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chat grondé

Faut-il gronder son chat quand il fait une bêtise ?

Par Stéphane Tardif Vétérinaire

mis à jour le

L’éducation du chat est rarement évoquée, car il s’agit d’un animal relativement indépendant, qui a tendance à n’écouter que ce qu’il a envie. Mais il arrive que son comportement nous incommode : malpropreté, agressivité… le répertoire des bêtises potentielles est vaste ! Comment réagir à ces situations qui peuvent vite devenir un problème ?

Le tempérament du chat est sujet à de longs débats : c’est un animal capricieux, à tendance solitaire mais qui dans certains cas demande beaucoup d’attention. La relation du chat avec les humains qui vivent avec lui est souvent particulière, propre à chaque couple chat/humain. Ce n’est pas comme le chien, animal social par excellence, qui cherche spontanément le lien et qui a tendance à tout faire pour le maintenir. Le chat n’aura aucune hésitation à vivre seul plutôt qu’entouré si la compagnie lui déplait.

Le chat : un animal capricieux difficile à dresser ?

Du coup, l’éducation du chat devient délicate : autant avec un chien, il est facile d’attirer son attention, et d’obtenir une réponse de sa part, car il souhaite davantage que le chat nous satisfaire. Et le chien cherche à provoquer des réactions positives chez nous, très souvent.

Mais ce n’est pas le cas du chat ! La réplique typique d’un propriétaire de chat le signe : il ne vient que quand il en a envie.

Or, le chat, bien que moins agité qu’un chien, peut avoir son répertoire de bêtises. Pour la plupart, le chat ne fait qu’exprimer ses besoins naturels, mais elles peuvent aussi venir d’un mal-être qu’il exprime en augmentant un comportement normal de manière excessive : jeux de prédation, besoins en dehors des zones habituelles, griffades…

Avant d’aborder le registre des récompenses/punitions, il convient donc de bien comprendre ceci : le chat est avant tout en bien-être lorsqu’il peut manifester ses comportements habituels comme il l’entend. Ce qui va du coup poser deux problèmes dans son éducation : comment l’orienter pour que ses besoins comportementaux naturels ne viennent pas empiéter sur les règles de vie d’une maison humaine, et comment réagir lorsqu’il est pris sur le fait.

L’éducation du chat : éviter la contrainte et favoriser les récompenses

Le chat étant capable de fuir un domicile où l’environnement ne lui convient pas, il vaut clairement mieux privilégier une éducation positive. Ce qui n’interdit pas de pouvoir repousser le chat quand il se fait trop présent. Mais il faut rester doux et patient, tout en étant ferme et clair. Par exemple, si le chat monte sur la table quand vous mangez et retente encore et encore, il suffit de le pousser délicatement et le faire descendre, en exprimant un « non » ferme, et ce dès qu’il monte, et éventuellement le récompenser en bas.

Pour le coup, il est très difficile de dresser un chat avec des méthodes d’éducation « traditionnelles » canines. Par contre, l’éducation dans le positif, à base de récompense, peut être très efficace. La difficulté est de trouver la récompense idéale du chat, car la nourriture n’est pas toujours son péché mignon. Par exemple, le fait de jeter la croquette plutôt que de la donner directement, ce qui donne l’occasion de courir après un petit truc qui en plus peut se manger derrière, peut être une récompense efficace. L’association avec le clicker peut être un bon moyen de marquer la récompense.

Mais avant de s’attaquer à l’éducation d’un chat, il vaut mieux s’armer de patience et ne pas attendre des résultats aussi nets qu’un chien. Au mieux, on obtient un chat qui exécute l’ordre quand il est de bonne humeur, dans son cadre habituel…

Voici une vidéo présentant les exercices réalisés avec un spécialiste du comportement félin, vous constaterez comment le chat met plus de temps à réagir et exécuter l’ordre qu’un chien. Il faut potentiellement des mois, voire des années pour arriver à ce résultat !

Pourquoi ne pas gronder son chat ?

Il reste le registre des bêtises, indépendamment de la volonté d’éduquer un chat ou pas. Comment réagir si le chat fait ses griffes sur le canapé sous vos yeux, ou retourne le pot de fleur en vous dévisageant calmement ?

Dans ces deux exemples, il s’agit de comportements qui peuvent être tout à fait normaux, mais parfois excessifs, ils sont alors très dérangeants. Interrompre le chat lors de ces séquences revient à le priver de ses besoins comportementaux, c’est pour cela que la première étape va être de lui trouver un substitut, avant toute réaction sur le chat. Installez des griffoirs un peu partout (ça ne suffit souvent pas, mais ça n’empêche pas l’essai), donnez-lui un accès à l’extérieur, enrichissez l’environnement avec des jouets et des plateformes en hauteur pour l’exploration… N’hésitez pas à voir cette phase avec un comportementaliste, qui pourra directement vous aider à trouver ce qui va marcher sur votre chat.

