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© @Shutterstock Paul's Lady

Le syndrome de privation chez le chien

Par Éric Duchêne Rédacteur | Journaliste

Publié le

Le syndrome de privation chez le chien

Le syndrome de privation du chien se caractérise par une inadaptation de l’animal à son environnement ; il se traduit par des manifestations de peur excessives. Il peut déboucher sur une anxiété permanente, une dépression ou de l’agressivité. Le traitement du syndrome de privation chez le chien fait appel à la thérapie comportementale.

Un chiot qui a peur de tout ? Un chien qui refuse de sortir ou tire en laisse pour rentrer ? Un animal qui grogne et se cache lorsque vous recevez des invités à la maison ? Ces manifestations de peur ne sont pas anodines. Elles peuvent vous gâcher la vie et celle de votre compagnon. Elles sont surtout le signe d’un profond mal-être. Et si votre chien souffrait d’un syndrome de privation sensorielle ?

Quelles sont les causes du syndrome de privation du chien ?

Le portrait type d’un animal souffrant d’un syndrome de privation est classiquement le chiot adopté un peu tard (après 4 mois) et ayant été élevé dans un endroit hypo-stimulant : chenil, campagne isolée… Placé dans son nouveau milieu de vie (milieu urbain, famille nombreuse…), le chiot présente des manifestations de peur, voire de panique, à des stimuli pourtant ordinaires comme des bruits de voitures ou des cris d’enfants. Il peut aussi être effrayé par les autres chiens ou certains humains.

Le syndrome de privation du chien est un trouble du développement. Le chiot hypo-stimulé pendant la période de sociabilisation présente un défaut de filtre sensoriel qui le fait paniquer face à des situations inconnues, mais objectivement non dangereuses. 

La période comprise entre la naissance et les 3 mois du chiot est donc primordiale dans le développement de ce trouble. Cependant, on pense que le syndrome de privation sensorielle repose également sur une base génétique.

@Shutterstock Zivica Kerkez

Comment se manifeste le syndrome de privation sensorielle du chien ?

Le syndrome de privation du chien se traduit par des manifestations de crainte injustifiées. L’animal va chercher à fuir l’objet de sa peur (trafic automobile, aspirateur, congénères…). La peur peut aussi se manifester par des mictions incontrôlées ou des diarrhées. Dans la vie quotidienne, le chiot très craintif se révèle inhibé (peu d’interactions) et hypervigilant (sursaute au moindre bruit). 

Quelques exemples de comportements d’un animal malade :

  • Chien qui tire sur sa laisse pour rentrer lors des promenades

  • Chiot qui n’arrive pas à acquérir la propreté car il est trop effrayé en extérieur

  • Chiot qui part se cacher lorsque des invités ou un chien viennent à la maison

A la longue, le syndrome de privation peut déboucher sur un état dépressif. Le chiot risque aussi de développer une agressivité secondaire vis-à-vis de certains humains ou chiens. En effet, surtout après la puberté, le chien prend malgré tout un peu d’assurance et peut se mettre à grogner et aboyer sur l’objet de ses craintes.

Tous les chiots ne sont pas atteints au même stade. En fonction de l’intensité de la peur (à quelques bruits ou généralisée), le pronostic est différent. Le développement secondaire d’une agressivité pose le problème de la dangerosité du chien. Les morsures liées à la peur sont souvent graves.

Comment soigner le syndrome de privation chez le chien ?

Le traitement de syndrome du privation sensorielle du chien fait appel à la thérapie comportementale. Il faudra au nouveau maître s’armer de patience et de douceur.

  • Immersion progressive

Si votre chiot montre des manifestations de crainte en présence d’enfants, pas question de lui faire faire la sortie de l’école le jour de son arrivée ! Laissez le d’abord s’habituer à votre progéniture, puis invitez quelques copains pas trop turbulents. 

Idem en cas de peur des voitures. Commencez par promener votre chiot dans une rue calme puis augmentez la difficulté. Vous pouvez aussi passer à votre domicile une bande sonore de trafic routier en élevant progressivement le volume.

@Shutterstock olgaarmawir

Il s’agit d’associer l’objet de la peur à quelque chose d’agréable. Par exemple, si votre chien a peur des enfants, vous pouvez lui distribuer des friandises lorsque des bambins viennent à la maison. Demandez ensuite aux enfants eux-mêmes de lui offrir les petites gâteries. Toujours sous votre surveillance bien entendu.

Vous pouvez faire pareil dans la rue pour détourner l’attention de votre chien et associer les sorties à un moment agréable. 

Bien sûr, il s’agit d’un travail de longue haleine. Des rechutes sont possibles. Les résultats sont meilleurs si le reconditionnement est commencé avant la puberté.

  • Pas de renforcement des peurs

Lorsque votre chien a peur, ne le prenez pas dans les bras, ne le caressez pas pour le rassurer. Ce comportement risque de le conforter dans ses appréhensions. Au contraire, essayez d’être le plus naturel possible puisqu’il n’y a rien à craindre !

  • Chien tuteur

Si vous connaissez dans votre entourage un chien adulte bien équilibré, présentez-le à votre chiot. Même s’il est d’abord effrayé, son comportement joueur devrait prendre le dessus. Lorsque le courant est passé, partez en promenade ensemble. Rien de mieux qu’un chien calme pour rassurer votre chiot et lui apprendre à évoluer sereinement dans votre environnement.

Pour rassurer votre chiot, vous pouvez également lui acheter un collier à base de phéromones ou des compléments alimentaires aux vertus relaxantes.

Dans les cas les plus graves, il est conseillé de faire appel à un vétérinaire comportementaliste. Des traitements médicamenteux adaptés peuvent permettre au chiot d’être plus réceptif à la thérapie comportementale.

Les éleveurs ont également un rôle important à jouer pour prévenir l’apparition de ce syndrome de privation du chien en sélectionnant des mères confiantes et en stimulant suffisamment les chiots avant leur départ dans leur nouvelle famille.

À lire aussi : Les phobies chez le chien : comment les comprendre, les traiter et les éviter ?

Dr Isabelle Vixège

Vétérinaire

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