studio / Shutterstock

Quels sont les conseils généraux que vous donnez aux personnes dont l’animal souffre d’arthrose ?

Tout d’abord, ramener l’animal à son poids de forme puis maintenir le plus possible une activité qui soit tolérée par l’animal.

J’explique au propriétaire que le cartilage est nourri par le liquide articulaire et non pas par le sang et pour que le liquide articulaire rentre dans l’articulation, il faut qu’il y ait une pression et donc qu’elle bouge. Une articulation qui ne bouge pas c’est une articulation qui n’est pas nourrie et c’est le début d’un cercle vicieux.

Il faut vraiment que l’animal bouge, quitte à le mettre sous anti-inflammatoire pour l’aider à se mouvoir. Dans l’idéal, si l’animal l’apprécie, je leur dis de le faire le nager, car c’est une activité qui n’induit pas de traumatismes pour les articulations. Ensuite, j’évoque avec eux la prise en charge alimentaire avec le recours à un aliment enrichi en oméga-3.

Pour terminer je leur parle de toutes les solutions alternatives comme : le laser, l’acupuncture, l’ostéopathie, la phytothérapie… Et si ça ne suffit pas on donne des anti-inflammatoires ou même de la morphine ou toute autre prise en charge médicamenteuse pour l’aider à bouger. Cela évite de rentrer dans le cercle vicieux de l’animal qui ne bouge plus, qui se démuscle, des articulations qui ne sont plus nourries et de la prise de poids.

J’explique aux propriétaires que ce n’est pas parce qu’un animal est âgé qu’il est normal qu’il boite ou qu’il ait des difficultés à se lever.

>> Découvrez notre grand dossier sur l'arthrose du chien

Est-ce que cela signifie que les à-côtés sont à proscrire ?

Tout dépend de l’animal. S’il est mince je leur dis qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Quand les gens arrivent avec un animal mince et musclé, je me fiche qu’il ait des à-côtés tant que le résultat est là.

Tant que l’animal est mince et musclé, il n’y a pas de raison de changer les habitudes alimentaires, on ne change pas une équipe qui gagne !

Par contre, si l’animal est en surpoids, je les amène à constater que ce qu’ils font ne convient pas et que l’on doit essayer autre chose, comme troquer le morceau de croissant contre des fruits, par exemple. Je ne dis jamais aux gens « ne donnez pas d’à-côtés », car s’ils le font c’est que c’est une composante essentielle de la relation avec leur animal. Je les redirige juste vers des à-côtés plus sains et en limite la quantité à 10 % des calories ingérées par jour par l’animal.

Quels sont les bons gestes à adopter dès le plus jeune âge de l’animal pour éviter les problèmes de poids ?

Le chirurgien orthopédique de la clinique ou je travaille dit que pour les chiens qui sont prédisposés à la dysplasie de la hanche (qui provoque de l’arthrose), il est important de limiter les exercices traumatiques pendant la croissance. Les activités sur le plat sont à privilégier, car elles sont protectrices contrairement aux montées et aux descentes. Mais ce conseil est compliqué à appliquer quand on habite à la montagne comme c’est le cas de notre clientèle.

Il est aussi important d’éviter que l’animal grandisse trop vite, car on fait rarement les choses bien quand on les fait trop vite. La sur-nutrition du chiot est un facteur de risque de problèmes orthopédiques.

En le nourrissant moins, le chiot atteindra quand même sa taille adulte, mais s’évitera de nombreux problèmes de santé.

Je conseille à tous nos clients de suivre la croissance de leur chien sur les dernières courbes publiées par Waltham pour bien suivre leur évolution et s’assurer que leur chiot ne grandit ni trop ni pas assez vite.

À lire aussi : Arthrose du chat : comment savoir s’il souffre ?

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