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Le chien Ivaar dans sa nouvelle vie

Ce chien a enfin connu son miracle

© Odile D.

À 8 ans, ce chien avait déjà fait 7 ans de refuge : ils décident de changer sa vie et nous livrent un récit bouleversant

Par Anaïs Drux Autrice

Publié le

L'histoire de ce chien avait bouleversé de nombreux internautes. Parmi eux, se trouvait la famille qui a décidé d'agir pour changer son destin...

Ivaar est un charmant croisé Labrador noir qui était invisible aux yeux de tous. Dans son box de la SPA de Chameyrat, en Corrèze (19), le pauvre toutou semblait poursuivi par la pire des malédictions, celle qui fait tomber certains chiens de refuge dans l'oubli. 

Âgé de 8 ans, il avait déjà passé 7 années derrière les barreaux d'une cage et n'avait rien fait pour mériter cette condamnation, si ce n'est d'avoir croisé à un moment de sa jeunesse des humains qui l'ont laissé tomber. Depuis, ce gentil chien était confus, dans une attente interminable, se fermant de plus en plus à l'idée du moindre espoir. 

À force d'être enfermé et ignoré de tous, Ivaar s'est replié sur lui-même et affichait une grande timidité qui ne l'aidait pas à séduire de potentiels adoptants. Pourtant, derrière cette attitude introvertie à l'extrême, il y avait un coeur qui ne demandait qu'un peu de tendresse, ou même, rien qu'un simple regard. Attristés par le sort de ce grand chien noir, les employés de la SPA ont diffusé le récit de sa triste histoire sur les réseaux sociaux au mois de mai 2025, ce qui n'a pas manqué d'attirer l'attention de la rédaction de Wamiz. Alors, dans un élan de la dernière chance, nous avions décidé de raconter le quotidien de ce pauvre chien. 

Dans un article faisant le portrait d'Ivaar, rédigé tout en croisant très fort nos doigts entre chaque paragraphe, nous avons fait notre possible pour le mettre en lumière, en espérant qu'une bonne âme se penche sur lui. Quelques jours plus tard, nous avons reçu la plus belle des nouvelles, et une lectrice, nommée Odile D., nous a contactés pour nous informer qu'elle avait découvert Ivaar dans nos colonnes : « Vendredi soir, j'ai lu cet article, vu son regard et me suis mise à pleurer d'émotion. Je savais que c'est moi qu'il attendait. Nous avons fait 900 km ce week-end avec mon mari pour ramener Ivaar à la maison. Il est doux, très attachant et d'une tristesse infinie. Nous avons une autre chienne Labrador Retriever avec qui il a de suite matché. Nous allons faire de notre mieux pour que sa nouvelle vie soit douce et l'entourer d'amour. »

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Une nouvelle vie commence

Adopté lors du week-end du 17 au 18 mai 2025, Ivaar avait enfin son miracle. Plus qu'enjouée par cette nouvelle, la rédaction de Wamiz s'est empressée de prendre contact avec cette adoptante au grand coeur afin d'avoir plus de détails sur cette belle action. Après quelques échanges, nous avons décidé de faire un point plusieurs semaines après cette adoption extraordinaire. À la fin du mois de juin, nous avons reçu les nouvelles que nous attendions tant : le journal des premières semaines d'une nouvelle vie ! 

Odile D., la propriétaire d'Ivaar, n'avait pourtant jamais envisagé d'adopter un chien de refuge. Mais depuis l'arrivée du toutou, tout a changé. Très investie, elle a confié à Wamiz le déroulé des premiers jours d'Ivaar dans sa nouvelle famille. Lors de leur première rencontre avec lui au refuge, le charmant toutou n'osait même pas regarder ses potentiels futurs maîtres dans les yeux : « Il n’ose même pas croiser notre regard, mais il se laisse caresser. On ne voit que la terreur et la tristesse dans ses yeux. Nous prenons la route en fin d’après-midi, en camping car, la distance est de 450 km. Nous arrivons à notre domicile en soirée. Il refuse de faire ses besoins, de manger et de boire. Il s’installe sur le tapis de notre chienne, blotti dans un coin. Il ne s’endort pas. » 

Ivaar couché sur son tapis avec l'autre chienne
Crédits : Odile D.

