Publicité

Chien qui boite

Chien qui boite: causes et traitements

Par Stéphane Tardif Vétérinaire

mis à jour le

La boiterie est certainement l’un des motifs de consultation les plus fréquents, surtout chez les chiens. Nos camarades poilus sont comme des enfants : joyeux mais pas toujours très adroits, et les petits bobos arrivent couramment dans la vie d’un chien ! Il arrive également que son chien boite suite à un choc, mais aussi tout simplement en vieillissant. Voici un petit récapitulatif de l’essentiel à savoir sur la boiterie du chien.

Quels sont les différents types de boiterie chez le chien ?

Une boiterie est caractérisée par une démarche anormale : l’animal cherche à soulager un membre douloureux d’une partie de son poids. On peut grader la boiterie en fonction de deux critères : si le chien utilise un appui, et si la boiterie est visible en continue (à chaque foulée).

  • Grade 1, boiterie intermittente, avec appui : l’animal traine un peu d’une patte, sur certaines foulées
  • Grade 2, boiterie permanente, avec appui : l’animal boite en continue, mais s’appuie quand même sur sa patte.
  • Grade 3, boiterie intermittente, sans appui : l’animal lève la patte de temps en temps.
  • Grade 4, boiterie permanente, sans appui : l’animal ne pose plus du tout sa patte douloureuse.

Cette gradation permet d’estimer le niveau de douleur provoqué par la boiterie. Beaucoup de chiens, en effet, ne se plaignent pas quand ils ont mal (à l’inverse, beaucoup vont pleurer pour un petit bobo). Par contre, quand il s’agit de se déplacer, l’animal ne ment pas : certains supportent mieux la douleur que d’autres, mais même le plus courageux des toutous ne pose pas sa patte quand elle est cassée.

Un autre critère important qui vient caractériser une boiterie est la vitesse d’apparition : elle peut être instantanée, suite à un choc ou un trauma, ou au contraire s’installer très progressivement, sur plusieurs mois, comme dans le cas d’une tumeur.

En précisant le membre qui est touché (antérieur ou postérieur), ces critères vont vous permettre (ainsi qu’à votre vétérinaire) d’établir l’importance de la douleur et la gravité de la boiterie, et orienteront sur le diagnostic. Ce sont donc les premières informations à fournir à votre interlocuteur lorsque vous prendrez RDV chez le vétérinaire.

Quelles sont les causes de boiteries les plus courantes chez le chien ?

Les causes peuvent être très nombreuses et variées, ce qui explique la difficulté du diagnostic dans certains cas. Les animaux expriment la douleur de manière variée, et il faut déterminer, au cours de l’examen clinique et d’un examen orthopédique, quelle est la nature et l’importance du problème.

On va donc aborder les causes de boiterie en commençant par les boiteries due à des traumatismes :

  • les plaies : courantes, la nature de la plaie détermine sa cicatrisation : superficielle ou profonde, étendue ou localisée, infectée ? Dans la majorité des cas bénins, un simple nettoyage/désinfection peut suffire pour une cicatrisation sans encombre, mais il faudra souvent intervenir en clinique vétérinaire pour s’assurer qu’il n’y a aucun risque et appliquer les bons soins.
  • les atteintes ligamentaires : les ligaments relient les os et les articulations ensembles, et sont soumis à des tensions importantes pendant l’effort. Ils peuvent subir des élongations, voir des entorses (ruptures ligamentaires), à l’occasion d’un mouvement brusque. Cela peut parfois nécessiter un traitement chirurgical.
  • les atteintes tendineuses ou musculaires : les tendons relient les os et les muscles : ils peuvent également subir des tensions importantes : élongations, contractures, déchirures, inflammations.
  • les commotions/contusions : souvent dues à un choc, elles sont la plupart du temps bégnine et passent sans traitement, ou avec des anti-inflammatoires.
  • les luxations : il s’agit d’un déplacement au niveau d’une articulation. Il faut alors remettre l’os en place, et le stabiliser (la chirurgie peut être nécessaire).
  • les fractures : elles sont souvent dues à des traumatismes importants, chute ou accident de la voie publique. Elles nécessitent souvent une chirurgie, et une longue période de cicatrisation (autours de 2 mois).

Ensuite, il faut décrire toute les boiteries dites « chroniques », dont l’apparition est beaucoup plus progressive :

  • l’arthrose chez le chien est l’un des motifs de boiterie le plus fréquent, et le plus frustrant, car c’est simplement dû au vieillissement des articulations, ce qui provoque peu à peu une gêne et une douleur. Il y a donc peu solutions curatives, on proposera souvent des cures pour limiter le processus arthrosique, et des antidouleurs pour gérer les crises de rhumatisme.
  • les tumeurs : bégnine ou maligne, une tumeur peut tout à fait apparaitre sur un membre. La démarche à prendre est la même que pour n’importe quelle masse anormale : il faut la montrer à un vétérinaire rapidement, qui établira le meilleur protocole pour l’enlever.
  • autres maladies dégénératives : la liste des maladies plus rares, mais pouvant entrainer des boiteries, est longues et complexes : maladies infectieuses, dégénérescence inflammatoire ou dysimmunitaire, etc.
Voici ce qui arrive quand une tumeur pousse pendant 4 ans ! Notez que le chien boitait à peine...

