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Les petits chiens sont-ils hargneux ?

La rédaction

mis à jour le

Les chiens de petite taille ont une mauvaise réputation : on entend souvent justifier leur comportement agressif ou peu social par le fait qu’ils soient petits. Qu’en est-il réellement ? L’adage a-t-il un fond de vérité, ou s’agit-il d’un amalgame ?

Le chien est un animal social, qui vit en groupe avec facilité, et s’adapte bien aux nouvelles rencontres. Curieux, il apprécie souvent la présence d’autres chiens ou d’humains près de lui. Mais le chien est une espèce complexe : avec plus de 400 races différentes, ayant été sélectionnées sur des critères physiques mais aussi comportementaux.

Les petits chiens sont-ils vraiment plus agressifs ?

Un rapport de 2015 de l’Institut de veille sanitaire a révélé que les morsures ne concernent pas un type particulier de chien. Les critères qui semblent déterminer les morsures sont les circonstances entourant l’accident (par exemple, de nombreux chiens ont mordu car ils souffraient d’une pathologie).

Le problème de ce type d’études est statistique : elles ne comptent que les morsures déclarées. On doit alors tenir compte d’un biais qui touche les petits chiens, dont on sous-estime grandement les morsures, car souvent bien moins graves.

Difficile alors de donner une réponse objective. Il semble que petits et gros chiens agressent de manière équivalente (en termes de fréquence), mais on ignore toutes les agressions qui ne provoquent pas d’accident. Il est donc probable qu’on ignore beaucoup de petites morsures peu graves, plus fréquente naturellement chez les petits chiens.

Une notion de dangerosité qui dépend de la taille

Le mythe vient probablement de ce fait : un gros chien qui montre le moindre signe d’agressivité est immédiatement pris en charge et traité comme il se doit, tandis qu’un petit chien voit souvent son comportement social se dégrader sans recevoir de thérapie.

En effet, le danger se mesure par deux paramètres, en analyse de risque : c’est la multiplication entre d’une part la probabilité que l’accident arrive, et d’autre part l’intensité de l’accident. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’un petit chien qui mord souvent sans gravité ne va pas alerter ses propriétaires autant qu’un gros chien qui grogne !

C'est même pire : souvent le petit chien fait rire et amuse par ses agressions, alors que son comportement agressif n'est pas du tout amusant pour lui, et est la manifestation d'une peur. Vous trouverez sans difficulté un grand nombre de vidéos de petits chiens agressifs, que les gens filment amusés, voir des vidéos ou les gens provoquent volontairement le chien pour qu'il grogne.

C’est donc un critère à prendre en compte pour justifier l’adage et la mauvaise réputation des petits chiens. L’éducation donnée par les propriétaires est très probablement le facteur déterminant.

Un comportement influé par la sélection génétique ?

La science ne relie pas encore très bien le comportement à la génétique (ou même l’épigénétique, évoquée ces dernières années). Cependant, on sait déjà que la sélection imposée sur des critères comportementaux permet de les sélectionner en quelques générations. Cela s’expérimente pour ainsi dire depuis des siècles en sélectionnant les chiens de travail pour leurs aptitudes comportementales particulières.

Or, le chien de compagnie n’est apparu que très récemment. Au départ, très prisé des hautes castes de la société, il s’est progressivement généralisé au cours du siècle dernier, jusqu’à devenir la norme dans nos foyers. De nombreuses races sont issues de cette sélection, notamment parmi les petits chiens.

Et parmi les critères comportementaux qui ont été sélectionnés, on reconnait une grande familiarité à l’humain, mais aussi une grande sensibilité. Ce sont souvent des chiens très demandeurs d’attention, peu indépendants, et donc sujet à stress plus facilement qu’une race dite rustique. Est-ce que leur côté peu social pourrait provenir de cette sélection ?

En réalité, il est très peu probable que ce soit le facteur déterminant. Son éducation et son environnement vont avoir une influence bien supérieure à ses origines raciales.

Une affaire d’éducation

Le plus dur à accepter, c’est de reconnaître sa faute. Mais très souvent, le petit chien est surprotégé. Difficile de ne pas avoir peur quand son chihuahua de 2kg se retrouve face à un labrador de 30kg : même s’il est très gentil, il est naturel d'envisager un accident suite à un chahutage.