Enfin, la réaction sur la prise en flagrant délit est importante : le chat peut très bien apprendre via un stimulus négatif, lui faire peur par exemple. Mais l’apprentissage est de mauvaise qualité : le chat cherchera quand même à réaliser ses besoins comportementaux, mais il le fera dans un contexte anxieux vis-à-vis de l’humain. Et c’est souvent ce qui est frustrant : non seulement il continue de faire la bêtise dès qu’on est absent, mais en plus il se met à avoir peur quand on arrive, ne comprenant pas pourquoi il se fait gronder il devient méfiant à tout moment.

Cela dit, il est juste impensable de ne pas réagir en voyant son chat uriner sur le lit, par exemple (ce qu’il peut faire le plus naturellement du monde, en nous regardant droit dans les yeux). Dans ces cas-là, comme dis plus haut, j’invite à être ferme tout en restant doux (la célèbre « main de fer et gant de velours ») : un « non » marqué et repousser le chat sans violence, mais fermement, est un bon compromis. N’oubliez pas de le faire au moment où vous le surprenez, même 30 secondes après c’est déjà trop tard. Le but est juste de l’interrompre : dès qu’il s’en va, vous pouvez reprendre une attitude neutre ou positive. L’important est de synchroniser le comportement indésirable avec le stimulus qui le coupe ; si vous l’interrompez après coup, il ne fera pas l’association entre la bêtise et votre réaction. Je prends souvent l’image d’une personne que l’on sait être en colère juste à sa gestuelle, en la voyant à travers une vitre sans l’entendre : pas la peine d’en mettre des tartines, le chat voit (plus que nous même) les messages que l’on envoie en communication visuelle, et réagira probablement en fuyant rien qu’en vous voyant approcher de lui en colère.

Ce qui justifie souvent la remarque « il sait qu’il a mal fait, car il s’enfuit dès qu’il me voit ». Erreur d’interprétation ! Le chat sait juste que vous êtes en colère, et que les prochains instants risquent d’être désagréables pour lui, ça lui suffit pour s’enfuir ! En revanche, il n’a aucune idée de pourquoi vous êtes en colère, encore moins la notion de culpabilité ou de vengeance. C’est de l’anthropomorphisme que de lui prêter de tels notions humaines, et une expérience éthologique récente (A. Horowitz, 2009, Behavioural Processes)  l’a même montré sur les chiens, à défaut d’en avoir une sur les chats : l’animal réagit à la réaction de l’humain (colère ou bienveillance), peu importe ce qu’il a fait avant (bêtise ou pas). Il ne faut donc surtout pas gronder à postériori, et cette remarque valable pour les chiens l’est tout autant pour les chats !

Donc au final, difficile de répondre à la question « gronder ou pas ? » de manière générale. Chaque animal et chaque situation nécessite une réponse adaptée, et même si globalement il n’est pas recommandé d’agir de la sorte avec son chat, il est des situations où c’est juste impossible de rester neutre ! Agir avec mesure et équilibre, et éviter le piège de l’anthropomorphisme sur les notions de vengeance/culpabilité, restent la meilleure façon d’aborder ce problème.

A lire aussi : Comment éduquer son chat

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5 commentaires

  • Girni21
    Girni21
    Surtout ne pas gronder un chat, ne pas crier après lui, ne pas le punir et encore moins le frapper. Un chat n'apprendra s'il le veut bien qu'avec de la patience et de la douceur. S'il fait une bêtise, tant pis. On étudie le pourquoi et le comment afin qu'il ne recommence pas, on se renseigne, il y a suffisamment d'études sérieuses sur internet ou on demande ce qu'il faut faire à son vétérinaire ou à un comportementaliste. Si l'on persiste à être brusque ou même violent avec lui, le chat nous fuira, l'amour qui aurait pu naître entre lui et nous sera perdu, à jamais.
  • Greylox
    Greylox
    Et pour répondre plus en détail au sondage : non, chez nous, on ne gronde pas les chats. On intervient, on détourne, parfois on repousse ou on fait diversion. Ils connaissent cependant le "non!", enfin pour être exact : le "NomduChat, Non !" et savent qu'un claquement de doigts signifie la même chose qu'un "non".
  • Greylox
    Greylox
    Déjà, parler de bêtise pour un animal, c'est faire de l'anthropomorphisme. Un chat se comporte comme un chat, il ne connaît pas le principe de bêtise, les bêtises ça n'existe que dans l'esprit des humains. A partir du moment où on a intégré ça on peut mieux avancer dans sa relation avec son animal.
    Dans le même registre, on entend souvent "il se venge". Je me suis pris la tête avec un pote qui nous disait que son chat se vengeait en urinant sur son lit. Au bout d'un bon moment de palabres il a fini par comprendre que son chat était juste en train d'exprimer un stress intense dû à un changement de vie soudain : le pauvre est passé du jour au lendemain d'une maison avec jardin où il pouvait sortir, à un petite appartement parisien où en plus il a dû partager son territoire avec un autre chat et une humaine qu'il connaissait à peine...
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