Évidemment, après tant d'années de solitude, ce changement de vie s'annonçait perturbant pour Ivaar. Heureusement, il avait visiblement trouvé les humains dont il avait cruellement besoin. Dès le lendemain de son adoption, Odile D. a été confrontée à de premiers défis. Cependant, plus que jamais, toute la famille était prête à surmonter les obstacles déposés sur le chemin : « Jour 2. Le matin, nous ouvrons les volets, il fait aussitôt ses besoins dans le salon. Il refuse son repas. Je le sors, je renonce à lui essuyer les pattes à son retour du jardin car il tremble et est recroquevillé dans l’entrée. Dans la matinée, il rencontre l’une de nos filles qui le promène dans le jardin. Sidenay (leur autre chienne, ndlr) mange sa gamelle… Nous lui en refaisons une autre qu’il accepte de manger. Sidenay est très protectrice avec lui mais est aussi déboussolée qu’il prenne physiquement sa place sur son tapis. Mon mari arrive à les y faire cohabiter un petit moment. Le soir, il refuse un gâteau, pourtant posé longuement sur son tapis. »

Cette première journée semble difficile pour Ivaar qui ne doit pas comprendre où il est, ni avec qui. Qui sont ces bipèdes qui m'accordent tant d'attention et font preuve de tant de douceur ? Dois-je me méfier d'une éventuelle entourloupe ? Heureusement, Ivaar a probablement pu trouver du réconfort auprès de Sidenay, cette femelle Labrador sable qui semble comprendre que son nouveau copain n'est pas tout à fait dans son assiette. Demain sera peut-être moins effrayant... 

Au troisième jour de sa nouvelle vie, le toutou célèbre sa première victoire dans son adaptation à la vie de famille : « Ce matin nous l’avons sorti dans le jardin dès notre lever, il était temps, mais il a pu faire ses besoins dans le jardin. Je pense que nous avons compris son fonctionnement pour ses besoins. Une petite victoire. » Malgré tout, le chemin est encore long pour Ivaar, qui a du mal à sortir de sa carapace : « Il ne profite pas du jardin, et se réfugie tout au fond, collé au grillage, caché et prostré. Il se laisse facilement attraper pour rentrer à la maison, mais nous sentons bien que s’il pouvait se sauver, il le ferait. Nous l’entraînons pour essuyer ses pattes quand il rentre du jardin. Il essaye de les retirer tout doucement de la serviette. Il ne veut pas qu’on lui touche les pattes. Il n’a pas mangé sa gamelle au réveil. Il a attendu d’être seul dans la maison ce matin pour manger. Il a très peu d’appétit. »

Ivaar dans le jardin
Crédits : Odile D.

Même s'il fait quelques pas en avant, le grand chien noir est très sensible, et aucune victoire ne garantit une progression stable. Quoiqu'il arrive, Ivaar peut cependant compter sur une famille pleine d'empathie, qui respectera le magnifique engagement pris au moment de son adoption : « Il est doux mais son regard est triste et inquiet. Ce soir il se réfugie dans le fond du jardin. Impossible même en laisse de le faire avancer. Notre chienne le stimule en aboyant et sautant autour de lui, elle a compris qu’il faut l’aider. Après un long moment je réussis à le tirer de force, ensuite il avance gentiment. Je le relâche à l’avant du jardin, il va nous suivre un peu en retrait, mais jusqu’à rentrer à la maison sans laisse. Un pas de plus, je suis certaine que nous allons y arriver. À la maison nous sommes tous unis et motivés pour cela, il règne au sein de la famille une atmosphère d’amour incroyable. Il ne touche pas sa gamelle au dîner. »

Au quatrième jour, Ivaar ne montre toujours pas plus de sérénité, mais ses nouveaux maîtres commencent à mieux le cerner, notamment pour les repas : « Ce matin pour sa 1ère sortie, il part à plusieurs reprises au fond du jardin se recroqueviller le long du grillage. Pour ses repas, nous pensons avoir trouvé comment faire. Nous lui déposons sa gamelle à côté de son tapis lorsque nous sortons de la maison, ou bien lorsque nous sommes enfermés dans une pièce. Aujourd’hui, il a mangé 2 fois, la même ration que notre chienne. C’est son 1er repas en quantité normale. Une belle victoire. Cet après-midi, il a posé sa tête sur la main d’Elisa, notre plus jeune fille. Il a pour la 1ère fois accepté de manger un gâteau. Sinon toute la journée, il est couché sur son tapis, inquiet dès que nous l’approchons. Il ne répond pas toujours à nos sollicitations pour les balades. Mais nous ne lâchons rien, il finit par se lever après de longues minutes, et accepte nos caresses. Nous dépensons beaucoup d’énergie pour le motiver, mais c’est un chien adorable qui mérite d’être aimé. »

