Le mélanome est un cancer bien connu et redouté chez les humains. Scruter ses grains de beauté, éviter le soleil entre 12 et 16 heures, se tartiner de crème solaire, sont des habitudes que la plupart d’entre nous observe chaque été pour prévenir ce cancer de la peau. Mais saviez-vous que nos compagnons à quatre pattes sont aussi susceptibles de développer un mélanome ? Cette néoplasie représente jusqu’à 7 % des tumeurs malignes diagnostiquées chez le chien.
À quoi ressemble un mélanome chez le chien ?
Un mélanome canin se présente sous la forme d’une masse, ferme et généralement noire. Cependant certains mélanomes du chien ne sont pas pigmentés ; c’est le cas notamment de certaines tumeurs se développant dans la bouche. La taille du mélanome varie de quelques millimètres à plusieurs centimètres en fonction de sa durée d’évolution. Sa surface peut être lisse ou irrégulière.
Chez le chien, on distingue les mélanomes :
- De la peau (localisés au niveau du corps, de la tête ou des membres) ou mélanome cutané
- Des doigts
- De la cavité buccale et des lèvres
- De l’œil
Les mélanomes oculaires se développent le plus souvent à partir de l’iris. On observe alors une plaque surélevée pigmentée dans l’œil du chien.
Quelles sont les causes du mélanome chez le chien ?
Les mélanomes sont des tumeurs cancéreuses qui se développent à partir de certaines cellules : les mélanocytes, les cellules responsables de la pigmentation de la peau. Le mélanome cutané du chien représente 4 à 6 % des tumeurs cutanées du chien.
Chez les humains, les mélanomes se développent à partir de naevus dits « grains de beauté ». L’influence de l’exposition au soleil dans le développement de ce grave cancer est bien connue. Chez le chien, les naevus sont rares et les UVs moins dangereux en raison de la densité des poils qui protège les animaux. De plus, de nombreux mélanomes canins se développent dans la bouche.
Les mélanomes canins et humains présentent de nombreuses similitudes ; le mélanome du chien est d’ailleurs un des meilleurs modèles pour l’étude des formes non-UV dépendantes du mélanome métastatique chez l’homme.
On considère que les chiens à pelage foncé seraient prédisposés. De même, on dénote plusieurs races à risque. Parmi celles-ci : le Rottweiler, le Golden retriever, le Chihuahua ou encore l’Airedale terrier ou le Chow-Chow.
Comment diagnostiquer le mélanome canin ?
D’abord toute boule noire découverte sur le corps ou dans la bouche d’un chien n’est pas forcément un mélanome. Certaines tumeurs cutanées pigmentées ne sont que des mélanocytomes, des tumeurs bénignes (apparentées au grain de beauté des humains). A contrario, certains mélanomes buccaux ne sont pas noirs.
Le diagnostic du mélanome canin est fait par le vétérinaire sur la base de l’examen clinique et d’un examen histologique (examen des cellules au microscope) sur une ponction à l’aiguille, une biopsie (prélèvement d’un petit bout de tumeur) ou après avoir retiré la masse en totalité.
À ce stade du diagnostic, on procède à un bilan d’extension pour savoir si le mélanome a déjà commencé à se généraliser. On recherche un envahissement au niveau des ganglions et des métastases dans les poumons par radiographie ou scanner.
Quelle est l'espérance de vie d'un chien atteint d'un mélanome ?
Le pronostic est très variable en fonction de la localisation du cancer. Les tumeurs de la cavité buccale et des doigts sont généralement plus agressives :
- Les mélanomes de la bouche du chien sont considérés comme ayant le moins bon pronostic. Ils ont une forte agressivité locale (envahissement profond des tissus) et métastasent rapidement. La médiane de survie après chirurgie est inférieure à 2 ans.
- Les mélanomes des doigts ont également un potentiel métastatique important : des nodules pulmonaires sont présents dans plus de 30 % des cas au moment du diagnostic.
Quel est le traitement d’un mélanome chez le chien ?
Le premier axe du traitement est la chirurgie : elle doit être précoce et inclure tous les tissus envahis. Cela implique l’amputation d’un doigt en cas de mélanome digité ou une mandibulectomie (retrait de l’os de la mâchoire) en cas de mélanome buccal. Dans certains cas de cancers avancés ou mal placés, l’exérèse complète peut s’avérer difficile voire impossible.
La taille de la tumeur est un facteur pronostic important : il ne faut pas laisser traîner une masse (pigmentée ou non) surtout si elle se développe dans la bouche, sur les lèvres ou sur un doigt. Les mélanomes cutanés et les mélanomes digités non métastasés peuvent être guéris grâce à la chirurgie.
L’exérèse de la tumeur peut être complétée en centre d’oncologie vétérinaire par une radiothérapie et une chimiothérapie. Ces stratégies adjuvantes sont décevantes dans le traitement du mélanome canin buccal. L’immunothérapie, encore au stade de la recherche, pourrait s’avérer intéressante pour traiter ce cancer souvent fatal chez nos compagnons.