Des ombres rousses qui apparaissent sur un chaton argenté ? Mauvaise nouvelle pour l’élevage, le gène Rufus a peut-être frappé ! Petites explications (pas trop) scientifiques.
Les robes du chat : une affaire de génétique
Les possibilités de couleurs chez le chat sont presque infinies ! Du chat noir au tigré en passant par l’écaille de tortue, les chats européens présentent des couleurs variées. Mais ce n’est rien en comparaison des chats de races aux reflets subtiles et tâches non moins délicates. Ainsi dans les concours, les blue amber blotched tabby côtoient les brown ticked tabby ou les bien plus sobres black smoke…
Si les éleveurs ont pu développer des races aux robes aussi intéressantes, c’est parce que les variations de couleurs et de motifs sont liées à des facteurs génétiques et se transmettent de génération en génération.
En effet, la couleur d’un chat est déterminée par des gènes présents sur ses chromosomes qui influent sur la production des pigments contenus dans les poils.
On distingue des pigments foncés, noirs et bruns, et des pigments plus clairs jaunes à rouges. En fonction de la présence et de la répartition dans les poils de ces pigments, on obtiendra des robes différentes.
Ainsi :
- Un chat tout noir possède des poils contenant beaucoup de mélanine foncée. Un chat gris (ou bleu) est un chat noir « dilué » : à la suite d’une mutation génétique, la couleur est moins intense.
- Un chat roux et blanc est un animal avec une panachure blanche, c’est-à-dire des zones avec des poils sans pigment et des zones avec pigments orange.
- Plus compliqué, les chats dits écaille de tortue ou tortie sont des animaux femelles présentant sur un chromosome X le gène « orange » et sur l’autre le gène « brun ». Le pelage se divise ensuite en différentes plages dans lesquelles un seul des 2 gènes est actif d’où ce joli enchevêtrement de zones noires et rousses. Les mâles qui ne possèdent qu’un chromosome X (et un Y) ne sont donc jamais tortie.
Les pigments peuvent aussi se répartir de façon non homogène sur le poil, créant une alternance de bandes claires et d’autres plus sombres (ou ticking). On parle alors de poil agouti. Ce caractère est aussi contrôlé par un gène. L’Européen (ou chat de gouttière) tigré ou tabby déploie un poil agouti au niveau des zébrures plus claires. Il suffit d’examiner un des nombreux poils piqués sur le canapé ou les vêtements pour s’en convaincre…
Les chats dits silver sont des animaux présentant une poil agouti avec des bandes blanches et des bandes noires. L’effet produit est une robe argentée, d’où leur nom de silver.
Le ticking peut évoluer vers le tipping lorsque seul l’extrémité du poil est colorée : le fameux Persan chinchilla est un félin possédant des poils blancs avec une pointe noire.
Et le Rufus chez le chat dans tout ça ?
En ce qui concerne les robes de chat, le LOOF (Livre Officiel des Origines Félines) définit le Rufus comme « la présence renforcée de pigment jaune au niveau de la bande subapicale (bande située entre la pointe colorée et la bande de ticking précédente), qui donne des nuances jaunâtres à la robe, en particulier chez les chats silver ». Cet effet est produit par un ensemble de gènes ou groupe de polygènes.
Ces chats silver au lieu de présenter un pelage argenté vont avoir une robe tirant vers le jaune en raison de la présence de pigment jaune dans la bande blanche vers l’extrémité du poil. Ces reflets jaunâtres ou roux dus aux polygènes Rufus sont indésirables dans les robes silver.
A contrario, la présence des polygènes Rufus sur les chromosomes peut être un atout dans la recherche d’une robe chaude orangée comme chez les Abyssins.
Pour la petite anecdote, le terme Rufus vient du latin et signifie tout simplement roux.
Cette coloration du pelage d’origine génétique ne doit pas être confondue avec un roussissement du poil lié au léchage. La salive a en effet un pouvoir oxydatif qui peut faire roussir le pelage. Dans ce cas, le Rufus du chat est innocent et la présence gênante de puces est à rechercher en priorité !