Après 9 ans, on estime que 90 % des chiens ont des problèmes de prostate. Une pathologie qui n’est donc pas à prendre à la légère. Les symptômes peuvent être discrets dans un premier temps, puis gêner considérablement l’animal. Certains peuvent mettre la vie de votre compagnon en danger. Les signes d’une affection de la prostate chez le chien sont liés à la position anatomique et au rôle de cette glande.
Quels sont les symptômes d’une affection de la prostate du chien ?
La prostate est une glande génitale située autour de l’urètre (conduit qui draine les urines de la vessie vers l’extérieur) et sous le rectum (dernière partie de l’intestin avant l’anus, renfermant les selles prêtes à être expulsées). Elle produit le liquide séminal qui protège les spermatozoïdes produits par les testicules. En cas de maladie prostatique, la glande gonfle comprimant l’urètre et le rectum. De plus, la qualité du sperme est altérée. D’où les symptômes suivants :
- Constipation ou difficulté à déféquer
- Emission de selles plates
- Difficulté à uriner et/ou sang dans les urines en fin de miction ou en dehors des mictions
- Boiterie ou raideur de l’arrière-train
- Fièvre en cas d’infection
- Infertilité chez le chien reproducteur
Chez l’homme, la pathologie prostatique est dominée par la difficulté à uriner ; ce symptôme est moins présent chez le chien. Cela est dû au fait que le gonflement de la prostate chez l’homme se concentre autour de l’urètre alors qu’il est plus diffus chez le chien.
Quelles sont les différentes maladies de la prostate chez le chien ?
L’hyperplasie bénigne de la prostate du chien (HBP)
C’est la plus fréquente des affections de la prostate chez nos compagnons. Elle correspond à une augmentation bénigne (non cancéreuse) de la glande sous l’effet de la testostérone. Elle peut passer longtemps inaperçue. Ce gonflement du tissu prostatique peut être associé à la présence de kystes plus ou moins nombreux et volumineux.
Le vétérinaire suspectera une HBP chez un chien non castré de plus de 5 ans présentant des symptômes typiques (aussi appelés syndrome prostatique). Le diagnostic définitif est posé grâce à différents examens :
- Un toucher rectal pour évaluer la taille et la symétrie de la glande
- Une radio, ou mieux, une échographie qui permet une analyse plus fine du tissu prostatique
- Un test sanguin mesurant le taux de CPSE (Canine Prostate Specific arginine Esterase), un marqueur spécifique de l’HBP
La prostatite
Il s’agit d’une inflammation de la prostate, souvent consécutive à une infection bactérienne (bactéries remontant l’urètre). Elle peut être associée à l’HBP qui fragilise la glande. Les signes cliniques sont marqués avec abattement, fièvre et douleur. Les urines sont habituellement teintées de sang, voire purulentes.
Des abcès peuvent aussi se développer dans la prostate, notamment à partir des kystes induits par l’HBP.
Le cancer de la prostate du chien
Les tumeurs de la prostate du chien sont relativement rares. Il peut exister des tumeurs bénignes, mais la plus fréquente est une tumeur cancéreuse : l’adénocarcinome de la prostate.
Le cancer de la prostate canin apparaît en général vers l’âge de 10 ans. Les symptômes sont similaires à ceux de l’HBP dans un premier temps. Lorsque le cancer progresse, on peut aussi constater un amaigrissement, une perte d’appétit ou des signes respiratoires ou osseux (douleurs, boiteries) liées à la présence de métastases.
Le diagnostic est échographique et histologique grâce à la réalisation de biopsies, en introduisant une aiguille à travers la peau jusqu’à la prostate ou en intervenant chirurgicalement.
Certaines races comme le Bouvier Bernois, le Shetland ou le Beagle sont prédisposées au cancer de la prostate du chien.
Comment traiter et prévenir les problèmes de prostate chez le chien ?
Le traitement dépendra bien entendu de l’affection causale.
En cas d’HBP, le traitement consiste à contrecarrer l’effet de la testostérone sur la glande. On administre donc des anti-androgènes par voie orale ou on réalise une castration chimique (implant) ou chirurgicale.
La prostatite se soigne à l’aide anti-inflammatoires et d’antibiotiques.
Les kystes volumineux peuvent être ponctionnés par voie transcutanée.
Dans le cadre de l’adénocarcinome de la prostate, une chirurgie peut être envisagée. Cependant, les résultats sont inconstants. Une chimiothérapie à base de piroxicam (une anti-inflammatoire avec peu d’effets secondaires) est une alternative intéressante. Le pronostic demeure toutefois assez sombre.
La castration est un bon moyen de prévenir l’HBP. Par contre, elle n’a pas d’effet protecteur contre le cancer de la prostate du chien.
Les ennuis prostatiques ne sont pas l’apanage des humains mâles ! Si votre toutou prend de l’âge, il convient d’être attentif aux signes compatibles avec une maladie de la prostate du chien pour lui éviter certains désagréments.
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Dr Isabelle Vixège
Vétérinaire