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Mon chien, mon ami : le SEEVAD rassemble les professionels du chien pour défendre son bien-être

Par Lina Rayan

Publié le

Ce WE, l’association SEEVAD (Société Européenne d’Ethologie Vétérinaire des Animaux Domestiques) réunissait un grand nombre d’acteurs du monde animal, autour d’un thème : le chien. Cette réunion vise à promouvoir le bien-être animal d’une manière générale, mais aussi l’intégration de l’animal avec l’humain. Pour cela, le concept « mon chien, mon ami » se veut proposer les dernières connaissances scientifiques, grâce à des actions de formation.

Hôtel du zoo de Beauval, samedi matin, 8h : la salle se remplie doucement. Eleveurs, éducateurs, vétérinaires, scientifiques, représentants associatifs et politiques, journalistes, et passionnés : tout le monde est réuni pour un WE dense et intense en émotions. Voyez le programme !

Le chien, le premier animal captif

La domestication du chien est ancienne. Mais la question éthique de faire un séminaire « bien-être animal » à proximité d’un zoo est pourtant évidente : le chien, ami de l’homme et souvent considéré comme son compagnon, est rarement vu comme un animal qui vit en captivité.

Or, c’est là tout le paradoxe de notre relation avec le chien : son mode de vie s’adapte au notre, et la méconnaissance de ses besoins individuels conduit souvent le chien dans des états mentaux négatifs : anxiété, dépression, résignation acquise… les chiens jouissants d’une liberté totale dans un environnement humain sont pratiquement inexistants.

Et bien que des situations de ce genre puissent s’assimiler à de la maltraitance passive, la majorité des « propriétaires » d’animaux sont sincèrement préoccupés par le bien-être de leur chien. Si je mets ce terme entre guillemets, c’est parce que la principale cause évoquée au cours de séminaire est l’existence de mythes, pour certains très anciens, qui tournent autour du chien.

Car l’égo de l’humain l’a historiquement conduit à se placer comme à part du vivant, au-dessus, et ayant un contrôle des êtres jugés « inférieurs ». Et ces mythes perdurent jusque dans les mots que nous utilisons pour établir notre relation avec l’animal : posséder, dresser… Nous ne devrions pas nous appeler « propriétaire » mais « humain de compagnie ».

Un constat à la fois alarmant, mais encourageant

Force est de constater que ces mythes ont la vie dure. Il est un exemple parlant qui n’a échappé à personne ces 10 dernières années, c’est l’apparition des méthodes d’éducation positives.

Les professionnels (éducateurs, vétérinaires, scientifiques) ont en effet parfois besoin de temps pour changer leurs méthodes, pratiquées pour certains depuis des dizaines d’années. Aujourd’hui, la bibliographie scientifique sur le sujet est vaste, mais ce n’était pas le cas à ses débuts : tout changement majeur de cet ordre prend du temps.

Les réseaux sociaux, pratiquement inexistants il y a à peine une décennie, mettent en lumière de nombreuses situations proprement catastrophiques. Si le bien-être animal préoccupe autant l’opinion publique, c’est probablement en partie parce qu’on voit aujourd’hui ce qu’on ne voyait pas auparavant. Ils permettent également de réaliser une première prise de parole collective.

Nous avons donc pris conscience, en très peu de temps, des erreurs, parfois monstrueuses, que nous pouvions produire par méconnaissance de la sensibilité animale, et des besoins du chien. Ce constat est fondamentalement encourageant, car c’est la première fois que ce débat dépasse la sphère des spécialistes et passionnées pour entrer dans un débat politique.

Le droit animal, et la place du chien dans notre société

En effet, le climat politique n’a jamais été aussi favorable à une évolution conséquente sur ces sujets. Depuis l’article 515-14 définissant l’animal comme un être sensible, de nombreuses initiatives se sont montées pour défendre le droit des animaux et l’inscrire dans notre législation. L’association CAP (Convergence Animaux Politique) met en relation tous les professionnels du monde animal pour exercer une pression citoyenne sur les décideurs politiques, et proposer des textes.

Ce débat a lieu également au niveau local : de nombreuses initiatives travaillent à intégrer le chien dans l’espace urbain, et d’une manière générale dans notre environnement humain. Que ce soit pour résoudre les problèmes liés aux déjections canines, aux nuisances sonores, aux risques inhérents à l’espèce canine, aux vacances : tout est organisé pour rendre la cohabitation non seulement possible, mais le faire aussi dans de bonnes conditions de bien-être pour le chien ET pour l’humain.

Et l’aménagement de nos villes n’intéresse pas que le chien ! Il est mentionné également la petite faune sauvage, et la présence d’insectes ou de végétaux, le chien n’intervenant que comme un acteur parmi d’autres de la biodiversité de nos villes.

Le poids des revendications, quelles soient d’origine populaire ou émanant des comités scientifiques, commence donc à se faire sentir au sein des institutions. C’est un rapport de force qui dure depuis longtemps, mais qui tend de plus en plus du côté de l’animal, malgré l'existence de lobbys forts du côté de l’opposition (élevage, chasse,...).

La connaissance : la solution pour lutter contre la maltraitance

En attendant l’évolution législative, potentiellement lente, la solution choisie pour améliorer la condition animale (et celle du chien en particulier) est l’éducation. Car la connaissance amène l’empathie, et le respect de l’autre, y compris envers l’animal, ou même l’ensemble du vivant.

Le programme PECCRAM, par exemple, propose des ateliers axés autour du jeu et des apprentissages positifs, mais à destination des enfants, dans le but de les éduquer à la relation humain-chien. Une connaissance précoce de l’animal évite l’apprentissage de mauvaises habitudes et de mythes, d’où l’importance d’un tel programme. Les écoles sont encore trop peu nombreuses à intégrer ce type d’enseignements.

Les scientifiques doivent également réussir à coopérer, et organiser leurs débats, de façons à produire un savoir objectif et cohérent. L’éthologie est une science neuve, et les consensus sont parfois difficiles à obtenir. Pourtant, afin d’avoir un message transparent auprès des néophytes, il est important de structurer nos connaissances sans reproduire les mythes d’antan.

Un programme de formation basé sur l’éthologie fondamentale à destination des professionnels et particuliers, est également mis en place, à différents niveaux :

  • le medical training, proposé aux vétérinaires, rend la clinique plus accessibles aux chiens, en se préoccupant de leur ressenti et de leur statut émotionnel lors des actes médicaux.
  • des formations en éthologie animale sont proposées par les écoles vétérinaires, et divers acteurs comme le SEEVAD, pour former des professionnels en comportement et bien-être animal.
  • des formations à destinations des particuliers, plus pratique, pour améliorer leur relation avec le chien, que ce soit de manière préventive ou suite à des difficultés.

Je vous recommande particulièrement, en tant qu’humain de compagnie, de vous inscrire dans l’une de ces initiatives, afin d’en apprendre plus sur votre compagnon ! C’est un investissement bien faible en comparaison des heures et des sous que vous gagnerez à éviter de nombreux problèmes. Et sans oublier la principale raison : votre chien !

Le WE se termine donc sur une note encourageante, après des débats riches en émotions et bienveillants. L'évolution est lente, mais chaque pas en avant nous encourage à poursuivre notre travail, et continuer d'améliorer, brique après brique, notre connaissance commune du bien-être animal et humain.

Dr Stéphane Tardif
Docteur vétérinaire et rédacteur pour Wamiz

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