Soudainement, ce récit journalier s'arrête. Odile D. nous expliquera pourquoi dans de nouveaux échanges : ce quatrième jour sonnait la fin de la période la plus difficile. Un peu plus d'un mois après son adoption, Ivaar a fait de beaux progrès, à son rythme. Bien sûr, personne ne pourra effacer une vie entière d'enfermement sans interactions, et ce grand sensible gardera très probablement, jusqu'au bout de sa vie, une réserve parfois déconcertante. Mais certains moments montreront que la joie est enfin là, à saisir dans les plus petites choses de cette nouvelle existence : le 20 juin dernier, Ivaar a remué la queue pour la première fois. 

Aujourd'hui, les journées d'Ivaar lui permettent chaque jour de poser un nouveau pavé sur ce chemin du bonheur. Les sorties dans le jardin sont maintenant bien rodées et régulières, et le grand toutou exprime dorénavant son plaisir quand il peut se dégourdir les pattes. Atteint par la leishmaniose, il prend ses médicaments sans difficulté, dans un rituel bien établi. S'il a encore le sommeil léger à cause de son hypervigilance bien difficile à apaiser, il profite de plusieurs siestes dans la journée et semble s'installer d'une manière de plus en plus détendue. Depuis, Ivaar a même surmonté ses craintes et a découvert les promenades dans la nature : 3 à 4 fois par semaine, il s'aventure au travers des champs et des bois, en laisse, et veut absolument marcher à gauche. Impossible de le changer de côté, car Ivaar se raccroche probablement à toutes les petites routines qui le rassurent. Très en retrait à la maison, il passe encore la majeure partie de son temps sur son tapis, et trouve une présence chaleureuse auprès de Sidenay, avec qui il est très à l'aise. 

Un témoignage pour inspirer les plus sensibles

Pour le moment, Ivaar accepte les caresses, mais ne les réclame jamais. Ce n'est pas un chien affectueux, et il n'est pas encore proche de ses maîtres ou en recherche de contact, mais pour sa famille, tout ça importe bien peu. Dans le contexte de cette adoption, la richesse de la relation se trouve ailleurs, bien au-delà des considérations habituelles : depuis son arrivée, Ivaar a transformé le quotidien de sa famille qui célèbre chaque jour le moindre progrès. Ici, la joie ne se résume pas à des effusions d'affection visibles, elle est ressentie à chaque progrès, à chaque miette de confiance gagnée. Pour la famille d'Ivaar, rien n'est plus gratifiant que de tisser petit à petit ce lien si spécial avec lui. 

Si Odile D. a eu la gentillesse de nous raconter en détail cette incroyable aventure, nous confiant à quel point elle était heureuse et fière d'avoir pris la décision de changer la vie d'Ivaar, elle ne voulait pas que son témoignage s'arrête là : au travers de cette belle histoire, elle espère plaider la cause de ces chiens oubliés, et pourquoi pas, convaincre d'autres personnes de se lancer. Il est vrai qu'Ivaar, comme de nombreux compagnons d'infortune, n'a rien d'un toutou "clé en main"... mais il a fait naître des émotions bien singulières chez sa nouvelle famille. Sa nouvelle maîtresse en est persuadée : on ne peut pas être déçu en faisant le choix de sauver ce type de chien.

Si Odile D. a tenu à remercier Wamiz pour l'article qui a mis Ivaar sur sa route, c'est pourtant nous qui la remercions : plusieurs fois par semaine, nous publions des portraits d'animaux de refuge et d'associations, et certaines histoires nous bouleversent particulièrement. Ce fut, bien évidemment, le cas pour Ivaar. Même si cela ne fonctionne pas à tous les coups, ces articles sont toujours écrits avec engagement et sincérité, avec l'espoir fou de permettre à un animal de changer de vie. Lors de sa première prise de contact, Odile D. nous a montré qu'il fallait toujours y croire. En plus d'avoir créé un miracle pour un chien délaissé, cette femme au grand coeur a offert la plus belle des récompenses à l'équipe de Wamiz, et nous permet maintenant de délivrer, ensemble, ce message si important pour Ivaar, et pour tous les autres. Longue vie à Ivaar dans cette famille exceptionnelle. 

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