Que ce soit lors de l’adoption en élevage, ou via une animalerie, la question du sevrage des chatons et des conditions dans lesquelles il est réalisé sont cruciales. Il est impossible de contrôler ces paramètres pour la majorité des chats, issus « de la rue », mais si l’occasion se présente, comment faire au mieux pour les chatons ?
Comment réaliser un bon sevrage ?
Tant que le chaton vit dans sa fratrie, il a tendance à avoir un comportement social assez important : les jeux entre chatons prennent une place conséquente et permettent au chat d’apprendre à chasser, mais aussi à interagir avec ses congénères.
Dans la nature, le sevrage se réalise lorsque la mère commence à repousser les chatons, pour repartir vivre de manière autonome : elle aura un comportement très similaire une fois que les chatons commenceront à grandir. Elle se montrera de moins en moins patiente lorsqu’ils réclameront des jeux et de l’attention (parfois même de manière agressive), ce qui provoquera rapidement le détachement du chaton.
Dans l’environnement humain, la rupture est souvent brutale, et s’accompagne d’un grand changement environnemental : le sevrage se fait souvent lors de l’adoption. Pour le chaton, c’est une double peine : il doit gérer sa nouvelle indépendance, tout en découvrant un nouvel univers. Il est donc préférable de réaliser le sevrage par étapes.
Idéalement, il faut attendre que les apprentissages soient réalisés, vers 3 mois : on sépare alors progressivement la mère des chatons. Les chatons sont laissé seuls sur des périodes de plus en plus longues. Il faut ensuite faciliter l’arrivée du chaton dans la nouvelle maison, en lui laissant du temps et en minimisant les contraintes.
Ces deux critères sont finalement deux paramètres très importants pour comprendre le comportement du chat, et réaliser un bon sevrage : le chat est un animal ritualisé, craintif et peu enclin au changement. Patience et douceur sont donc deux principes à respecter pour tout acte pouvant représenter une difficulté pour le chat.
Quelles sont les bonnes conditions de développement en foyer humain ?
Dans le cas où les chatons naissent en notre présence, nous avons le contrôle de l’environnement : la chatte est généralement dans son foyer, et dispose d’une alimentation en abondance. Nous pouvons également proposer au chaton des interactions, ou pas. Que faut-il alors choisir ?
Les chats ayant été manipulés très tôt, et recevant beaucoup de stimulations lors des 2-3 premiers mois, ont tendance à être moins anxieux ou craintifs, et plus curieux, explorateurs et sociaux. Il semble donc pertinent de lui offrir le maximum de stimulations positives, et diverses, afin de le préparer au mieux.
De plus, dans le développement comportementale, l’émotion « peur » apparaît après les motivations liées à la curiosité : c’est ce qui pousse le chaton à sortir explorer son environnement. Mais à l’âge adulte, le chat est beaucoup plus craintif que curieux : on dit qu’il est néophobe, en ce sens qu’il a souvent peur de ce qu’il ne connait pas.
C’est donc très important notamment de présenter au chat l’environnement auquel il sera confronté en tant qu’adulte : lui exposer des chiens s’il part vivre dans un foyer avec un chien, de même avec les enfants ou d’autres chats adultes. De même avec l’alimentation, les jeux, les bruits…
Médicalement parlant, les recommandations habituelles sont d’éviter les sorties et les contacts avec les autres chats avant 3 mois (par rapport aux délais de vaccination). Mais éthologiquement parlant, il est essentiel de stimuler votre chat le plus tôt possible ! C’est donc à compromis à faire en fonction des risques de maladies félines dans le secteur.
Le chat, un animal apprivoisé
Le chat est un animal à tendance plutôt solitaire : dans la nature, les adultes vivent seuls, et ne se croisent généralement que pour la reproduction.
Le chat est-il un animal domestique ? La question peut paraitre saugrenue, et pourtant, elle ne l’est pas : la définition d’un animal domestiqué implique, entre autre, qu’ils se reproduisent sous contrôle de l’humain.
Or, chez le chat, un grand nombre de reproductions y échappent complètement. Ce qui fait de du chat dit domestique, ou felis silvestris catus, une espèce qui est plutôt apprivoisée. Nous ne sommes donc souvent pas présents lors des premiers instants de la vie du chat.
Le sevrage est souvent très précoce : le chaton, entre 2 et 3 mois, présente un tube digestif capable de digérer des aliments solides, et des comportements de prédation : c'est potentiellement déjà un individu autonome, capable de se nourrir d'insectes et de petites proies.
Comment se déroule la vie d’un chaton sauvage ?
La nature est un milieu difficile, pauvre en ressources alimentaires : la mère retourne à ses occupations rapidement, pouvant laisser les chatons entre 2 et 6 mois.
Intéressons-nous donc d’abord à ce qu’il se passe, lorsqu’il n’y a pas d’humain : comme dit plus haut, le chat n’a pas tendance à vivre en groupe dans la nature. Mais depuis qu’il vit près de l’humain, il se reproduit souvent près de nos foyers (à défaut d’être dedans). C’est l’archétype du "chat des rues", exploitant allègrement l’environnement urbain dans lequel il trouve beaucoup de ressources, mais ayant peu voire pas de contacts avec l’homme.
On constate dans ces environnements des chats moins solitaires (des communautés de chats) : on dit que le chat est solitaire opportuniste. L’abondance de la nourriture semble être un des éléments favorisant le rapprochement entre chat.
Dans ces conditions, le chat peut bien rester plus longtemps en présence de sa fratrie et de sa mère : jusqu’à la puberté, voir à l’âge adulte, on peut retrouver ces chats dans des zones assez proches, avec encore des interactions sociales.
Mais il faut garder à l’esprit que le chat, contrairement au chien ou à l’humain, aura plus facilement tendance à s’occuper seul, et ressent moins le besoin de contact social. Ce que les premiers instants de vie apportent au chat auront cependant un impact considérable sur sa capacité à supporter ses congénères plus tard : on parle de socialisation.
Dr Stéphane Tardif
Docteur vétérinaire et rédacteur pour Wamiz
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