Les félins sont des carnivores, la chasse est donc une activité assez indispensable puisqu’elle assure son alimentation. Mais la stratégie de chasse est très variable d’une espèce à l’autre : elle dépend énormément du type de proie que le prédateur chasse, et de ses besoins alimentaires.
Pourquoi la chasse est l’activité préférée du chat
Si on évalue les besoins du chat en nombre de souris, il lui faut environ une douzaine de souris par 24h, ce qui fait environ un repas toutes les deux heures. Le mode de régime alimentaire du chat est donc le grignotage : il fait potentiellement 10 à 20 repas au cours de la journée, au cours desquels il est censé consommer un volume assez important de nourriture. Le chat mange ses proies en entière, et comme tout organisme, elles sont composées à 70% d’eau, donc une grande partie de ses besoins hydriques sont assurés également par la nourriture solide.
On comprend bien pourquoi le chat passe sa journée à chasser, dès qu’il est éveillé : il doit les trouver, toutes ces proies, pour assurer ses besoins ! Cela explique également le mode de chasse du chat : à l’affut, opportuniste. Il ne traque pas ses proies (bien trop chronophage), il préfère fréquenter des lieux où il sait en trouver sur son domaine de vie, et sauter sur la moindre occasion qui se présente à lui. Il est toujours prêt : même s’il vient de finir un repas, si autre proie passe devant lui, il n’hésitera pas à la chasser aussi. Autrement dit, le chat a tout le temps faim !
On étudie l’activité du chat avec un outil, le budget-temps : cela désigne simplement la répartition des activités, sur une journée. Il s’avère que le chat occupe la majorité de son temps, dans la nature, à arpenter ses lieux de chasse habituels. On remarque qu’un chat qui vit dans un foyer avec accès à l’extérieur reproduit ce comportement assez naturellement. Cela se manifeste entre autres par ce que les propriétaires appellent le « quart d’heure folie », qui prend le chat deux à trois fois par jour.
A la maison : le lien entre le jeu et la chasse
La chasse est un comportement d’adulte indépendant, mais le jeune chat l’apprend par le jeu. En effet, les stimuli qui déclenche le jeu sont les mêmes que les comportements de prédation : un petit objet qui passe rapidement dans son champs de vision, ou un bruit intriguant, sont autant de sources d’intérêt et d’excitation pour le chat.
Dans la mesure où les besoins alimentaires du chat sont assurés par la gamelle, il n’a plus besoin, au cours du jeu, d’aller jusqu’à la « mise à mort » et la consommation de la proie. Il se contente de courir derrière, et éventuellement de donner des coups de pattes ou de dents.
Le jeu du chat se distingue alors en deux :
- Le jeu avec des objets inanimés. Le chat peut utiliser tout le répertoire comportemental de la chasse, sans se restreindre (notamment au niveau du contrôle de la morsure ou des griffes). L’inconvénient est que l’objet ne bouge pas de lui-même, c’est donc le chat qui s’intéresse à cet objet pour des critères qui lui sont propres. Et ce n’est pas toujours évident pour nous humain : tout le monde a vu son chat ignorer le jouet spécialement prévu pour lui, pour se contenter d’un bouchon en liège. C’est bien plus efficace quand un humain anime l’objet, ce qui stimule le chat par le mouvement.
- Le jeu social, dixit avec d’autres individus. Le chat simule la chasse en jouant à poursuivre sa proie, ou en l’attendant, à l’affut, pour lui sauter dessus. Ce type de jeu est extrêmement stimulant pour le chat, puisque l’objet est cette fois-ci animé de lui-même. L’inconvénient est que le chat n’est pas très sociable, avec ses congénères. Mais ce n’est pas le cas avec nous ! Le chat étant assez naturellement attiré par l’humain, et ce comportement étant renforcé chaque fois qu’on leur distribue de la nourriture, il développe rapidement une relation ou le jeu devient central pour garantir l’équilibre de la relation.
