Attention, rappelons d'abord que le vrai chat sauvage est une espèce à part entière, Felis silvestris silvestris, qui vit dans nos forêts d'Europe. Un chat domestique retourné à l'état sauvage est dit haret, s'il n'entretient pas de liens particuliers avec les humains ou libre, s'il est capable d'intéragir avec ces derniers.
D'ailleurs, le chat est souvent considéré comme apprivoisé plus que domestiqué. En effet, la majorité des chats se reproduisent à l’extérieur de nos foyers. On compte 40 000 chats issus des élevages par an (statistique LOOF 2018) pour 13 millions de chats vivant dans les foyers français. Ainsi, la majorité de nos chats sont des adoptions de particuliers à particuliers ou de « chats des rues », qui passent par des refuges où s’installent directement chez nous. Car le cas est fréquent, en effet. Il existe en France une population importante de chats dits féraux, c’est-à-dire qui vivent à l’état sauvage, avec peu ou pas de contact humain.
En pratique, ils vivent généralement près de nos foyers urbains, et se nourrissent de nos déchets, de leur chasse, et/ou de distribution de nourriture offerte par certains humains. Comment faire pour apprivoiser un chat "sauvage" et accueillir un tel chat chez soi ? Est-ce possible ? Est-ce souhaitable, pour le bien-être du chat ?
Comment apprivoiser un chat libre et l'intégrer chez soi ?
Ainsi, il est tout à fait possible pour un chat de s’intégrer à un foyer humain à partir d’un mode de vie sauvage. Mais il va clairement falloir distinguer différents degrés d’intégration, car il y a un écart considérable entre « partager le même lieu de vie » et « avoir une relation établie ».
Avant de chercher à apprivoiser un chat sauvage ou errant, il faut songer à son objectif et ses motivations. Souhaite-t-on accueillir le chat errant à la maison pour le bien-être de l'animal, ou pour le nôtre ? Le chat a-t-il l'air de mal vivre ses conditions de vie ou est-il simplement à la recherche de quelques croquettes ? Du point de vue du chat, la maison humaine est attirante pour deux raisons : elle dispose de lieux de repos confortables, mais surtout, elle est souvent garnie de nourriture délicieuse et facile d’accès. Il reste à passer outre la présence des humains, que le chat sauvage va vivre au départ comme une contrainte. Il faut donc l’habituer à notre présence, voir notre contact, car cela ne sera pas évident pour lui. Ce procédé d’apprentissage se veut très doux et progressif : par exemple, au départ, la nourriture peut être mise à l’extérieur, puis progressivement rapprochée du foyer à mesure que le chat explore et se rassure. Cela peut prendre des mois, voire des années ! A terme, il peut être envisagé de lui donner la nourriture en étant présent à proximité, voire de lui donner directement.
La règle essentielle à respecter est de ne pas être trop exigent vis-à-vis du chat : ce n’est pas un animal que l’on contraint, et il ne faut surtout pas le forcer à avoir des contacts s’il les refuse. Prendre en charge un chat sauvage, c’est donc potentiellement se préparer à aider et accueillir un chat sauvage à la maison, sans en tirer le moindre retour affectif ! Du moins au début...
La socialité du chat
Le chat, dans la nature, est un animal plutôt solitaire. Sa socialité est dite opportuniste, car il sait s’adapter à certaines situations pour quérir des ressources alimentaires, et c’est notamment le cas avec l’humain. Ainsi, la proximité de l’humain peut lui donner une certaine familiarité avec celui-ci. On trouve donc parmi les chats libres ou errants, certains chats qui n’hésitent pas à s’approcher de nous, pour quémander de la nourriture, souvent. L'accès à la nourriture sera donc un avantage de taille pour apprivoiser un chat libre ou haret.
Cependant, cela sera se produira plus difficilement si le chat a eu très peu de contact humain, notamment pendant les premiers mois de sa vie. L’âge du chat joue en effet pour beaucoup dans sa capacité à se familiariser à l'humain.
Pourquoi apprivoiser un chat libre ou errant ?
La question se pose sincèrement : pour beaucoup de propriétaires, la vie d’un chat de maison est bien plus heureuse qu’une vie dans la nature. Du point de vue du chat, cela peut être bien différent ! Par exemple, un chat ayant vécu à l’état sauvage aura beaucoup de mal à vivre dans un espace clos.
Sortir un chat haret de son mode de vie sauvage est donc parfois catastrophique pour son bien-être. Il faut nécessairement savoir repérer les signes de mal-être, quitte à faire appel à un comportementaliste, si l’adoption ne se déroule pas correctement. Car il y a un danger : parmi les signes de mal-être que le chat peut exprimer, il y a l’agressivité, et ce d’autant plus que le chat sauvage a beaucoup plus peur de l’humain. Et les réactions ayant la peur comme émotion à l’origine peuvent être très violentes, avec des griffures ou des morsures profondes. Il ne faut donc pas tenter d'adopter tous les chats sauvages, car certains n’en ont ni le besoin, ni l’envie, ni même la capacité ! Prendre en charge en premier les chats libres qui ont une attirance spontanée pour l’humain sera moins difficile.