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Les 5 sens du chien

Par Lina Rayan

mis à jour le

Le chien utilise les même sens que nous, mais d'une manière bien différente, ce qui lui donne des capacités extraordinaires, mais le limite dans d'autres tâches. Qu'en est-il de ces cinq sens ? Peut on vraiment en considérer 5 ? Voyons comment le chien perçoit son monde.

La première étape avant de décrire les sens un à un va être un point sur le nombre de sens. Pour plus de compréhension, je vais reprendre les 5 sens classiques pour décrire la perception du chien, mais sachez que les scientifiques ne s'accordent pas tous sur le nombre de sens réel qu'un animal (y compris nous) possède : il y en aurait 7 ou 8.

Le chien possède en réalité 7 voire 8 sens

En effet, au niveau du mécanisme d'action, comment le sens fonctionne, il y en a qui se regroupent, d'autres qui se divisent. Vue et ouïe sont tels que l'expression commune les décrits : l'un perçoit la lumière, l'autre les ondes sonores. Par contre, odorat et goût sont confondus en biologie. Les deux sont des outils de perception de molécules chimiques, et le chien utilise justement sa langue et sa truffe en synergie pour humecter les odeurs. Les molécules chimiques passent de la fosse nasale au plancher du palais par les voies respiratoires, et lorsqu'on goûte un aliment, on le sent également, et vice versa !

Pour le toucher, c'est l'inverse : ce sens est celui sur lequel les scientifiques ne sont pas tous d'accord. Car si on l'observe au niveau des voies nerveuses, il y a plusieurs "touchers" :

  • la somesthésie (sensibilité fine) : le toucher tel qu'on y pense en premier, permet de percevoir les contacts.
  • la nociception : c'est le canal de la douleur. Certains scientifiques ont tendance à dire que c'est la somesthésie poussée à son paroxysme, mais les terminaisons et une partie des voies nerveuses sont différentes.
  • l'entéroception : c'est la sensibilité des viscères. Concrètement, c'est par ce sens que vous ressentez les douleurs au ventre et autres sensations internes !
  • proprioception : dernier canal de perception, ce sens permet à l'animal de savoir où sont situés ses propres membres dans l'espace, sens très lié à l'équilibre également (perception de la gravité).
  • un dernier sens ne fait pas consensus : la perception de la température. Ce sont des voies nerveuses différentes, mais ce sens ressemble aux autres sensibilités, dans sa manière d'agir. Du coup, tous les scientifiques ne sont pas d'accord pour voir ce sens comme un sens à part.

Donc au final, on dénombre non pas 5, mais 7 voire 8 sens chez un animal comme le chien (ou l'humain !).

En pratique, je ne détaillerai pas les différents touchers, car leur étude est difficile et on a peu d'information sur comment le chien les perçoit. On peut juste affirmer qu'il possède ces sens, au même titre que la grande partie des autres mammifères.

L'odorat : le sens principale du chien

L’odorat est pour le chien ce que la vue est pour nous : c'est le sens qu'il va utiliser le plus souvent pour décrire son monde. Nous sommes bien incapables de comprendre ce sens, malgré les siècles qu'il nous émerveille et qu'on l'étudie : c'est comme demander à une personne non voyante d'imaginer et décrire les couleurs, on tente de décrire quelque chose que notre cerveau ne peut pas concevoir.

Concrètement, le chien possède entre 100 et 200 millions de cellules olfactives (contre 5 millions pour un humain). Il peut percevoir les odeurs à des concentrations environ 100 fois inférieures que l'homme. En volume, jusqu'à la moitié du cerveau est octroyée à l'olfaction. Cela lui donne des capacités extraordinaires. Mais tous les chiens n'ont pas les mêmes compétences, cela dépend de la race voir de l'individu.

Le chien reconnaît l'odeur d'une main sur un objet après seulement deux secondes de contact. Il détecte la trace odorante des doigts sur une vitre six semaines après, même si cette vitre a été manipulée. Et nous avons encore bien des choses à apprendre : des travaux récents ont mis en évidence la capacité du chien à "sentir" des maladies comme le cancer du poumon, via l'haleine. Le chien est en effet capable d'apprendre à réagir différemment suivant si la personne en face de lui est atteinte, ce qui permet d'orienter le diagnostic vers cette recherche. Ils sont tellement performants que la justice de certains pays, comme l'Allemagne ou la Hollande, accepte comme preuve l'identification d'une personne par un chien.

Si on comprend mieux les capacités perceptives de l’animal, on peut mieux comprendre les réactions. C’est mis en pratique pour l’enrichissement du milieu et l’éducation. Sentir des odeurs pour un chien, c'est comme regarder le paysage ou un film pour nous ! Sentir est une source de plaisir et de distraction.

