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La fugue du chien : causes et solutions

Par Éric Duchêne Rédacteur | Journaliste

mis à jour le

La fugue est un comportement canin assez fréquent : le chien quitte son domicile pour des raisons très diverses, sans son propriétaire. Les causes sont nombreuses : des causes intrinsèques (liées au bien-être du chien) et des causes externes (liées à son environnement). Pour corriger ce type de comportement, il est indispensable de rechercher la bonne cause pour donner la thérapie adaptée.

Attention à ne pas confondre un chien fugueur et un chien qui se sauve pendant la promenade, parce qu’il ne répond pas au rappel (ce qui est plus un problème d’éducation simplement). Le chien fugueur le fait en dehors de la surveillance de son propriétaire. Son besoin de partir est intentionnel, mais il ne réalise pas forcement qu’il brave un interdit : il peut être simplement attiré par un stimulus comme une femelle en chaleur, ou une piste à suivre, ou répondre à un manque d’activité.

Les causes de fugues

Il y a de très nombreuses causes, et la liste n’est pas exhaustive. Il faudra bien distinguer un cas de fugue ponctuel, d’un chien qui fugue régulièrement : ce dernier présente probablement ce comportement pour une raison sur laquelle on va pouvoir agir, tandis qu’il est pratiquement impossible de déterminer le motif d’une fugue isolée (à moins bien sûr de retrouver son chien avec une femelle en chaleur !).

  • Le besoin d’activité : c’est la première cause, qui concerne la très grande majorité des fugues. Il n’est malheureusement pas rare de laisser le chien seul dans le jardin lors des absences, notamment en semaine. Or, le chien est un animal qui a de hauts besoins en activité et en contacts sociaux (que ce soit avec des chiens ou des humains). Un chien en détresse par rapport à ses besoins cherchera donc à les satisfaire de lui-même, et c’est souvent ce qui attire le chien à sortir vadrouiller.

J’insiste sur ce point car il est souvent négligé : il est inutile de s’engager dans d’autres thérapies si on ne corrige pas d’abord le besoin d’activité du chien. Il n’est pas rare de voir les propriétaires réagir à la fugue en renforçant la clôture (avec un collier connecté par exemple), ou se limiter à une stérilisation, en pensant que ça va suffire pour résoudre le problème ; ce n’est naturellement pas le cas. Un chien fugueur recherche en premier de l’activité, lui en donner est donc la priorité si on veut faire disparaître la fugue.

  • Le besoin social : si le chien fugueur peut-être fréquemment retrouvé en présence d’autres chiens, c’est son besoin social qui est donc à corriger. On peut lui offrir des balades collectives avec des congénères canins, afin qu’il puisse se satisfaire également à ce niveau. Ces deux besoins (activité et contacts sociaux) sont différents pour chaque chien : cela dépend du tempérament, de la race, des apprentissages réalisés et expériences passées.
  • La peur : un chien stressé, anxieux ou peureux aura parfois la possibilité de fuguer. Il s’agit de cas assez rares, mais prévisibles : un orage, un feu d’artifice ou d’autres bruits importants, vont déclencher une panique chez le chien, qui peut alors franchir les clôtures du domicile et fuir. Il peut être également anxieux lors des moments de solitude, et simplement chercher à se rassurer en sortant.
  • L’instinct de prédation : le chien peut chercher des stimulations olfactives, et à l’occasion d’une piste, il peut décider de se sauver pour chasser. Il ne faut donc pas hésiter à stimuler votre chien à l’aide de jeux et de promenades.
  • La faim : certains régimes concentrés ne suffisent pas à apporter la satiété à un chien. Il cherchera alors de la nourriture dans les poubelles, ou quémandera auprès des commerces de la ville.
  • La sexualité : un dernier motif notable de fugue est la femelle en chaleur : un mâle peut sentir les effluves d’une chienne à des kilomètres à la ronde, et il fera tout ce qu’il peut pour la rejoindre (quitte parfois à détruire les obstacles comme porte ou grillage). Tous les mâles ne réagissent pas à la même intensité avec une chienne en chaleur dans le voisinage, mais cela peut être assez impressionnant.

Comment résoudre un problème de fugue ?

Il faut en premier lieu chercher la cause, et la corriger. Dans la majorité des cas, cela consiste à donner de l’activité au chien, et limiter le temps qu’il passe seul, dans le jardin.

Il faut bien avoir conscience que le chien est un trotteur né, programmé génétiquement pour parcourir de longues distances tous les jours, et suivre des pistes pendant longtemps. Beaucoup de propriétaires négligent le besoin d’activité du chien, qu’on estime en moyenne à 1-2h par jour. Mais cela dépend énormément des races et des tempéraments, et les variations autour de cette moyenne sont importantes : certains chiens ont besoin de plus de 2h de sport par jour pour être satisfaits.

La stérilisation va être efficace dans les cas de fugues de mâles entiers. Il est par ailleurs tout à fait possible de réaliser une stérilisation chimique, qui a l’avantage d’être réversible par rapport à la chirurgie et peut corriger ce problème lié aux hormones, sans supprimer définitivement la capacité à se reproduire du chien. Cela peut être un préalable à la chirurgie d’autant que la stérilisation ne résout pas toujours le problème comportemental, pouvoir revenir en arrière est donc un plus non négligeable.

Dans les cas où une autre cause spécifique est identifiée, il faut corriger la cause : ne pas laisser le chien sans surveillance pendant les orages et lui apprendre à les supporter, par exemple.

Le comportement à adopter au retour d’un chien fugueur est très important également : il faut être le plus positif possible ! Le chien a quitté le domicile car il était moins attirant que l’extérieur, il faut donc enrichir de toutes les manières possibles l’environnement dans le domicile. Et surtout, ne pas le gronder au retour, car il se mettrait à avoir peur de revenir en anticipant la punition. C’est comme pour l’éducation au rappel : c’est bien plus efficace en renforcement positif.

Enfin, il existe des moyens palliatifs, comme les clôtures spéciales ou des colliers qui délimitent une bordure où le chien est averti, voir puni. Je ne cautionne pas ces outils en première intention, car ils ne corrigent pas la cause et déportent souvent le problème, en plus d’être parfois barbare (comme les décharges électriques). Mais remonter le grillage et l’enterrer pour limiter la facilité avec laquelle le chien le franchit, ce n’est pas contre-indiqué, tant que c’est en parallèle d’une thérapie qui cible la cause.

Sources :
- Behavior Problems of the Dog and Cat, 3rd Edition, Landsberg et al., 2003
- Effects of castration on problem behaviors in male dogs with reference to age and duration of behavior, J Am Vet Med Assoc. 1997 Jul 15;211(2):180-2
- Treatment of problem behaviour in dogs and cats by castration and progestagen administration : a review, Vet Q. 1989 Apr;11(2):102-7
- Castration of adult male dogs: effects on roaming, aggression, urine marking, and mounting, J Am Vet Med Assoc. 1976 Jun 15;168(12):1108-10
- Influence of orchiectomy on canine behaviour, Vet Rec. 1997 Jun 14;140(24):617-9

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1 commentaire

  • Lauriane Jehl
    Lauriane Jehl
    Néron a un passé de fugueur... Une fois, il est allé rejoindre une femelle en chaleur et il a fini à la SPA... Depuis, il ne s'est plus jamais enfui, je crois qu'il a compris... Jasko lui, n'a jamais eu ce problème.
  • 1 commentaire sur 1

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