Punir son chiot ou son chien, quand il a fait une bêtise, est un mal nécessaire.
Mais comment s'y prendre ? Quels sont les bons gestes, les bonnes réactions, et les comportements à ne surtout pas adopter ? Kimberley Jonshon, éducatrice et comportementaliste, nous livre quelques conseils.
La punition, quand elle est mal utilisée, peut avoir des conséquences néfastes, voire dangereuses. Faire appel à la force, par exemple, peut être tentant, et sembler efficace. Mais ça n'est pas pour ça qu'il faut le faire.
La punition positive peut fonctionner dans certains cas. Mais elle doit être utilisée avec précaution, et à bon escient, afin d'éviter de potentiels effets négatifs. Il faut être bien conscient des difficultés et des conséquences néfastes qu'elle peut avoir lors de l’usage de la punition.
Il est très difficile de punir dans un bon timing. Pour que l’animal comprenne ce qu’il a fait de mal, la punition doit être donnée dans l’instant, au moment même ou le comportement indésirable se produit.
Punir son chien peut renforcer son comportement
Pour que la punition modifie un comportement, elle doit être constante et être donnée à chaque fois que le comportement non souhaité apparaît.
Si le chien n’est pas puni à chaque fois, il faut savoir que c’est pour lui comme s’il recevait une récompense.
En outre, si ces récompenses sont sur un taux variable de renforcement (c’est à dire la punition non constante), cela peut en fait, renforcer le comportement indésirable.
Le taux variable de renforcement est un mode de renforcement puissant qui est utilisé pour maintenir des comportements appris, dans l’éducation par le renforcement positif : les animaux savent que la récompense va être distribuée, mais comme ils ne savent pas quand, ils réalisent le comportement dans l’attente d’une éventuelle récompense.
Comme les joueurs de jeux de hasard, puisqu’ils peuvent gagner, ils jouent !
Une punition suffisamment forte pour être efficace
Pour être efficace, la punition doit être suffisamment aversive les premières fois. Si elle n’est pas suffisamment forte, le chien va s’y habituer, et elle ne fonctionnera donc plus…
Le maître devra alors punir de plus en plus fort, pour que celle-ci soit efficace. La punition deviendra douloureuse et créera de la peur !
Une punition trop intense peut causer des blessures ou une grande douleur : bon nombre de punitions peuvent causer des dommages physiques à l’animal. Des coups portés peuvent fracturés un membre, dans tous les cas créer une intense douleur. Les colliers étrangleurs peuvent endommager physiquement le chien : la trachée, provoquer un syndrome de Horner (atteinte du nerf de l’œil), œdème pulmonaire, glaucome (augmentation de la pression intraoculaire), etc.
Quelle que soit la force, la punition peut entraîner une peur extrême, et celle-ci peut se généraliser à d’autres contextes : certaines sanctions peuvent ne pas causer de dommages physiques et peuvent ne pas sembler sévères, mais elles peuvent engendrer d'autres conséquences.
Par exemple, certains chiens portent des colliers électriques pour les punir lors de vocalises, ces colliers disposent d’un programme émettant un « bip » avant de déclencher la sanction. Les chiens peuvent rapidement prendre peur ou rentrer en stress dès qu’ils entendront un bruit ressemblant (réception d’un SMS, un minuteur électronique de cuisine, un réveil, détecteurs de fumée ou autre).
Punir son chien peut développer son agressivité
La punition peut faciliter l’apparition de comportements agressifs ou en être la cause : Il a été étudié que l’usage de la punition augmente les comportements agressifs et ce, chez quasiment toutes les espèces animales.
Si la punition ne supprime pas le comportement non souhaité immédiatement, au fil du temps le chien, va pour éviter cette punition devenir de plus en plus agressif.
Un chien qui menace, montre les crocs, pourra si le maître continue de lui porter des atteintes physiques, devenir extrêmement agressif, jusqu’à causer des blessures sérieuses.
La punition peut supprimer des comportements, y compris les comportements qui préviennent qu’une morsure peut se produire. Lorsqu’elle est utilisée efficacement, la punition peut supprimer le comportement des animaux craintifs ou agressifs, mais il ne peut pas changer l’association qui sous-tend le comportement.
Ainsi, il ne peut pas résoudre le problème sous-jacent.
Par exemple, si l’animal est agressif car il a peur, l’utilisation de la force pour arrêter les réactions de peur rendra le chien de plus en plus craintif, tandis que dans le même temps il pourra supprimer ou masquer les signes extérieurs de la peur : l’animal pourra soudainement agir avec une agressivité accrue et donner moins de signes avant-coureurs de l’agression imminente (il inhibera). En d’autres termes, il pourra désormais attaquer sans avertissement préalable.
La punition peut conduire à de mauvaises associations : quelle que soit l’intensité de la punition, elle peut amener les animaux à développer une relation négative avec la personne qui la distribue ou avec l’environnement dans lequel elle a été reçue.
Par exemple, lorsque la punition est utilisée pour apprendre le « rappel » : les chiens peuvent développer des comportements d’évitement ou venir en rampant vers leurs maitres, plutôt que de retourner vers leurs propriétaires en courant et en remuant la queue.
Ne pas altérer le lien affectif entre le maître et le chien
Les animaux de compagnie ne sont pas les seuls à développer une association négative de ce processus. Les propriétaires peuvent y être confrontés aussi.
Lorsque les propriétaires utilisent la punition, ils sont souvent en colère.
L’utilisation de la force les renforce, car la colère diminue en même temps qu’ils réagissent à leurs émotions. Ils peuvent développer une habitude de souvent se mettre en colère parce que leur animal de compagnie «se conduit mal». Le lien affectif entre le maître et le chien peut se retrouver très endommagé.
L’un des problèmes les plus récurrents de la punition est qu’elle ne tient pas compte du fait que le comportement indésirable se produit parce qu’il a été renforcé, intentionnellement ou non.
Le propriétaire peut sanctionner le mauvais comportement de temps en temps, tout en le renforçant involontairement à d’autres moments.
Du point de vue du chien, le propriétaire est incohérent, imprévisible, il profite de la force ou encore de la coercition. Ces caractéristiques peuvent altérer le lien maître / chien.
Kimberley Johnson
Educatrice et comportementaliste
www.kimberleyjohnson.fr