Publicité

un chien qui aboie
© Shutterstock

Morsures de chien : on fait le point avec une vétérinaire !

Par Lina Rayan

Publié le

Ces derniers jours, l’actualité a été marquée par le drame d’une jeune femme enceinte succombant à une attaque de chiens en forêt. Les décès par morsures de chiens choquent toujours, tant nous aimons ces animaux qui ont évolué à nos côtés. Faisons le point sur les cas de chiens qui mordent, pour se protéger de ce cas de figure terrible mais rarissime.

Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances exactes de la mort de cette promeneuse. Ce terrible accident nous choque par sa sauvagerie, mais aussi parce qu’il est comme un coup de poignard dans notre dos. En effet, domestiqué depuis des millénaires, le chien est notre plus fidèle compagnon ; comment expliquer que le meilleur ami de l’homme se retourne ainsi contre lui ?

Ce triste fait-divers nous rappelle que nos chiens ne sont ni des jouets, ni des machines, mais des êtres sensibles avec leurs instincts et leurs émotions. L’agressivité fait partie du schéma comportemental normal des canidés, les morsures de chiens en sont la conséquence. Mais, aussi terrible que soit cet accident, il faut garder à l’esprit qu’il reste tout à fait exceptionnel. Les décès par morsures de chien sont rarissimes.

Les morsures de chiens mortelles sont très rares

Le nombre de morsures de chien en France est estimé à 500 000 par an. Ce nombre regroupe des réalités très différentes, de la simple égratignure à la blessure plus profonde. Environ 60 000 personnes nécessiteraient une hospitalisation à la suite d’une agression canine. Les cas de décès sont quant à eux exceptionnels, de 1 à 2 par an, mais ils sont souvent très médiatisés.

Entre 2009 et 2010, l’Institut de Veille Sanitaire (INVS) en partenariat avec Zoopsy, une association de vétérinaires comportementalistes, a enquêté sur les morsures canines. Leurs recherches ont permis d’établir un « profil type » du chien mordeur. Dans 78 % des cas, il s’agissait d’un chien connu de la victime (36 % des cas, l’animal de la famille). 36 % des personnes mordues avait moins de 15 ans. On est donc très éloigné de l’attaque dont a été victime la jeune femme enceinte en forêt de Retz.

D’autre part, l’enquête a mis en évidence un nombre de décès par morsures de chien de 33 en 20 ans, soit moins de 2 agressions mortelles par an.

À titre de comparaison, les homicides font 800 morts par an dans l’Hexagone et une femme tombe sous les coups de son conjoint tous les 3 jours. Depuis le début de la saison, les accidents de chasse ont fait 5 morts par arme à feu en 3 semaines. Si on ne peut nier le phénomène des morsures de chien, ces chiffres permettent de relativiser la dangerosité de l’espèce canine...

Le chien, un loup pour l’homme 

Même si cela semble parfois difficile à croire lorsque vous observez votre fidèle compagnon jouer avec les enfants, lézarder au soleil sur la terrasse ou venir quémander des caresses, l’agressivité fait partie du comportement naturel du chien. C’est même pour cela que l’homme l’a domestiqué il y a 400 000 ans ! Parce qu’il avait besoin d’un auxiliaire pour garder sa maison, défendre son troupeau des attaques de prédateurs ou encore le seconder à la chasse.

Ne l’oublions pas, le chien a pour cousin le loup, grand chasseur. Pour le loup, l’agressivité n’est pas un défaut ; c’est ce qui lui permet de chasser, de défendre ses petits et d’assurer ainsi la perpétuation de l’espèce.

La très grande majorité des chiens n’exprime pas ou peu cette agressivité naturelle envers l’homme. L’espèce canine a en effet développé un attachement  profond envers l’espèce humaine.

Un chien ne mord pas sans raison. Il répond à des schémas comportementaux qu’il est important de connaître afin de comprendre et éviter les morsures canines.

Les différents types de morsures de chien

Les vétérinaires comportementalistes classifient les agressions canines en différents types :

  • L’agression maternelle : la chienne protège ses petits
  • L’agression territoriale : le chien défend sa maison
  • L’agression par irritation : le chien est agacé ou douloureux et veut faire cesser un comportement
  • L’agression par peur : le chien est aculé et ne trouve que l’attaque comme issue
  • L’agression hiérarchique : le chien dominant rappelle à l’ordre ceux qu’il considère comme inférieurs (chiens ou humains)
  • L’agression de prédation : le chien reproduit un comportement de chasse

Ce dernier type d’agression est le plus grave car elle a pour but la mise à mort de la proie. On la rencontre souvent de la part de gros chiens sur des chiens de petits formats ou des chats, mais aussi parfois sur des enfants. Lorsque les chiens sont en groupe, l’effet meute peut renforcer des comportements d’agressivité, les animaux s’entraînant les uns les autres.

Connaître ces situations à risque est primordial pour les maîtres afin d’éviter les accidents. Il est cependant à noter que cette agressivité est encore de nos jours recherchée, voire encouragée par l’homme ; c’est le cas des chiens de gardiennage et d’attaque de l’armée ou de la police. De tels animaux, dressés au mordant, peuvent se révéler de véritables armes et nécessitent un maître expérimenté.

L’intervention humaine dans les premiers mois de vie du chiot est également déterminante. Un jeune chien maltraité ou délaissé peut « rater » sa sociabilisation à l’homme ou à un type d’humains (les enfants par exemple) et devenir dangereux.

En effet, dès leur plus jeune âge, les chiots doivent être mis en contact avec tout type de personnes afin de tisser avec notre espèce un lien amical. Dans le cas contraire, ils risquent de devenir craintifs et agressifs envers les personnes inconnues.

Le drame de cette jeune femme enceinte ayant succombé à des morsures de chien ne doit pas nous faire oublier ce que nous a apporté et nous apporte encore l’espèce canine. Combien de vie sauvées ou améliorées grâce à nos fidèles complices ! Des chiens d’avalanche aux chiens policiers, en passant par les chiens d’assistance, que de services rendus ! Sans oublier tous ces petits compagnons de l’ombre qui éclairent notre quotidien.

Isabelle Vixège
Dr vétérinaire

A lire aussi : Halte aux chiens hypertypes : il faut sauver le Bouledogue français !

Publi-communiqué

Plus de conseils sur...

Qu'avez-vous pensé de ce conseil ?

Merci pour votre retour !

Merci pour votre retour !

Laisser un commentaire
Connectez-vous pour commenter
Vous voulez partager cet article ?