L'ouïe : le chien entend un plus large spectre que nous

La perception acoustique du chien est légèrement plus développée que nous. Il perçoit en effet un plus large spectre sonore : la fréquence (hauteur d’un son, aigu ou grave, en Hertz) entendu par un humain va de 20 à 20kHz ; le chiens entend les sons de 20 Hz à 60-65kHz. D'où les sifflets à ultrasons, qui permettent d'émettre un signal sonore audible uniquement par le chien (encore faut-il que le sifflet émette sur l'intervalle inaudible pour nous mais pas pour le chien).

Ce sens est légèrement plus développé, mais c'est loin d'être celui qui est le plus utile au chien. L'homme, à contrario, utilise énormément ce canal pour communiquer, et de ce fait, il influence le chien et l'oblige à développer ce sens. Mais spontanément, la communication acoustique chez le chien est loin d'être leur principal mode de communication : la vue et l'odorat joue un rôle également prépondérant.

Le principale intérêt de l'ouïe est de prévenir des dangers : ce sens permet d'être alerter des dangers immédiats, et éventuellement de prévenir les congénères. Mais au final, le chien utilisera ce sens plus pour communiquer avec nous et nous comprendre que dans les relations avec ses propres congénères, où il est secondaire.

La vue : le chien est un chasseur

La vue du chien est nettement inférieure à la nôtre. Il nous dépasse sur la vision des mouvements (un chien détecte un objet en mouvement jusqu’à 900m). Mais pour l'acuité visuelle, il ne perçoit un objet qu'à 30cm de lui seulement, et il voit moins les détails que nous.

Le champ visuel monoculaire est supérieur, par contre le champ binoculaire est plus petit : il a donc un regard plus concentré, dirigé vers l'avant, même si chaque œil voit un champ un peu plus large que nous. Les yeux sont en effet placés différemment sur le crâne, leur position justifie aussi la mauvaise vision de près.

Au niveau des couleurs, le chien est dichromate (2 types de pigments, nous on en a 3 voire 4). Cela signifie qu'ils distinguent bien différentes couleurs, mais il en percevra moins, et chaque couleur aura moins de nuances. Ils ont en effet beaucoup moins de récepteurs (les fameux cônes) sur la rétine que nous.

Les autres récepteurs rétiniens, les bâtonnets, sont par contre plus nombreux : le chien perçoit mieux l'intensité lumineuse, ce qui lui donne une meilleure vision nocturne que nous (mais il n'a pas le niveau des chats)

Une étude intéressante a montré que pour choisir et caractériser un objet, on observe que l’enfant discrimine à partir de la forme, souvent, alors que le chien plus en fonction de la texture ou de la taille.

Le toucher : le chien, un amateur de câlins

Le toucher, comme dit en introduction, est un sens complexe qui peut vu comme plusieurs sens. Mais je ne parlerai là que de la sensibilité fine, celle qui intervient pour explorer l'environnement, et pour les caresses (accessoirement !).

Le chien a en effet ce sens relativement bien développé. Que ce soit au niveau de la pilosité, avec des cils et des vibrisses qui permettent de ressentir des vibrations très fines (serait-ce là l'origine du "6ème sens" ?), ou simplement de la peau. Nombre de chien apprécie la caresse, et il y a peu de partie du corps qui sont "interdites". Au contraire même, le chien n'hésite pas à nous exposer son ventre ou ses fesses, quand il apprécie particulièrement les caresses à ces endroits-là.

Le contact physique est même un besoin fondamentale du chien : le chiot recherche, dans son comportement d'exploration dit "en étoile", à avoir un contact physique avec sa mère chaque fois qu'il revient la voir. Cette appréciation du contact est partagée avec nous : nous sommes également, avec le chien, une espèce sociale. Il y a des chances pour que notre attrait pour le contact physique, comme le chien, ait à voir avec l'idée de former des groupes sociaux. Le chat, en effet, plutôt indépendant, ne manifeste pas un tel intérêt pour les caresses, et semble plus délicat en réaction au toucher.

Au final, on se rend compte que le chien est un animal doué d'une sensibilité et d'une perception complexe, fine, et fondamentalement différente de la nôtre. La conséquence est, pour nous, l'impossibilité de comprendre ses goûts : le choix des parfums, du lieu de couchage, des caresses, tout cela peut dépendre de sensations que nous sommes bien incapables d'imaginer !

Dr Stéphane Tardif
Docteur vétérinaire et rédacteur pour Wamiz

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