De nombreux propriétaire d’animaux de compagnie essaient de prendre exemple sur la Nature pour nourrir leurs animaux de compagnie. Mais est-ce vraiment une bonne idée ?
La Nature n’est pas le jardin d’Eden
Dans ce beau monde qu’est la Nature, la finalité est la transmission de son patrimoine génétique. Survivre juste assez longtemps pour se reproduire, au moins une fois, plus si l’on est chanceux ou résistant.
Un jour que je présentais les carences du régime BARF et notamment la carence en iode, on m’a demandé « mais dans la Nature comment font les animaux pour couvrir leur besoin en Iode ? »
Et bien ils ne le couvrent pas. Parce que dans la Nature les animaux sont carencés. D’ailleurs ils sont moches, ont un vilain poil, sentent mauvais et n’ont pas les dents blanches.
Avez-vous déjà vu un chat vivant à l’état sauvage ? Moi oui. Et je vous assure qu’entre ses abcès, ses probables infections par le FIV et/ou la leucose, sa maigreur, ses puces, ses vers, sa gale d’oreille et son vilain poil, je n’ai pas spécialement envie qu’il finisse sur mon canapé.
Car la Nature ce n’est pas le lit de pétale de rose que l’on imagine. La Nature c’est violent, c’est cruel et pestilentiel.
Ce que je veux pour mon animal de compagnie, particulièrement s’il dort sur mon canapé, c’est qu’il vive longtemps, en bonne santé, qu’il ait le poil doux et qu’il ne sente pas trop mauvais. Tout ce qui n’entre pas dans les préoccupations de la Nature (si elle en avait).
Il n’y a pas de chien dans la Nature
Vouloir se baser sur un modèle naturel n’est pas seulement incompatible avec ce que l’on souhaite en tant que propriétaire : c’est surtout totalement fallacieux lorsque l’on parle du chien.
Je n’ai pour ma part jamais croisé de Bouledogue français ou de Chihuahua sauvage en allant me promener en forêt, pour la simple et bonne raison que le chien, Canis lupus familiaris, n’existe pas dans la Nature.
L’espèce canine a été créée de toute pièce par la sélection humaine par croisements consanguins, rien de moins naturel.
Vouloir se baser sur le modèle du loup pour nourrir un chien revient à se baser sur celui du singe pour nourrir des humains. Cela n’a aucune pertinence scientifique.
Le loup et le chien ont passé 15 000 ans à évoluer différemment chacun de leur côté depuis leur ancêtre commun pour s’adapter à leurs milieux respectifs. Et il s’en passe des choses en 15 000 ans !
Il a par exemple été prouvé que le chien a développé des gènes pour digérer l’amidon qu’il recevait par les humains. Car oui, le régime ancestral du chien était composé des restes des humains : soit des céréales et des fécès (donc des crottes, oui). C’est d’ailleurs toujours le régime des chiens errants dans certaines régions du Globe, alors on retourne au bon vieux temps ou pas ?
La Nature n’existe plus
Les partisans du naturel sont souvent partisans de l’alimentation crue. Mais la viande d’animaux issus de siècles de sélection artificielle intensive peut-elle être considérée comme naturelle ?
Dans la Nature, il n’y a pas d’abattoir, pas de chaine du froid, pas de filet de viande et pas de gamelle.
Dans la Nature, il n’y a pas d’hôpitaux pour soigner les personnes atteintes de salmonellose.
Dans la Nature, quand on a mangé un produit contaminé, on a beaucoup de chances de mourir (allez voir Into the Wild pour vous convaincre).
Heureusement, depuis bien longtemps, nous ne vivons plus dans la Nature : nous avons inventé la cuisson, les races de chien, les antibiotiques et la Science.
C’est elle qui nous a permis d’avoir des animaux soyeux vivant longtemps en pleine santé sur notre canapé.
Alors cessons d’idéaliser la Nature et écoutons ce que la Science a à nous dire !
Charlotte Devaux
Dre vétérinaire et rédactrice web pour Wamiz
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