Ce sont souvent les enfants qui en sont victimes. Les morsures sont la conséquence d’interactions comportementales d’opposition entre l’enfant et le chien.
D’après une étude, on compterait par an 200 morsures pour 100 000 habitants en France. À Lyon, une enquête réalisée auprès de propriétaires d’animaux révèle un taux annuel beaucoup plus élevé : autour de 6 000 morsures pour 100 000 personnes, la plupart des victimes faisant partie de la famille.
Les statistiques hospitalières montrent que les morsures de chien représentent 0,5 à 1% de l’ensemble des consultations dans les services d’urgences chirurgicales. L’hospitalisation est rarement indiquée et liée à la nécessité d’une exploration de la plaie sous anesthésie générale.
La majorité des morsures sont bénignes mais certaines d’entre elles sont très graves. Il s’agit notamment des séquelles esthétiques au visage ; la face est en effet touchée dans 75 à 85 % des cas (lèvres, joues, nez, paupières).
L’âge des enfants mordus a été bien étudié. On constate deux pics de fréquence, l’un entre 1 et 4 ans, l’autre entre 11 et 13 ans. Plus de 50 % de l’ensemble des morsures s’observent entre 0 et 18 ans, avec une prédominance assez nette pour le sexe masculin.
L’association « petit enfant-gros chien » est un facteur péjoratif dans la fréquence et la gravité des morsures. Les gros chiens, et notamment les bergers allemands, sont les plus cités dans les statistiques mais cette accusation d’agressivité particulière doit être tempérée car les bâtards sont souvent inclus à tort dans cette catégorie. Il faut préciser également que les morsures de gros chiens donnent lieu à davantage de consultations que celles provoquées par des petits animaux, du fait des lésions plus sévères en rapport avec la taille et la force des mâchoires.
Conduite à tenir devant une morsure de chien
Une morsure de chien est toujours porteuse de microbes car la flore dentaire canine comporte de nombreux germes anaérobies dont Clostridium perfringens et tetani, streptocoques et pasteurelles.
Le propriétaire du chien doit fournir d’urgence le carnet de vaccinations de l’animal dont la surveillance en milieu vétérinaire est obligatoire (arrêté ministériel du 1er mai 1976), aux frais du maître. Si celui-ci refuse de s’y soumettre, une plainte doit être déposée à la mairie ou à la gendarmerie. L’animal doit subir trois examens successifs en quinze jours. S’il est normal au 5e jour, la probabilité d’une rage devient faible.
L’examen de la plaie se fait en même temps que le nettoyage à l’eau et au savon avec une compresse. La désinfection de la plaie nécessite ensuite l’application large d’antiseptiques (au choix : eau oxygénée, Bétadine, Mercryl, Hibitane ou eau de Javel diluée, ces produits ne devant pas être mélangés entre eux). Il faut laisser une plaie nette, sans débris ni souillures ni zones dévitalisées.
Toute morsure étant contaminée par une flore bactérienne anaérobie, la suture précoce est déconseillée, sauf pour le visage. Les chirurgiens mettent en place, sur la plaie laissée largement ouverte, un pansement gras renouvelé tous les jours (Biogaze, Antibiotulle, etc.). Si après 3 jours, les berges de la morsure restent saines et non infectées, une suture est pratiquée.
La prévention contre le tétanos repose sur le rappel de vaccin antitétanique et sur les gammaglobulines antitétaniques. Le problème de la rage reste posé. En cas de morsure profonde au niveau du visage ou lorsque le chien a disparu, l’enfant doit être orienté vers l’un des 60 centres de traitement antirabique pour y être vacciné dans un délai de 48 à 72 heures.
Le protocole à 4 ou 6 injections est entrepris au moindre doute. En cas de morsure grave, multiple ou profonde siégeant au niveau de la face ou des extrémités, des immunoglobulines spécifiques d’origine humaine sont injectées à titre complémentaire le jour même.
L’essentiel des problèmes chirurgicaux posés par les morsures de chien chez l’enfant concerne le plasticien dans la mesure où il s’agit avant tout d’une agression cutanée, qui pose dans l’immédiat des problèmes septiques et de fermeture, à plus long terme de cicatrisation et, in fine, esthétiques, avec d’éventuelles reprises de chirurgie plastique notamment à la face.
Consignes :
La contamination rabique peut avoir lieu soit par morsure, soit par contact avec de la salive virulente sur une plaie ou une excoriation cutanée. Après contamination, il faut :
1. Assurer les premiers soins
- laver abondamment la plaie à l’eau et au savon
- ne pas suturer
- pratiquer un rappel de vaccination antitétanique
2. Retrouver et isoler l’animal responsable
Si l’animal est indemne de rage, le traitement n’est pas entrepris. En conséquence, dans la mesure du possible, il faut capturer l’animal sans l’abattre. Faire appel éventuellement au commissariat, à la gendarmerie ou aux pompiers (décret d’autorisation d’intervention légale pour le ramassage [ou la capture] d’animaux enragés ou suspects de rage par les forces de police, n° 76.867 du 13-9-76, paru au Journal officiel du 14-9-76, page 5517, article 9, dont l’application dépend de l’arrêté du 1-10-76 paru au Journal officiel du 7-1-77, page 195).
Adresser l’animal à un vétérinaire en évitant de se faire mordre et en se protégeant de la salive. Si l’animal doit être abattu, respecter la boîte crânienne. Transporter si possible la tête dans un bac réfrigéré (température comprise entre 4 et 10 °C, sans congélation).
3. Adresser le patient au centre antirabique le plus proche que l’animal ait été retrouvé ou non
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