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chiens reniflent derrière
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Pourquoi les chiens reniflent-ils les parties génitales ?

La rédaction

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Pourquoi les chiens reniflent-ils les parties génitales ?

Ce comportement typiquement canin est bien connu ! Il est d’usage de l’expliquer par le fait que le chien communique ainsi. Mais cela surprend tout de même, surtout quand soi-même ou un illustre inconnu en fait les frais de la part de son chien. Pourquoi les chiens aiment-ils renifler les fesses ? Comment réagir ?

Le chien communique, comme tous les animaux, en se servant de ses sens : la vue, l’ouïe, le toucher, et pour ce qui va nous intéresser, l’odorat ! Nous connaissons bien peu de choses de cette communication, au point que le chien arrive à nous surprendre avec ses capacités hors du commun, comme lorsqu’il s’agit de flairer des cellules cancéreuses chez un patient.

Mais pourtant, malgré ce pouvoir olfactif surpuissant, les chiens présentent un certain intérêt pour les odeurs fortes. Les excréments notamment font partie des odeurs qui ont tendance à attirer le chien. Mais ce n’est pas vraiment la raison qui va pousser un chien à sentir la région anale.

Pour bien comprendre ce comportement, comme d’habitude en éthologie, il faut observer le contexte dans lequel il s’exprime, et ce que cela produit sur les autres individus.

Comment ce comportement s’exprime ?

Il s’avère que ce comportement s’observe très souvent lors de rencontres, que ce soit entre chiens, ou entre un chien et un humain. Il y a alors un échange, comme dans toute communication, entre les deux individus. Il s’agit d’informer l’autre de son état émotionnel, et éventuellement de ses intentions.

Mais l’animal ne communique pas via le verbe, et n’utilise pas de mot pour décrire ses émotions ou ses pensées. Chaque posture, chaque son, et par extension, chaque odeur, a le potentiel d’envoyer une information à l’autre sur ce qu’on ressent : c’est ce que les animaux utilisent pour communiquer.

Ainsi, une rencontre entre deux chiens est un évènement assez ritualisé : au premier abord, seule la vue ou éventuellement la voix permet de s’informer sur l’intention de l’autre. Si son apparence est amicale, alors l’un des deux chiens va se rapprocher et tenter un contact physique. C’est à cette occasion qu’il va commencer à inspecter son corps à la recherche d’endroits odorants.

Et il s’avère que la région péri-annale est intéressante à ce niveau. En effet, de part et d’autre de l’anus se situent des petites glandes que l’on nomme sacs anaux. Elles sécrètent un sébum qui vient se déposer avec les excréments lors de la défécation. Cela sert à créer des marquages olfactifs, et beaucoup d’animaux envoient ainsi des informations à leur entourage par le biais de leurs fèces, qu’ils déposent au grès de leurs déplacements.

Ce rituel du flairage est souvent suivi d’un marquage urinaire, que l’autre chien va recouvrir par le sien. La communication olfactive se poursuit donc, mais au-delà des odeurs simplement présentes sur le corps.

Dans ce genre de séquence, on établit clairement qu’il y a eu un échange olfactif, mais pour l’heure, nous sommes encore incapables de citer par exemple une molécule qui intervient dans cet échange. On suspecte la présence de phéromones, mais nous n’avons pas encore isolé autre chose que des molécules odorantes n’ayant pas un effet spécifique.

Pourquoi le chien aime sentir les derrières ?

C’est donc une région olfactivement intéressante. Mais qu’est-ce que le chien apprend ? Souvent, on suspecte des informations sur la physiologie de l’animal (âge, sexe, maturité ou cycle sexuel ?) ainsi que sur son état mental (joyeux, en colère, apeuré…).

En réalité, nous n’avons aucune certitude, faute de pouvoir percevoir ce que le chien perçoit. C’est comme demander à une personne non-voyante de naissance d’imaginer les couleurs : c’est au-delà de ce qu’on peut imaginer.

Et imaginer un protocole expérimental permettant de déterminer l’information que le chien perçoit n’est pas évident. L’une des grosses difficultés consiste à isoler le vecteur de l’information, la molécule odorante (qu’on nomme phéromone dans des conditions très particulières). Ce serait alors plus simple de réaliser des protocoles expérimentaux.

Par exemple, la molécule émise par la femelle lors des chaleurs, et qui va invariablement provoquer la rut chez le mâle qui va la sentir, a toutes les caractéristiques d’une phéromone :

  • spécifique à l’espèce : la molécule émise par la chienne ne va pas stimuler autre chose que des chiens mâles.
  • molécule active à de très faible concentration : il est d’usage de dire qu’un chien sent la femelle en chaleur à des kilomètres à la ronde, et pour cause : il suffit, en principe, d’une micro-concentration dans l’air pour provoquer des effets, ce qui permet une diffusion dans l’espace importante.
  • provoquant un effet ciblé : la phéromone émise par la femelle en chaleur ne va déclencher que la rut chez le mâle : chaque phéromone a une action très spécifique.

Pourtant, nous n’avons pas encore réussi à isoler cette fameuse molécule ! Et ce malgré la facilité apparente avec laquelle on observe les effets des chaleurs, et nos outils de mesure en laboratoire. Isoler un principe actif inconnu qui agit à des concentrations infinitésimales est long et fastidieux. Pour l’heure, la seule phéromone connue, isolée et identifiée, est chez le lapereau lors de la lactation

Les chercheurs restent néanmoins relativement persuadés que des informations comme l’humeur se véhiculent aussi de cette manière. Dans tous les cas, il s’agit donc d’une communication directe (le nez collé dans les fesses de son congénère) ou indirecte (par le biais des urines ou des crottes).

Comment réagir face à ce comportement gênant ?

En tant qu’outil de communication canin, c’est pour le chien un geste parfaitement anodin et naturel, que de se diriger vers ces régions pour les sentir, que ce soit avec un inconnu pour faire connaissance, ou avec vous pour ressentir vos humeurs et vos émotions.

Par contre, cela entraine souvent une certaine gêne, pour nous humains. Cela peut rendre ce comportement indésirable, notamment quand le chien le fait de manière systématique et intense, ce qui peut déranger.

Afin d’y remédier, il faut traiter ce comportement comme n’importe quel comportement naturel du chien : éviter la contrainte, et dévier ce comportement sur un autre rituel que vous allez renforcer à coup de récompenses. Petit à petit, et par conditionnement, on invite le chien à présenter ce nouveau comportement et plus l’ancien.

C’est finalement une thérapie comportementale très proche de ce qu’on va faire dans les cas de chiens qui sautent pour faire la fête, par exemple. Le principe consiste simplement à apprendre au chien une autre méthode de communication, en le motivant par la récompense à essayer.

Dr Stéphane Tardif
Docteur vétérinaire et rédacteur pour Wamiz

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