Difficile de résister à son chien ou son chat, et de ne pas lui offrir une petite caresse lorsqu'on le croise. Pourtant, selon une étude anglo-portugaise, ce comportement pourrait augmenter la propagation de certaines bactéries résistantes.
Dans cette étude qui sera présentée fin avril à Barcelone à l'occasion du congrès de l'European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases (ESCMID), on apprend que les chiens et les chats jouent un rôle majeur dans le transport de ces bactéries.
Une transmission de bactéries antibiorésistantes
Pour mener à bien ce travail de recherche, les scientifiques ont étudié 5 chats, 38 chiens et 78 humains en provenance de différents foyers du Portugal et 22 chiens et 56 humains de 22 foyers situés au Royaume-Uni. Des échantillons de peau, d'urine, et de matières fécales ont ensuite été prélevés pour chaque participant.
Dans ces prélèvements, les scientifiques se sont concentrés sur la recherche d’Enterobacterales (famille de bactéries qui comprend E. coli et Klebsiella pneumoniae) qui sont réputées pour être résistantes aux antibiotiques les plus largement utilisés. Ils se sont ensuite appliqués à isoler les bactéries spécifiquement résistantes à certaines familles d'antibiotiques, telles que les céphalosporines de troisième génération et les carbapénèmes.
Au Portugal, un chien était porteur d'une souche d'Escherichia coli produisant de l'OXA-181, une enzyme qui rend la bactérie résistante aux carbapénèmes. Par ailleurs, 3 chats, 21 chiens et 28 humains abritaient des Enterobacterales résistantes aux céphalosporines de troisième génération.
Dans 5 foyers du Portugal et dans 2 foyers du Royaume-Uni, des tests génétiques ont montré que les souches étaient identiques entre les animaux et leurs propriétaires, faisant état d'une transmission entre l'animal et l'humain.
Même si les tests n'ont pas permis de certifier le sens de la transmission, l'étude suggère que l'animal est le porteur de base de ces bactéries, qui sont ensuite transmises au propriétaire.
Dans un communiqué, Juliana Menezes, vétérinaire à la faculté de Lisbonne, explique que cette étude fournit les preuves que certaines bactéries résistantes à des antibiotiques d'importance critique sont transmises à l'humain via les animaux. Elle suggère également qu'il est donc crucial d'inclure les propriétaires d'animaux dans les travaux de recherche sur la résistance aux antibiotiques.
Grâce à ce travail de recherche, les scientifiques espèrent mieux comprendre les voies de transmission de certaines bactéries, afin de lutter contre l'antibiorésistance. Selon les chiffres de l’OMS, les infections liées à des bactéries résistantes aux antibiotiques sont responsables de plus de 1,2 million de décès par an dans le monde.
S'il n'est évidemment pas souhaitable de limiter les contacts avec son animal de compagnie, il est fortement recommandé d'appliquer des règles d'hygiène simples telles que le lavage des mains après avoir ramassé des excréments ou nettoyé une litière, voire après une longue session de caresses.