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Chien "valorisateur"

Par Éric Duchêne Rédacteur | Journaliste

mis à jour le

Qui ne s’est jamais senti fier de pouvoir obtenir d’un animal un certain comportement en public ? Le chien qui s’assoit sur ordre, fait le beau ou donne la patte sur demande apporte à son maître autant de petits plaisirs qui trouvent en fait leur fondement dans notre volonté de pouvoir et qui nous confortent dans notre confiance en nous-mêmes. Nous avons besoin d’asseoir notre autorité. Or, nous pouvons souvent rediriger ce besoin sur l’animal.

Le fait de parvenir à élever un animal, à le rendre social et heureux, représente une source de contentement qui peut aider l’individu à surmonter des craintes quant à ses aptitudes. Certains couples anxieux au sujet de leur capacité éducative concernant les enfants ont même commencé par s’occuper d’un chien pour se mettre à l’épreuve et acquérir la confiance nécessaire.

Bergler a présenté à Montréal, en 1992, une étude montrant que les possesseurs d’animaux éprouvaient davantage un sentiment de réussite sociale et se sentaient plus proches de la Nature et moins stressés par leur train de vie. Tout cela favorise en fait leurs relations avec leur voisinage et leurs collègues de travail. Tout serait donc relié.

De plus, il est plus facile de gérer les situations et la vie à deux si notre partenaire est un animal, puisqu’il ne nous demande pas explicitement d’être fidèle. Nous n’avons aucun compte à lui rendre concernant nos sautes d’humeur, nos manquements, etc. Toutefois cela vaut-il la peine de nous isoler de nos pairs ? L’animal familier est très dépendant de son maître, qui est ainsi responsable d’une vie. Le soigner, le sortir, le nourrir sont autant d’occasions qui renvoient au propriétaire une image positive de lui-même. Elles entraînent un sentiment d’autorité, de responsabilité et de domination qui aide à l’affirmation de son identité et qui permet de prendre confiance en soi.

Cet aspect valorisateur devient très important pour une personne âgée. Un animal peut aussi souligner l’apparence physique de son maître narcissique par similitude ou par contraste ; il lui renvoie perpétuellement l’image qu’il se fait de lui-même, le rassure et facilite ses relations socioprofessionnelles.

Cette image qu’un propriétaire veut donner à son entourage peut être portée par le choix de la race ou du nom donné à l’animal. Le husky symbolise par exemple le goût ou l’attirance pour l’évasion, les grands espaces ou l’aventure. Un chien de grande taille accentue le côté viril d’un propriétaire masculin… C’est donc par transfert sur l’animal que l’homme se met en avant.

Nous avons vu que le chien devient le sujet principal d’une majeure partie des discussions même quand il n’est pas présent physiquement. Des études ont aussi pu décrire le type du propriétaire pour une race donnée. Un animal peut par ailleurs aider une personne à s’accepter, à donner moins d’importance aux jugements des autres.

 

Aux États-Unis, de grands responsables interrogés avouent que, grâce à l’animal possédé pendant leur enfance, ils se sentent plus mûrs, plus responsables, plus à l’écoute de leurs collaborateurs. Ils ont acquis un sens de la discipline et de l’amitié qui leur a permis de réussir. Les études de Bergensen ont aussi montré qu’en milieu scolaire le contact des écoliers avec des animaux sur une période de neuf mois améliorait significativement leur appréciation d’eux-mêmes.

Il n’est besoin que de considérer l’engouement récent pour les races de « garde et de défense » : bergers allemands (qui représentent 80 % des chiens de clubs affiliés à la Fédération du chien de défense), bergers belges, dobermans, beaucerons étant les plus représentés, et la création régulière de nouveaux clubs de dressage, leur nombre atteignant actuellement 500, réunissant 50 000 adhérents.

Le sport canin et les épreuves de dressage comptent de plus en plus d’adeptes qui se sont recrutés, au début, parmi la population ouvrière. En effet, en 1971, sur 24 clubs de la région parisienne, 5 éloignés du centre de Paris drainaient l’effectif de la périphérie de l’Île-de-France, 6 se trouvaient à l’ouest, zone plus bourgeoise, contre 9 à l’est de Paris, traditionnellement plus ouvrier.

Il est à remarquer aussi, parmi les urbains, que ce sont les ouvriers qui possèdent le plus de chiens, et particulièrement les grandes races d’un poids excédant 25 kg. On peut donc supposer un goût particulier pour le dressage chez les représentants d’une classe socioprofessionnelle soumise aux ordres des patrons, contremaîtres et autres chefs de chantier pendant la plus grande partie de leur vie consciente.

Mais actuellement on compte parmi les adhérents un nombre accru de commerçants, de membres de professions libérales – avocats et médecins… –, quelques cadres supérieurs ainsi qu’un afflux important de cadres moyens. On retrouve donc à différents degrés ce besoin de domination, avoué ou non, à tous les niveaux de l’échelle sociale. Le chiot ancien membre d’une meute, soumise à un chef, a besoin d’un minimum d’autorité et de fermeté, son dressage servant surtout à le préserver de ses faiblesses naturelles (traverser une rue spontanément…).

L’animal ni ne parlera ni ne se vengera à l’encontre d’un être humain, et c’est en toute conscience, et en toute impunité que le maître :

– aura défoulé une puissance étouffée en lui, et qui le revalorise aux yeux de ses semblables
– aura exprimé de par ses gestes violents, une forme de critique visà- vis de l’oppression que la société exerce sur lui, cela pour toutes les catégories sociales.

La soumission visible de l’animal lui permet d’affirmer une personnalité ressentie par ailleurs comme déficiente ou non satisfaisante, à cause de pressions sociales ou personnelles trop pesantes. La communication sera établie sur des relations d’autorité.

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