On pensait autrefois qu’un chien n’agissait qu’en fonction de son « instinct », terme un peu vague qui désigne une série d’actions automatiques innées, c’est-à-dire ni acquises ni « apprises ». Ces actions sont réalisées dans un but précis que le chien ne connaît cependant pas.
C’est le cas par exemple de la chienne qui est sur le point de mettre bas et qui lacère des tissus et se prépare un endroit chaud et doux. Personne ne lui a jamais appris à le faire et elle ne peut pas savoir « pourquoi » elle le fait quand il s’agit de sa première portée : la chienne sait « instinctivement » qu’elle doit le faire.
De même, à la naissance des chiots, elle sait qu’elle doit leur couper le cordon ombilical, les lécher pour stimuler leurs réponses vitales, les allaiter, etc...
S’il est vrai que les actes instinctifs sont innés, cela ne signifie pas qu’ils soient incontrôlables. En gardant l’exemple précédent, la chienne peut très bien ne pas s’occuper de ses petits si elle est appelée par son maître : dans ce cas, le dressage prend le pas sur l’instinct.
En allant un peu plus loin, on peut voir que la même mère peut désobéir à un appel normal de son maître parce qu’elle « sent » qu’il est préférable de continuer à s’occuper de ses chiots (dans ce cas, l’instinct semble prendre le dessus sur l’éducation) ; toutefois, elle peut quitter rapidement son panier si elle comprend que son maître est en danger et qu’il a un besoin urgent d’elle.
Dans ce dernier cas, on peut dire qu’il s’agit d’un véritable « raisonnement » qui a conduit la chienne à définir des priorités. L’instinct n’est donc pas maître du chien, et le contraire est également vrai.
Plus que l’instinct, ce sont les impulsions ou pulsions, c’est-à-dire les réponses que l’animal fournit à différentes stimulations clés, qui sont importantes dans l’esprit du chien. Ces pulsions peuvent être héréditaires (pulsion pour la chasse, le jeu, la défense, la curiosité) ou bien acquises (par expérience directe ou par le dressage).
On peut également les diviser en pulsions « hétérophiles », ou de type altruiste (vigilance, soumission à l’homme, fidélité, confiance, docilité) et en pulsions « égophiles », ou de type égoïste (jeu, lutte, défense, pulsion vers la nourriture, le sexe, etc.).
Les pulsions héréditaires sont innées chez le chien, comme les instincts. La possibilité d’acquérir d’autres pulsions est au contraire directement proportionnelle à la faculté du chien de mémoriser ses propres expériences ou les enseignements reçus. À ce propos, il peut être utile de rappeler que le chien possède trois types de mémoire : mécanique, affective et associée.
La mémoire mécanique est la faculté de se souvenir d’actions accomplies précédemment et de pouvoir les reproduire (par exemple, le chien d’arrêt se met à terre à chaque fois qu’il entend le coup de fusil).
La mémoire affective est la faculté de se souvenir et de reproduire des états d’âme liés à des conditions particulières (par exemple, un chien est excité quand il voit son maître prendre la laisse pour se préparer à sortir en promenade).
La mémoire associée, enfin, correspond à la faculté de relier un geste à un mot (ordre du maître) et donc d’exécuter un geste déterminé après un mot déterminé.
Ces trois types de mémoire canine sont exploités par l’homme pour éduquer et dresser son compagnon et auxiliaire.