Un chien qui refuse de rentrer chez le vétérinaire au risque de casser son collier ? Qui s’enfuit ou au contraire devient agressif lorsqu’il croise des hommes (et pas des femmes) ? Un animal terrorisé par l’aspirateur ? Le chien phobique va déclencher des manifestations de peu intense face à des stimuli pourtant habituels. La phobie du chien est un état de peur pathologique qu’il est important de reconnaître pour pouvoir la traiter rapidement.
Comment se manifeste une phobie chez le chien ?
Une phobie se définit comme une peur excessive face à une situation objectivement non dangereuse. Les phobies sont courantes chez les humains : claustrophobie (peur des lieux fermés), agoraphobie (peur de la foule), arachnophobie (peur des araignées), voire émétophobie (peur du vomi !).
Ce qu’on sait moins, c’est que cette peur pathologique peut aussi affecter nos amis chiens. Les phobies les plus fréquentes chez les canidés sont :
- Phobies des humains ou d’un certain type d’humains (par exemple les hommes ou encore les enfants)
- Phobies vis-à-vis des autres chiens ou de certaines races
- Phobies de certains animaux
- Phobies de situation (visite chez le vétérinaire, transport en voiture…)
- Phobies des bruits intenses (tonnerre, feu d’artifice, coup de feu…)
- Phobies face à un objet particulier (parapluie, caddie…)
Ces situations vont déclencher des manifestations d’anxiété et de peur facilement reconnaissables : le chien met la queue entre les jambes, s’aplatit et couche les oreilles. Ses pupilles sont dilatées. Il peut chercher à fuir ou se cacher, et parfois uriner, déféquer ou vider ses glandes anales.
Cette panique est aussi susceptible d’engendrer de l’agressivité, notamment en cas de phobies dites sociales (envers certains humains ou chiens). Les agressions par peur sont parmi les plus dangereuses car l’animal ne se contrôle pas.
Au fur et à mesure, la phobie chez le chien s’aggrave et l’animal va anticiper les situations qui l’effraient. C’est par exemple le cas du chien qui craint les coups de fusil et qui va commencer à présenter des manifestations de peur lorsque son maître s’habille pour la chasse. Ou le cas d’un chien phobique des hommes qui va attaquer tous les humains masculins qui entrent à la maison.
D’où viennent les phobies chez le chien ?
Les vétérinaires comportementalistes pensent que certaines phobies chez le chien serait un trouble de développement pendant la période de sociabilisation (environ de 1 à 4 mois). Il est probable que des facteurs génétiques favorisant l’apparition d’une anxiété entrent aussi en compte.
C’est par exemple le cas du chien qui n’a jamais vu un enfant lorsqu’il était chiot. Non socialisé à cette catégorie d’individu, l’animal peut développer de la peur qui, si elle n’est pas traitée (voire si elle est renforcée), se transforme en phobie. Lorsque le chiot a été confiné pendant les premiers mois de sa vie, il peut, à l’adoption, développer une peur généralisée de son nouvel environnement appelé syndrome de privation.
La phobie chez le chien est aussi d’origine dite traumatique, par exemple en cas de maltraitance, d’apprentissage trop sévère ou d’expérience douloureuse répétée (phobie du vétérinaire chez le chien).
Comment traiter et prévenir les phobies chez le chien ?
Pour pouvoir soigner la phobie chez le chien, il faut déjà la repérer. Ensuite, il convient d’éviter les punitions qui ne font qu’aggraver la situation.
Les phobies chez le chien ne sont pas à prendre à la légère. En effet, ces manifestations de peur exagérées peuvent présenter un danger pour l’animal lui-même ou pour son entourage.
En cas de phobie grave et ponctuelle (feu d’artifice, visite chez le vétérinaire), on peut avoir recours à un calmant qui agira quelques heures. Chez les chiens très anxieux, un traitement anxiolytique de fond peut être utile pour permettre de mettre en place une thérapie comportementale.
Cette dernière est de longue haleine et repose sur différentes techniques :
- Habituation : elle consiste à mettre le chien phobique progressivement au contact de l’objet de sa peur. Si votre toutou est phobique de l’aspirateur, vous pouvez par exemple le laisser traîner au milieu du salon sans l’actionner plusieurs jours, puis le faire marcher à bas régime sans le bouger quelques minutes, augmenter la puissance la fois d’après, puis le tirer sur quelques mètres et ainsi de suite...
- Contre-conditionnement : il s’agit de lier le stimulus anxiogène à un autre agréable. Par exemple, si votre chien est phobique des humains, vous pouvez lui offrir une friandise lorsque vous croisez une personne dans la rue. Cela permet de détourner son attention et surtout d’associer l’objet de la peur (l’humain) à quelque chose d’agréable (la friandise).
- Non renforcement des peurs : il est important de ne pas prendre votre animal dans vos bras ou de tenter de le rassurer par des paroles douces, cela ne fait qu’aggraver sa conviction qu’un grand danger plane sur lui ! Continuez plutôt à vaquer à vos occupations comme si de rien n’était (sauf si votre chien risque de se blesser ou d’agresser une personne, bien sûr).
Pour prévenir la phobie chez le chien, il importe de le mettre au contact d’un environnement riche et positif dans les premiers mois de sa vie. L’habituation peut aussi permettre d’anticiper certaines phobies, comme celle des coups de feu chez le chien de chasse auquel on fera entendre des enregistrements de plus en plus forts.
Les phobies chez le chien ne sont pas aisées à soigner, mais le jeu en vaut la chandelle pour avoir un compagnon bien dans ses baskets !
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Isabelle Vixège
Dr vétérinaire