Tout a commencé par un simple signalement. Dans la paisible ville de Kleve, au nord-ouest de l’Allemagne, non loin de la frontière néerlandaise, les services vétérinaires ont été alertés de la présence d’un chat inhabituel dans un quartier résidentiel. Sur place, les autorités ont découvert Muffin, un magnifique félin au pelage tacheté… et au pedigree pas tout à fait ordinaire.
Une nature sauvage
À première vue, Muffin a tout d’un chat domestique élégant : de longues pattes, une allure élancée et un regard vif. Pourtant, derrière ses airs de félin raffiné se cache un héritage bien plus sauvage. Muffin est un chat Savannah de première génération, un croisement direct entre un Serval africain et un chat domestique.
Ce mélange donne naissance à un animal spectaculaire, souvent décrit comme un « mini-léopard ». Mais c’est justement cette part de nature sauvage qui pose problème.
Interdiction suite à un signalement anonyme
Le dossier a pris une tournure sérieuse après l’intervention du service vétérinaire. Selon leurs constatations, Muffin appartient à la génération F1, c’est-à-dire aux tout premiers descendants d’un Serval. Ces animaux sont considérés comme imprévisibles et dotés d’une force physique bien supérieure à celle d’un chat domestique.
Les autorités de la ville ont alors ordonné à ses propriétaires de se séparer du félin dans un délai de deux semaines. Estimant cette mesure injuste, le couple a déposé un recours auprès du tribunal administratif de Düsseldorf, arguant que Muffin était affectueux, parfaitement sociable et n’avait jamais causé le moindre incident. Mais les juges ne l'ont pas entendu de cette oreille.
Les juges constatent des « dangers considérables »
Le tribunal administratif de Düsseldorf a d’abord rejeté la demande en urgence, une décision ensuite confirmée par la Cour administrative supérieure de Münster. Dans son jugement rendu début octobre, la Cour estime que la détention d’un tel animal n’est « ni habituelle ni inoffensive » au sein d’un quartier résidentiel.
Le motif indique que la « détention de petits animaux » n'est autorisée que si elle est « habituelle et inoffensive » pour le quartier résidentiel. Cependant, les chats Savannah de première génération ne remplissent aucune de ces conditions.
Un chat de luxe à l'héritage sauvage
Les chats Savannah sont considérés comme des symboles de statut social. Le prix de ces chats exotiques peut atteindre 10 000 euros. Des stars comme Justin Bieber les ont rendus populaires.
Mais derrière l’apparence d’un félin d’exception se cache une réglementation complexe. En Allemagne, comme en France, la détention d’un Savannah F1 à F4 est strictement encadrée : elle nécessite des autorisations spéciales et des installations sécurisées. Les générations plus éloignées du Serval (à partir de la F5) sont en revanche considérées comme domestiques.
Pour les propriétaires de Muffin, le verdict est un choc. Ils avaient espéré pouvoir garder leur animal exotique. Mais ils doivent maintenant se séparer définitivement. Un appel n'est pas possible.