Le chien agresse lorsqu’il a peur de quelque chose ou de quelqu’un. On observe cette attitude chez des sujets qui possèdent un fort sens de l’autoconservation. Ce type d’agressivité peut être mis en relation aussi bien avec la peur de ressentir une douleur déjà éprouvée, qu’avec la peur de sentir, au moment où on le touche, une douleur encore présente.
L’exemple classique est la peur du vétérinaire, justifiable dans la mesure où la première rencontre du chien avec le médecin est presque toujours traumatisante, car on le prend et on le place sur la table de consultation où il est entouré d’inconnus, touché avec des objets qu’il ne connaît pas et soumis à des manipulations qui, si elles ne provoquent pas de douleurs physiques, l’humilient (douleur psychologique).
Une expérience négative, liée à un fait douloureux, suffit à déclencher la peur même si la douleur a déjà disparu. Le chien apeuré adopte une attitude typique : queue entre les pattes, oreilles aplaties sur la tête et, si on lui bloque toute issue possible, il tend à se réfugier dans un coin en grognant.
S’il ressent une douleur réelle qui persiste – s’il souffre, par exemple, d’arthrose ou présente une otite extérieure ou une fistule périanale –, il se révoltera et attaquera chaque fois qu’il aura mal. L’agressivité liée à la peur est subite, sans signes avant-coureurs. De plus, le chien ne règle pas la violence de la morsure, qui est toujours très grave.
Il fait parfois preuve de plus d’agressivité en présence de son maître (par exemple chez le vétérinaire ou chez le toiletteur), parce qu’il le perçoit comme un refuge où il peut courir et chercher de la protection. Dans ce cas, il ne faut tenter aucune thérapie pour modifier ce comportement. Il suffit de le laisser seul durant la consultation ou le bain : n’ayant personne auprès de qui se réfugier après avoir mordu, il consentira à se faire ausculter et peigner.
Quelle attitude adopter ?
Il faut tout d’abord éliminer la source de la douleur, même si le souvenir d’un fait peut suffire à déclencher l’agressivité. Dans ce cas, il faut présenter au chien la situation ou la personne qui lui rappellent la douleur et la peur, mais à une certaine distance afin qu’il ne s’agite pas et avec un « appât » (une friandise ou une caresse), en réduisant progressivement la distance lorsqu’il a l’air plus détendu.
Pour obtenir un résultat positif, il faudra d’abord le priver de récompense, par exemple l’ignorer au cours des deux heures qui précèdent la séance ou le laisser à jeun. S’il est impossible d’éliminer la douleur, en cas de maladies chroniques par exemple, il faut faire attention à ne pas toucher le chien à l’endroit sensible, ni lui faire accomplir de gestes douloureux.
S’il continue à se comporter de façon agressive même après sa guérison, il est possible d’avoir recours à la technique de la désensibilisation, en s’approchant du chien et en effleurant légèrement la partie concernée : s’il ne réagit pas violemment, on le récompensera par une gourmandise (déconditionnement).
Cette approche thérapeutique prévoit deux séances par jour d’une dizaine d’exercices par séance, pendant au moins deux semaines. Dans les cas les plus graves d’agressivité par peur, il est possible d’associer des médicaments à la thérapie, mais seulement sous contrôle vétérinaire. N’infligez pas de sanction car c’est inutile, alors qu’il peut être profitable d’accroître l’autorité du maître en enseignant l’obéissance au chien.
Lorsque l’agressivité par peur se limite à certaines circonstances, et si elle ne se vérifie que très rarement, il est inutile d’avoir recours à une thérapie comportementale. Il suffit de contrôler le chien avec une muselière ou, si c’est possible, de ne pas l’exposer à la situation qui lui fait peur (on peut, par exemple, le laver à la maison et non pas chez le toiletteur). Si le problème a, au contraire, tendance à empirer, adressez-vous sans hésiter à un comportementaliste.
Attention : l’agressivité par peur peut cacher des pathologies comportementales très sérieuses, comme le syndrome de privation sensorielle, la dissociation primaire, la phobie post-traumatique, qui nécessitent une intervention thérapeutique organisée.