La thromboembolie chez le chat se manifeste classiquement par l’apparition brutale d’une paralysie de l’arrière-train chez un animal d’âge moyen à âgé avec des antécédents, connus ou non, de pathologie cardiaque. Le chat, très douloureux, doit être pris en charge en urgence. Cette affection est une complication fréquente (environ 12 % des animaux) de l’insuffisance cardiaque chez les félins. Mais comment se produit-elle exactement ?
À quoi est due la thromboembolie chez le chat ?
Cette pathologie est liée à la formation d’un caillot, ou thrombus, dans le sang. Habituellement, le sang est fluide et circule librement dans les vaisseaux. Cependant, à la faveur de certaines maladies, il peut coaguler pour former un caillot plus ou moins gros.
Chez les félins, la principale cause de formation de thrombus est la cardiomyopathie du chat. Dans cette affection, certaines parties du cœur (les oreillettes) se dilatent. Le sang a alors tendance à y stagner et à coaguler. Des petits caillots se forment sur les parois des oreillettes. Quand ils se détachent et migrent, c’est la thromboembolie du chat.
Le plus souvent, le thrombus quitte le cœur par l’aorte, une grosse artère, et va se bloquer au niveau de sa bifurcation vers les 2 pattes arrière. On parle de thromboembolie aortique du chat. La circulation sanguine vers les membres postérieurs est obstruée ce qui provoque la douleur et la paralysie observées.
Le caillot peut aussi migrer vers d’autres artères et boucher des vaisseaux au niveau d’une patte avant, du cerveau ou des reins.
D’autres maladies, comme des cancers, peuvent induire une thromboembolie chez le chat, mais cette cause reste exceptionnelle. Le mécanisme de formation du thrombus serait alors plutôt d’origine inflammatoire ou la conséquence de l’invasion d’une veine par du tissu tumoral qui se détache.
Quels sont les symptômes de la thromboembolie du chat ?
Ils sont variables en fonction de la localisation du caillot sanguin. Dans la thromboembolie aortique du chat, la plus fréquente, on observe généralement :
Une boiterie ou une paralysie des 2 membres postérieurs d’apparition brutale
Une douleur intense
Une froideur et pâleur des pattes arrière (qui ne sont plus irriguées)
Une difficulté respiratoire ou dyspnée (liée à la maladie cardiaque)
Le vétérinaire pose le diagnostic grâce aux symptômes et à différents examens. Le caillot sanguin bloqué peut notamment être mis en évidence par échographie. Un bilan sanguin, une échographie cardiaque et un électrocardiogramme sont souvent pratiqués.
Comment soigner la thromboembolie chez le chat ?
La thromboembolie du chat est une urgence. Le traitement de la douleur doit être instauré le plus rapidement possible. Dans un second temps, l’animal devra être hospitalisé pour effectuer les différents examens et mettre en place un traitement spécifique. Celui-ci est basé sur différents axes :
Dissolution du caillot grâce à des médicaments anticoagulants
Traitement de l’insuffisance cardiaque (diurétiques, oxygène…)
Perfusion
Nursing (matelas chauffant, apport de nourriture…)
Le traitement chirurgical par retrait du caillot, peu concluant, a été abandonné.
On doit noter une amélioration au bout de 48 heures. Cependant, la récupération totale peut prendre plus d’un mois. Celle-ci intervient dans 30 à 80 % des cas en fonction de l’intensité des symptômes initiaux.
Comment prévenir le thromboembolie aortique du chat ?
La prévention est essentielle pour éviter cette affection douloureuse au pronostic toujours réservé. Elle passe par l’administration régulière de médicaments anticoagulants (type aspirine ou clopidrogel) qui empêche la formation du thrombus dans les oreillettes du cœur. Ce traitement doit être proposé à tous les chats ayant présenté une thromboembolie aortique féline, mais aussi à tous ceux souffrant de cardiomyopathie et dont l’échographie a révélé une dilatation atriale gauche (c’est-à-dire de l’oreillette).
La détection de la cardiomyopathie n’est cependant pas évidente, de nombreux chats étant asymptomatiques. La révélation d’une maladie cardiaque chez le chat peut passer par une auscultation du vétérinaire (présence d’un souffle cardiaque au stéthoscope) ou l’apparition de symptômes d’insuffisance cardiaque comme des difficultés respiratoires. Le diagnostic de certitude est réalisé grâce à une échographie doppler qui permet de visualiser un épaississement de la paroi des ventricules du cœur.
Pour certaines races à risque, comme les Maine Coons ou les Ragdolls, des tests génétiques permettent de détecter certaines formes héréditaires de cardiomyopathie hypertrophique du chat.
Chez un chat âgé, la cardiomyopathie peut être liée à une hyperthyroïdie féline, détectable à l’aide d’une simple prise de sang.
La thromboembolie du chat est une affection sérieuse et son traitement reste aléatoire. Sa prévention est donc primordiale en cas de cardiomyopathie féline avérée.
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Isabelle Vixège
Dr Vétérinaire