La liste des causes de boiteries n'est pas exhaustive, je n'ai pas évoqué par exemple les boiteries propres aux jeunes chiens (comme la dysplasie). Il faut se méfier, surtout dans le cas d'une boiterie discrète mais qui dure, car le non-traitement de ces maladies chroniques entraine souvent des complications à long terme.

Comment réagir face à une boiterie chez le chien ?

Comme nous l’avons vu, l’un des critères essentiels pour caractériser une boiterie est la vitesse d’apparition : une blessure peut se produire très rapidement, suite à un choc, et à l’inverse, la boiterie peut apparaître de manière très progressive, presque imperceptible, comme dans le cas de l’arthrose. La réaction et la conduite à tenir sont donc naturellement très différentes.

  • Dans le cas d’un choc ou d’un traumatisme, il faut réagir en fonction de la gravité du choc : quel est le niveau de douleur de l’animal ? Y a-t-il des saignements ? Il faut également chercher d’autres lésions ou blessures : la consultation vétérinaire devient alors indispensable, et rapidement. Le vétérinaire pourra établir un diagnostic précis, à l’aide d’examens complémentaires, proposer la thérapie à mettre en place (soins et/ou chirurgie), avec une hospitalisation si nécessaire (surveillance et soins).
  • Dans le cas d’une boiterie qui évolue depuis plusieurs jours, voire semaines ou mois, la démarche est similaire, mais moins urgente : il faut également passer par le vétérinaire, qui proposera des examens complémentaires (si nécessaire), et un traitement adapté par rapport à la cause. Attention toutefois à ne pas attendre que la boiterie passe d’elle-même : il vaut mieux prévenir une affection chronique dès le départ, plutôt que de la laisser s’installer, ce qui rend le traitement plus difficile au moment de l’intervention.

Les examens complémentaires sont, dans le cas des boiteries, majoritairement orientés vers l’imagerie. Dans certains cas (fractures, dysplasie,…), la radio peut nécessiter une sédation, voir une anesthésie, pour éviter de faire mal à l’animal et obtenir des clichés radios de bonne qualité interprétative. Le vétérinaire pourra également proposer des examens sanguins, ou tout autre élément qui lui paraîtra pertinent en fonction de la cause (notamment lors des traumatismes).

Quels traitements peut-on mettre en place ?

Le traitement va naturellement dépendre de la cause et de l’importance de la boiterie.

Dans la majorité des cas, un traitement anti-douleur sera déjà prescrit pour soulager l’animal. Suivant l’importance de la boiterie, on se contentera d’anti-inflammatoires, ou on pourra utiliser de véritables analgésiques (morphiniques).

Ensuite, il faut corriger la cause de la boiterie. S’il s’agit d’un trauma, une réparation sera très probablement nécessaire, chirurgicalement (que ce soit pour fermer une plaie, ou réduire une fracture). Ces thérapies sont longues : comptez au moins deux mois pour une cicatrisation osseuse, par exemple, et plusieurs semaines pour une simple affection ligamentaire/tendineuse.

Si la cause n’est pas curable (comme pour l’arthrose), une thérapie longue durée pourra être proposée : il s’agit en général d’exercice de rééducation, comme la mécanothérapie, la physiothérapie, la thermothérapie, l’ultrasonothérapie, l’hydrothérapie, les massages, etc.

Conduite à tenir face à une boiterie chez le chien : en résumé

Dans la majorité des cas de figures, sur une boiterie bénigne suite à un petit choc, un repos de 24-48h permet au membre de guérir naturellement. Face à une petite plaie également, des soins locaux suffiront à rapidement régler le problème.

Face à une boiterie plus importante, qui se prolonge au-delà de 48h sans amélioration, ou qui se dégrade rapidement, il faut consulter et adapter son traitement en fonction de la cause.

Face à un animal douloureux, suite à un choc, avec une boiterie importante, ou une situation qui se dégrade rapidement, il faut agir en urgence, et se diriger vers un service vétérinaire qui pourra prendre en charge votre chien rapidement.

Attention à l’auto-médication ! A moins de savoir précisément ce que vous faites (les propriétaires de toutous turbulents sauront de quoi je parle, ils prennent souvent quelques habitudes !), il est rudement déconseillé de traiter vous-même ces cas sans l’avis d’un professionnel. A défaut d’avoir une consultation rapidement, prenez le temps d’appeler une clinique et demander les premiers soins que vous pourrez appliquer (ne passez pas par un forum, les délais de réponses sont trop longs, de plus les cliniques vétérinaires répondent bien à ce genre de requête, dans la mesure du possible).

Plus de conseils sur...

Qu'avez-vous pensé de ce conseil ?

Merci pour votre retour !

Merci pour votre retour !

Laisser un commentaire
Connectez-vous pour commenter
Vous voulez partager cet article ?