Bouledogues français, Bulldog anglais, Carlins, Pékinois… Tous ces petits chiens au nez écrasé en ce moment. Certaines races se vendent même à prix d’or. Attirées par l’aspect de bébé qu’ont ces chiens, certaines personnes préfèrent suivre leurs envies ou la mode au détriment de la santé du chien.
Le docteur vétérinaire Stéphane Tardif, rédacteur pour Wamiz, explique : « la brachycéphalie, c’est-à-dire le fait d’avoir d’avoir un museau plat, correspond au tassement des voies respiratoires supérieures (surtout fosses nasales) : le ronflement caractéristique de ces chiens, si apprécié par certains propriétaires, est en réalité le son produit à cause de l’étroitesse de son nez, appelé stridor. Il s’agit donc d’une malformation des voies respiratoires, sélectionnée dans la génétique de la race, dans son standard ».
Les chiens à museau plat souffrent-ils ?
Si mignons soient-ils, ces chiens à museau aplati peuvent souffrir. En effet, la sélection génétique, qui répond à la demande, a engendré au fil des années des chiens « hypertypés », c’est-à-dire avec des caractéristiques morphologiques exacerbées : un arrière-train toujours plus bas chez le Berger allemand, une peau toujours plus pliée chez le Shar-peï, des pattes toujours plus courtes chez le Basset, ou encore des museaux toujours plus plats. Au nom de l’esthétisme, ces chiens si physiquement « parfaits » au regard des standards de race, ont été mis en danger, comme le montre cette illustration de Purina Switzerland :
Il en résulte aujourd’hui de graves problèmes de santé : difficultés respiratoires, problèmes ophtalmologiques, auriculaires et cutanés, ainsi que des difficultés lors de la mise-bas en raison de la taille du crâne des chiots.
Les problèmes respiratoires dont souffrent ces chiens ne sont pas à prendre à la légère : « ils ont de la naissance au décès une insuffisance respiratoire congénitale. Cela les rend beaucoup plus fragiles et sensibles au niveau des pathologies respiratoires ou cardiaques », poursuit le Dr Tardif. Les chiens ne pouvant transpirer, ils régulent leur température corporelle en haletant. Or, leurs muqueuses nasales étant réduites, ces chiens doivent fournir plus d’effort pour respirer. Lorsqu’il fait chaud, cet effort peut devenir insupportable, au moins que l’animal peut en mourir.
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Faut-il interdire la reproduction de chiens hypertypés ?
La chirurgie peut permettre d’améliorer le confort de vie de certains chiens brachycéphales, dans certains cas, mais ne produit pas de miracle.
Alors pour éviter que ces chiens ne souffrent de génération en génération, faudrait-il interdire la reproduction des chiens hypertypés ? Pour le Dr Tardif, il faudrait surtout « communiquer autour de cette notion, que ce soit auprès des institutions pour forcer la modification des standards, auprès des éleveurs pour qu'ils soient plus responsables dans la sélection des critères à reproduire, et aussi auprès des propriétaires, pour qu'ils prennent conscience de ce qu'implique le choix de cette morphologie ».
La Suisse a d’ores et déjà pris des mesures en ce sens depuis le début de l’année : l’association suisse de médecine des petits animaux (ASMPA), L’association vétérinaires suisse de protection animale (AVSPA), la société de cynologie suisse (SCS) et la faculté Vetsuisse Berne se sont réunies pour sensibiliser ensemble le public aux dangers de la brachycéphalie, soutenir les élevages souhaitant améliorer la santé de leurs chiens, promouvoir la recherche universitaire dans le domaine de la brachycéphalie canine, ou encore limiter les publicités utilisant l’image des chiens brachycéphales.
Alors, devrions-nous prendre exemple sur nos voisins suisses ?
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