La réaction des propriétaires est alors très souvent la même : protéger le chien. Cette protection implique que le chien ne réalise pas ses apprentissages lui-même, et notamment pour la communication canine, c’est là que l’agressivité peut apparaître.

Classiquement, le propriétaire du petit chien repère en avance le gros qui lui fonce dessus, et anticipe avec peur la rencontre. Son chien, véritable éponge émotionnelle, va identifier cette peur et la partager. Cette réaction renforce la peur du petit chien, et ne lui permet pas d’apprendre à communiquer correctement avec son espèce : cela peut sans problème donner un chien hargneux.

C’est un cercle vicieux, car l’attitude agressive du chien pousse son propriétaire à l’isoler encore plus des autres ! Et autant il n’est pas facile de retenir un chien de 15kg ou plus, autant les chiens de compagnie à moins de 10kg peuvent se prendre dans les bras (souvent la meilleure protection choisie par le propriétaire).

On pourra donc conclure en posant la question en ces termes : les petits chiens sont-ils moins sociabilisés que les autres, de par leur éducation, leur mode de vie, et leur anatomie ? C'est possible, même si ce n'est qu'une tendance statistique et heureusement pas une généralité. Quelques études tendent à le montrer. La bonne chose à faire en tant que propriétaire de petit chien est donc de tenir compte de ses besoins particuliers, et avec ses congénères, tous les apprentissages sociaux qui vont avec !

Dr Stéphane Tardif
Docteur vétérinaire et rédacteur pour Wamiz

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2 commentaires

  • Goss
    Goss
    Cet article devrait être lu par tous les propriétaires de petits chiens car il reflète une réalité sur le comportement général de ces personnes au désavantage de la première évidence dans les besoins de leur animal qui est de communiquer avec son espèce ,quelque soit la taille de l'autre chien .
    Aucun chien n'est "agressif" spontanément ,naturellement ou génétiquement .Il n'y a qu'à observer comment ils se comportent lorsqu'ils sont en liberté ou livrés à eux mêmes comme dans certaines villes du Pérou
    A vouloir écarter son chien de toute rencontre avec ses congénères ,on provoque une assistance qui les rend craintifs et ils perdent leur sens exploratoires et leur besoins de se rencontrer ,ne serait ce que pour partager leur curiosité .
    J'ai 2 Hovawarts ,jamais attachés qui vont vers les petits chiens dans l'idée de leur dire bonjour ,voire jouer un peu ,mais le premier réflexe des propriétaires est d'empêcher ces contacts ,quitte à étrangler son chien en le soulevant par sa laisse .Il est pourtant si simple d'utiliser le "renforcement positif" pour sociabiliser son chien quelque soit son âge ,mais étant moi- même comportementaliste ,je n'ose plus tenter de le conseiller .....
    Tout le monde devrait s'abonner à Wamiz et surtout remettre en question ce concept absolument stupide "du chien dominant " ,"du chien qui a peur " ou du chien qui n'aime pas tel ou tel chien
    Les chiens ont un instinct qui leur conseille d'éviter d'être blessé et donc par nature n'ont aucune raison d'utiliser des attitudes agressives ,sauf pour se protéger ou protéger leur nourriture
  • Utilisateur anonyme
    Utilisateur anonyme
    Je suis propriétaire d'un chihuahua à poils longs et je le traite comme un animal et non comme un enfant. A chacun son rôle, un chien n'est pas un enfant, pas de gâteaux, pas de port perpétuel dans les bras. Il doit se sociabiliser et n'être pris dans les bras que dans le cas d'un danger réel et non imaginé. Lorsqu'il fait une bêtise ou qu'il montre une attitude non conforme (grognement ou babine qui se retrousse) je ne le laisse pas faire et je l'envoie dans son coin pour l'isoler un moment. Il est adorable, très joueur même avec les enfants, à qui je fais comprendre aussi qu'il n'est pas un jouet ou une peluche. Chacun doit respecter l'autre pour vivre en bonne intelligence.
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