Les comportements agressifs du chien changent suivant l’interlocuteur. Si la lutte se produit entre deux chiens, un « modérateur » très écouté intervient : mère nature en personne, qui transmet l’instinct de conservation de l’espèce.
Le chien : animal social
Mère nature ne souhaite pas que les luttes intestines dépeuplent les meutes de loups (ou de chiens), car cela mettrait l’espèce en danger : l’agressivité et la combativité au sein de l’espèce sont donc ritualisées. Pour être plus clair, disons que les grondements, les aboiements et les menaces ont un but précis au sein de la communauté canine car ils servent à établir un ordre hiérarchique précis.
Le chien, comme le loup, est un animal social qui vit en meute et à l’intérieur d’une structure sociale où l’anarchie ne peut pas régner. Pour que tout fonctionne bien, de la chasse à la défense de la meute, il doit y avoir des commandants et des subordonnés, des généraux et de simples soldats. Dans la meute, les positions hiérarchiques ne s’établissent pas « seulement » par la lutte, mais la lutte est l’un des moyens utilisés ; le problème est que la lutte jusqu’à la dernière goutte de sang priverait la meute de certains sujets.
Ritualisation au sein du groupe
C’est la raison d’être de la ritualisation : des gestes rituels et de grandes mises en scène qui servent à établir qui a le plus de cran, qui est le plus fort physiquement, qui a le plus de constance ou le plus de charisme. Ces mises en scène ne prévoient pas l’élimination du plus faible, mais sa soumission.
Lorsque deux loups se battent, le perdant n’est pratiquement jamais tué : il suffit qu’il « se rende » par des gestes rituels (s’allonger sur le dos, ventre exposé ou en offrant sa gorge au vainqueur). Ces gestes inhibent immédiatement l’agressivité du plus fort, qui abandonne toute attaque. Les victoires sont donc surtout morales.
Intervention de l'homme
Dans le cas du chien, malheureusement, l’homme a parfois dénaturé ce comportement : en partie par la sélection et en partie en « éduquant » (même si dans ce cas il faudrait parler de destruction de l’éducation) certains sujets pour exacerber au maximum l’antagonisme entre sujets du même sexe. Cette œuvre humaine entraîne le fait que certains chiens peuvent être poussés à se battre entre eux jusqu’à la mort.
Mais il faut souligner – y compris parce qu’il s’agit d’un sujet d’actualité – que c’est un comportement contre nature et que la nature, par chance, possède une force supérieure à celle de l’homme. Il en résulte que n’importe quelle race de chien de combat, livrée à elle-même, en revient à la ritualisation en l’espace de quelques générations.
La meute peut également tuer si elle se retrouve face à un prédateur, par exemple un puma ; celui-ci constitue en effet un danger pour la meute. Dans ce cas aussi, Mère Nature ne trouve rien à redire contre l’élimination physique dressage, dans la grande majorité des cas, peuvent revenir à une existence pacifique à condition d’être repris en main par une personne compétente et experte.
En somme, le chien ne naît jamais « féroce » ou sanguinaire envers ses pareils : il peut le devenir à cause de l’intervention d’hommes dont le comportement ne peut être qualifié qu’en des termes qu’il vaut mieux ne pas utiliser. Le cas du comportement en dehors de l’espèce est assez différent : dans ce cas, le chien peut arriver « naturellement » à agresser et à tuer.
La meute tue, bien entendu, lorsqu’elle se trouve devant une proie (tuer pour manger est tout à fait normal dans la nature).
Pour résumer
Les luttes au sein de la même espèce vont rarement jusqu’à la mort de l’un des protagonistes et sont réglementées surtout par des gestes ritualisés. En revanche, les luttes entre deux espèces différentes tendent à se conclure par la mort d’un des protagonistes et ne sont pas ritualisées.
Mais les hommes et les chiens sont-ils considérés comme faisant partie de la même espèce ? « Non » est la réponse qui vient spontanément à l’esprit, puisqu’il paraît évident que nous appartenons à une espèce complètement différente. Et pourtant, la bonne réponse est « oui », ou du moins, c’est ce que le chien doit croire. C’est justement le but de l’imprinting.
Puisque le chiot commence à se former au niveau psychologique, tout comme un enfant, dès les premiers instants de sa vie, nous le suivrons pas à pas depuis l’heure « zéro » (c’est-à-dire la naissance), jusqu’au moment où il découvre notre existence.