On étudiait l’origine du chien sur des critères morphologiques, aujourd’hui la génétique est venue confirmée ces théories : le chien descend bien du loup. Ils partagent encore beaucoup de points communs, notamment la possibilité de se reproduire ensemble !
Des loups et des chiens
D’après l’étude génétique et morphologique des populations de canidés, les scientifiques font remonter la séparation originelle entre les deux espèces jusqu’à plus de 100 000 ans. Des évènements génétiques très anciens marquant la séparation ont permis cette datation.
Entre 30 000 et 50 000 ans, une relation de type commensalisme s’est mis en place entre l’homme et le chien : concrètement, le loup bénéficiait de ressources alimentaires faciles en profitant de nos « déchets biologiques ». Nos déchets naturels font une très bonne source de nutriments pour un canidé ! L'hypothèse d'un rapprochement entre les deux espèces se traduit par une adaptation de l'un à l'autre : les loups ont progressivement appris à décoder nos comportements, ce qui les favorisaient par l'accès à nos ressources.
Des études nous ont permis de se renseigner sur le mode de vie que partageais nos ancêtres avec le chien : on retrouve par exemple des restes de repas partagés, à base de graines et de légumes, au néolithique.
Rapidement, la relation loup-humain évolue vers une coopération véritable, le loup apportant plus de sécurité aux groupes humains, et pouvant être un partenaire de chasse utile et efficace. Le régime alimentaire du loup devient plus fexible : de prédateur strict, il devient charognard. Les populations de loups et d’humains se rapprochent, la peur qui les séparaient se fait de moins en moins présente, la familiarité s’installe.
Une relation basée sur la coopération
On définit la domestication comme le processus où une espèce animal ne se reproduit que dans un environnement humain, voir dans un cadre dirigé par l’humain, qui opère alors une sélection.
La domestication du chien en elle-même se situe il y a environ 15 000 ans, avant la sédentarisation de l’homme. De nombreux foyers de domestication apparaissent avant cette révolution néolithique, bien qu’aujourd’hui le foyer asiatique soit le plus répandu.
Lors de la Haute-Antiquité, avant -2000ans, on a 4 grands types morphologiques qui émergent : lupoïde méridional, graioïde, lupoïde septentrional, et molossoïde. On a donc une divergence qui n’a pu apparaître que par la sélection, et le phénomène est lent, il a duré pendant plus de 10 000 ans. L’homme a néanmoins contrôlé l’évolution génétique du chien pour l’adapter à ses besoins : chasse, protection, compagnie.
L’apparition des races de chien : un cas unique parmi toutes les espèces animales
Entre -1000 et 1000 : on a des races dérivées qui apparaissent : dogues et montagnes à partir des molossoïdes, les mâtins venant des lupoïdes, les spitz et les lévriers ayant un type lupoïde/graioïde, et les braques avec une origine plus délicate à déterminer.
Aujourd’hui, à +2000 ans, il y a près de 400 races (si on prend celles reconnues par la Fédération Cynologique Internationale), avec une forte augmentation. Ce nombre n’a plus vraiment de sens, dans la mesure où le terme de race est mal défini. Un zootechnicien reconnaîtra une centaine de races, avec des grandes différences morphologiques. Le berger belge est un bon exemple, étant une race avec quatre sous-types. Mais le problème est d’ordre politique (et de la manière d’imposer une race dans les instances cynophiles), car d’un point de vue génétique, il n’y a pas encore de grandes différences dans la population canine, malgré la variété des morphologies.
La mentalité de sélectionneur, c’est-à-dire d’avoir un objectif claire à atteindre (morphologie, comportement) n’est apparue que tard, ce qui explique l’évolution lente des races. Les quatre types originels ont peu évolué jusqu’à très récemment, il y a quelques siècles à peine. Mais depuis que les connaissances de l’homme lui ont permis de mieux contrôler l’évolution du chien, on a pu voir une explosion du nombre de races.
Aucune autre espèce sur Terre n’a pu évoluer dans un tel environnement, provoquant l’apparition d’une telle variabilité. Elle est si rapide qu’aujourd’hui, un certains nombres de races canines ne peuvent même plus se reproduire entre elles, ce qui est pourtant la condition indispensable pour les définir comme appartenant à la même espèce ! C’est un cas si atypique parmi les populations animales de la Terre qu’il est difficile de caractériser correctement l’espèce canine aujourd’hui.
Au final, le chien est une espèce à part, qui a trouvé près de l’homme un environnement riche, dans lequel il s’est merveilleusement bien adapté : l’espèce s’est répandue sur toute la Terre et a évolué extrêmement rapidement pour atteindre une diversité et une richesse morphologique et comportementale qui reste sans égale !
Dr Stéphane Tardif
Docteur vétérinaire et rédacteur pour Wamiz