Le chien est un animal social : son espèce a pour habitude de former des groupes pour vivre ensemble. Pendant des décennies, on a comparé les groupes de chiens aux meutes de loups, notamment au niveau du comportement. Leur affiliation génétique a justifié la comparaison, sans finalement prendre le temps de vérifier si chiens et loups avaient gardé exactement le même comportement.
Le mythe de la dominance
Or, la réalité est plus complexe. Des observations récentes, sur les meutes de chiens semi-sauvages, montre des groupes de taille petite (3 à 5 individus, en moyenne), et surtout, pas de chef de meute ! Il y a bien des chiens au tempérament plus « assertif », mais cela dépend énormément du contexte et des autres individus du groupe ! Il n’est donc pas indispensable de dominer son chien pour qu’il soit équilibré.
Même la notion de territoire est remise en cause : ces études montrent que les conflits entre les groupes de chiens ne dépendent pas tant d’un espace délimité, mais des ressources alimentaires qui y sont présentes. Il est finalement logique que ces notions complexes et humaines soient différentes dans un cerveau de chien.
Quel est la bonne relation à avoir avec mon chien ?
Le chien a donc besoin d’une relation qui est avant tout équilibrée. Le chien a besoin d’un cadre pour apprendre et comprendre les comportements que vous ne voulez pas voir chez lui, ou les ordres dont il a besoin pour vous accompagner (rappel, marche en laisse, etc…). Mais il a également besoin d’un espace de liberté où il peut exprimer et satisfaire ses besoins.
Il est donc important d’être à son écoute, d’une part, pour savoir reconnaître quels sont les besoins propres à votre chien. Vous pouvez satisfaire en premier lieu les besoins canins habituels (activité, exploration, jeux sociaux), mais chaque chien peut avoir des goûts différents, et c’est à vous de trouver le jouet préféré, ou le jeu favori de votre chien.
D’autre part, il est important d’être constant, et de se mettre à la portée de votre chien. N’attendez pas qu’il comprenne automatiquement quelles sont vos règles, voyez toujours les choses du point de vue du chien. Et ce n’est pas évident ! Nombreux sont les nouveaux maîtres qui ne comprennent pas pourquoi leur chien continue à faire des bêtises, imaginant des intentions comme la vengeance chez lui…
La réalité est souvent plus simple : le chien n’a simplement pas compris ce qu’on attendait de lui. N’hésitez pas, en cas de doute, à prendre l’aide d’un éducateur canin (de préférence en éducation positive) pour assimiler les réflexes à avoir pour une bonne communication.
Quelle est la place du chien à la maison ?
Finalement, vous pouvez considérer votre chien comme un individu à part entière. Ses besoins ne sont pas les mêmes que pour un humain, il convient donc, avant l’adoption, de préparer son domicile pour l’accueillir en respectant ses besoins.
Ce n’est donc pas le chien qui doit s’adapter à notre mode de vie, mais l’inverse : notre mode de vie doit tenir compte des besoins du chien, que ce soit en termes d’espace, et de présence pour s’occuper de lui. Le chien a déjà naturellement une formidable capacité d’adaptation, mais ce n’est pas à lui de faire 100% du travail.
Vous pouvez par exemple restreindre l’espace accessible au chien (que ce soit la cuisine, la chambre, le lit, le canapé,…), mais à condition de lui donner assez d’espace par ailleurs, et lui fournir le temps d’attention dont il a besoin. A l’inverse, si cela ne vous dérange pas ou vous fait plaisir, vous pouvez l’autoriser à monter sur le canapé, par exemple. L’important n’est pas la règle elle-même, mais de savoir fixer ses propres limites, et correctement les transmettre au chien.
Pour reprendre l’exemple du canapé, n’invitez pas votre chien à monter pour une cession câlin, pour ensuite lui interdire un autre jour où vous n’êtes pas d’humeur. Il faut se fixer des règles simples, et s’y tenir. Pour un chien, ce genre de va-et-vient sur les interdits peut être totalement incompréhensible et générer de l’anxiété.
Autre exemple, la malpropreté s’explique souvent par ces problèmes de communication et de mauvais apprentissages : les propriétaires réprimandent le chien au mauvais moment, et ne savent pas comment l’orienter vers l’extérieur. Voici comment apprendre la propreté à un chiot.
Le pire comportement à observer est l’agressivité : je recommande à un propriétaire de chien peu habitué de prendre conseil auprès d’un professionnel pour gérer ces situations potentiellement dangereuses. Plus le problème est pris tôt, et plus les chances de le corriger sans séquelles sont grandes, mais l’erreur courante est d’ignorer le problème jusqu’à ce que la situation devienne intenable. Dans de nombreux cas, la réaction du maître amplifie également le problème. N’attendez donc pas pour demander à un professionnel de l’éducation canine.
Quelle est la place du chien dans la famille ?
De la même façon, en tant qu’individu social et sensible, le chien va avoir une relation propre avec chaque membre de la famille. Idéalement, ces relations aussi doivent être équilibrées.
Le chien aura tendance à chercher de l’attention auprès de tous les membres de son groupe familiale. Mais il n’est pas indispensable que le chien soit proche de tous les membres de la famille (certaines races ou certains tempéraments peuvent être plus exclusifs).
Par contre, chacun doit respecter la place du chien, notamment les enfants, qui peuvent ne pas savoir détecter les signaux d’alerte émis par votre chien, quand il en a marre. Il est donc très important d’éduquer les enfants à respecter l’animal et ne pas le prendre comme une peluche. On peut par exemple définir le panier comme étant son refuge, et interdire d’embêter le chien quand il s’y réfugie. Il convient également de ne jamais laisser les enfants seuls avec le chien.
Le chien est donc un animal intelligent, capable de s’adapter à bien des situations. Mais ce n’est pas un robot, il pourra donc avoir un tempérament et des comportements imprévisibles, auquel il faudra savoir faire face. Et c’est un animal qui a des besoins éthologiques importants. L'adage donné dans le titre de cet article est donc biaisé : à partir du moment où on accueille le chien, vous partagez votre foyer pour lui donner une place.
Quelle que soit la place que vous souhaitez lui donner dans votre foyer, assurez-vous d’avoir les ressources nécessaires pour combler ses besoins, et la relation d’affection et de confiance que vous développerez avec votre chien n’aura pas d’égal.
Dr Stéphane Tardif
Docteur vétérinaire et rédacteur pour Wamiz