Ce sujet fait débat, c’est pourquoi un rappel historique permet de comprendre à la fois l’intérêt et les dangers d’un tel outil médical. Petit retour au 18ème siècle, à l’époque où la variole était une menace courante et répandue.
Le principe de la vaccination : la découverte de la variolisation
Le principe de la vaccination repose sur une observation : lorsqu’un humain entrait en contact avec une maladie et y survivait, il avait plus de chance de résister à nouveau contre la même maladie. Une idée est alors apparue : pourquoi ne pas combattre le mal par le mal ? Si on inocule à petite dose ce qui provoque la maladie, le corps pourrait alors apprendre à y résister efficacement. C’est l’un des principes qui fonde également la médecine homéopathique, mais nous ne traiterons qu’un sujet délicat à la fois !
Dans la pratique, des patients sains étaient mis en contact de façon répétée avec le contenu des vésicules des patients atteints de variole. Cette pratique est historiquement difficile à dater et localiser : Asie et Afrique aurait développé cette méthodes au cours des siècles. La première mention de la variolisation remonte à la Chine, au 16ème siècle.
C’est en 1760 que Daniel Bernoulli a démontré l’intérêt de cette pratique, déjà controversée à l’époque : les patients traités gagnaient quelques années d’espérance de vie. La controverse venait des risques importants de la pratique : dans 1 à 2% des cas, le patient attrapait la variole au lieu de s’immuniser contre elle... On ne refait pas l'histoire, mais elle se répète souvent quand même...
Il est ensuite difficile d’attribuer la découverte de la vaccination à un chercheur, tant la pratique a été testée dans les années qui suivent par de nombreux thérapeutes. C’est en 1796 que le médecin anglais Edward Jenner inocule la vaccine, appelé aussi la variole de la vache, au jeune James Phipps, âgé de 8 ans, ce qui eut pour effet de l’immuniser contre la variole, et de donner son nom à la méthode (qui aurait pu aussi bien s’appeler l’équination, car cette variole se transmet aussi aux chevaux).
Ce procédé fut utilisé au 19ème et au 20ème siècle en médecine vétérinaire : l’ovination (qui lutte contre la variole ovine), et l’aphtisation (contre la fièvre aphteuse, un véritable fléau microbien) reprennent ce principe, avant que ne soient découverts leurs vaccins correspondants.
Comment fonctionne notre immunité naturelle ?
L’immunologie, la branche de la science qui étudie les mécanismes biologiques de l’immunité, est une science jeune. La compréhension de notre physiologie avance rapidement, et on connait aujourd’hui beaucoup de mécanismes immunologiques différents : des réactions locales ou dans tout le corps, mobilisant des molécules complexes, ou des cellules dédiées (les fameux globules blancs).
Le vaccin s’intéresse particulièrement à la production d’anticorps : ce sont des protéines particulières, très efficace pour lutter notamment contre les infections virales, mais aussi bactériennes. Ainsi, pour mesurer la réussite ou non d’un vaccin, et en même temps la protection accordée à l’individu, il suffit de mesurer le taux d’anticorps sanguins dirigés contre la maladie (une sérologie). S’il est supérieur à un seuil de protection donné, alors l’exposition à la maladie n’entraine plus l’apparition des symptômes.
La présence de ces anticorps dans le corps peut varier en durée : c’est pourquoi on pratique des rappels, utiles pour stimuler à nouveau le système immunitaire. Naturellement, suivant les maladies, les protocoles de rappel peuvent varier.
Comment fonctionne un vaccin ?
Un vaccin est donc un médicament biologique, donné à but préventif, pour que le corps puisse résister de lui-même à une maladie infectieuse.
Il est composé de fragments de microbes (virus ou bactéries), voir du microbe entier mais mort ou atténué : cela dépend énormément des maladies contre lesquels on vaccine. Le but du vaccin est de déclencher une réponse du corps (et notamment une « mémoire » immunitaire) sans provoquer la maladie !
Un excipient accompagne le vaccin : il sert à le transporter, mais peut aussi aider à augmenter la réponse immunitaire (par une réaction inflammatoire locale qui attire les globules blancs).
Lorsqu’une maladie se répand dans une population, si un certain nombre d’individus sont vaccinés, le microbe n’arrive pas à se multiplier et finit par s’éteindre. Ce fut le cas de la rage en France dans les années, lors de la campagne vaccinale lancée sur la faune sauvage. Mais à l’inverse, si le pourcentage d’individus vaccinés diminue, il y a un risque que la maladie revienne !
Le vaccin est donc un outil de protection qui sert à la fois un intérêt personnel (se protéger contre une maladie) et un intérêt commun (éviter de répandre la maladie). Cependant, il requiert beaucoup de vigilance car son utilisation n’est pas sans risque.
Quels sont les dangers du vaccin ?
Un outil n’est intrinsèquement ni bon ni mauvais : il présente des avantages et des inconvénients, en fonction de l’utilisation qu’on en fait. Le vaccin n’échappe pas à cette règle, d’autant qu’il existe des différences parfois importantes entre les différents vaccins.
En effet, les maladies contre lesquelles on vaccine ne sont pas les mêmes ! Et les effets secondaires du vaccin dépendent énormément des symptômes que la maladie initiale provoque. Il y a deux paramètres importants à prendre en compte :
- l’efficacité du vaccin : il s’agit du pourcentage d’individus immunisés après avoir reçu le protocole vaccinal. Certains vaccins traitent plusieurs maladies en même temps (comme le coryza du chat) et des individus peuvent tomber malade malgré le vaccin, d’autres (comme la rage) sont particulièrement efficaces et garantissent une très bonne protection.
- les effets secondaires : que ce soit dû à l’agent microbien directement (cela dépend des maladies) ou à l’excipient (parfois plus bon marché que sain), le vaccin, comme tout médicament, présente un risque. Lisez cet article pour connaître les bonnes pratiques vaccinales et les dangers d’une mauvaise pratique.
Recevoir un vaccin revient donc à décider entre les risques d’attraper une maladie (qui dépendent irrémédiablement des conditions de vie) et ses effets secondaires. Cela dépend énormément des différentes maladies (que ce soit chez le chien ou chez le chat), donc n’hésitez pas à prendre conseil auprès de votre vétérinaire pour recevoir un protocole vaccinale cohérent et mesuré.
Dr Stéphane Tardif
Docteur vétérinaire et rédacteur pour Wamiz