Lors de jeux sociaux, la grosse difficulté du chat est son empathie : l’excitation monte souvent à un point où il commence à faire mal, et tous les chats ne sont pas capables de s’en rendre compte, et d’apprendre à contrôler ses griffes. Il suffit d’arrêter le jeu le temps que le chat se calme, quand il commence à s’énerver, et il pourra alors apprendre à contrôler son excitation pour que le jeu perdure.
Comment savoir quel jeu préfère votre chat ?
On comprend donc que le chat est un animal qui passe apparemment beaucoup de temps à l’affut et en attente, mais qui en pratique a un besoin d’activité et de stimulation cérébrale assez élevé. Un chat qui sort à l’extérieur pourra, selon sa volonté, se dépenser comme il l’entend, et se fournir toutes les stimulations qu’il souhaitera (on reconnait d’ailleurs des chats plus ou moins téméraires et explorateurs à la surface qu’ils explorent en balade).
Mais pour un chat qui vit en intérieur, il n’aura pas l’espace ou les stimulations nécessaires pour subvenir à ses besoins : certains pourront manifester des problèmes de comportement lié à un mal-être (malpropreté, agressivité excessive,…).
Une solution pour améliorer son environnement est simple : il faut lui fournir une activité. Il y a plusieurs axes sur lesquels travailler :
- l’axe principale d’enrichissement pour un chat est la gamelle : il ne faut plus lui laisser l’aliment en libre-service, mais lui donner un exercice pour obtenir ses croquettes. Les gamelles « cat activity » sont faites pour obliger le chat à prendre sa nourriture petit à petit, en utilisant ses pattes : cela lui permet de passer plus de temps sur les repas, activité hautement agréable pour lui. Il est aussi vivement recommandé de répartir la nourriture entre différentes gamelles, qu’on change d’emplacement tous les jours (et ne pas hésiter à les mettre sur des supports en hauteur, ou cachées).
- l’axe secondaire est le jouet : difficile de vous donner le jouet pour chat idéal, car comme pour un enfant, chaque chat va développer sa personnalité et avoir ses préférences. Le plus simple est de faire des essais, et voir ce qui lui plait. Certains chats vont adorer les boulettes, d’autres les ficelles, certains vont se contenter de jouets « fait-maison » tandis que d’autres vont adorer les jouets pour chats. De plus, le jouet attire le chat souvent pour son caractère nouveau : une fois bien utilisé, il peut décider de l’abandonner, voir y revenir plus tard. Donc observez votre chat, voyez ce qui le fait réagir, et ne vous vexez pas de le voir ignorer vos cadeaux, n’hésitez pas à lui en donner plus.
Ces deux premiers enrichissements sont à fournir en particulier au chat la nuit, si vous voulez évitez les miaulement intempestifs !
- le dernier axe est le jeu social : il faut lui proposer des interactions, en jouant directement avec lui. Vous pouvez jouer à cache-cache par exemple, les chats adorent surprendre ou se faire surprendre, dans un contexte de jeu. Vous pouvez aussi utilisez des objets, notamment si votre chat n’a pas appris à contrôler ses griffes. Par exemple, beaucoup de chats adorent quand vous chahutez avec lui, mais faire ça sans protection autour de la main ou du bras peut vite dégénérer ! Le laser, bien qu’invitant le chat à poursuivre un point lumineux, est aussi un jeu social : le chat apprend vite que le laser n’apparaît que près de vous, il repère même souvent l’objet qui initie le jeu. L’avantage du chat sur le chien est qu’il ne se frustre pas de ne jamais attraper sa cible, c’est un jeu très stimulant pour lui.
Il est donc important de toujours finir les phases de jeux par ce qui termine la chasse habituellement : une récompense alimentaire. Cela permet au chat de revenir au calme, tout en garantissant un ressenti très positif pour conclure l’interaction. Quelques croquettes ou une cuillère de pâté pour chat, et vous ferez de ces moments de jeux le meilleur moment de la journée !
Dr Stéphane Tardif
Docteur vétérinaire et rédacteur pour Wamiz
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