La période d’activité des phlébotomes peut varier en fonction des conditions climatiques. Depuis quelques années, les phlébotomes apparaissent de plus en plus tôt dans la saison (dès le mois de mars). Cet insecte possède un mode de vie nocturne : c'est-à-dire qu’il est particulièrement actif au crépuscule, à l’aube et durant la nuit.
Le parasite agent de cette maladie est un protozoaire microscopique appelé « leishmanie » (Leishmania infantum). La maladie va causer la mort du chien de manière inéluctable à plus ou moins long terme.
Si la leishmaniose était une maladie rare il y a de cela quelques années, ce n’est plus du tout le cas actuellement ! En effet, les chiens voyageant de plus en plus avec leurs maîtres, tous les vétérinaires français (peu importe leur zone d’exercice) sont confrontés plusieurs fois par an à cette maladie.
Quels sont les symptômes de la leishmaniose canine ?
Le chien malade va présenter les symptômes de la maladie plusieurs mois après avoir été contaminé par des phlébotomes infestés.
Les premiers symptômes peuvent apparaître même plusieurs années après l’infection, ce qui rend le diagnostic d’autant plus compliqué car on ne pensera plus du tout à incriminer le voyage du chien en zone à risque.
Les symptômes majeurs de la leishmaniose canine sont les suivants :
- on observera tout d’abord une chute de poils, particulièrement autour des yeux et sur le museau
- ensuite le chien perdra du poids, bien que son appétit restera normal
- des escarres, ulcères, squames, nodules cutanés, inflammations de la peau, …
- certains ganglions vont s’hypertrophier, le chien sera de plus en plus abattu et maigre
- dans les derniers stades de la maladie, les griffes poussent de façon accélérée et anormale
- le chien peut également présenter des boiteries, une insuffisance rénale, ...
Comment se transmet la leishmaniose ? Est-elle transmissible à l'homme ?
La maladie se transmet aux chiens par la piqûre d’un phlébotome infecté. L’inquiétude, même si elle est justifiée pour nos animaux, s’étend bien sûr au fait du risque de transmission à l’homme, car la leishmaniose est une zoonose (c’est à dire une maladie transmissible de l’animal à l’homme et vice versa), avec l’animal comme "réservoir". L’OMS (l’Organisation Mondiale de la Santé) s’intéresse donc particulièrement à cette affection.
Dans la population canine des régions dites « à risque », il existe de nombreux chiens porteurs asymptomatiques (c’est à dire qu’ils sont porteurs du parasite mais ne semblent pas malades). Leur rôle de réservoir est donc d’autant plus compliqué à contrôler, vu qu’ils ne présentent aucun symptôme.
La transmission entre chiens s’effectue via les phlébotomes :
- les phlébotomes vont piquer le chien porteur
- les parasites vont ensuite se multiplier dans les insectes qui transmettront la maladie en piquant un autre chien
Aux USA, des chercheurs ont prouvé la transmission de chien à chien avec une contamination directe par le sang (via une transfusion) et les sécrétions, ainsi que par voie transplacentaire d'une chienne gestante infectée à ses chiots.
Quelles sont les zones les plus touchées par la leishmaniose ?
Si avant, on pouvait considérer la leishmaniose comme une maladie purement méditerranéenne, tropicale ou subtropicale, ce n’est plus le cas actuellement. LeishVet (le groupe d’études vétérinaire sur la leishmaniose) rapporte une augmentation du nombre de cas de leishmaniose canine, avec une zone d’enzootie (= « maladie infectieuse touchant les animaux ») qui couvrait 32 départements du sud de la France fin 2011.
Depuis lors, on observe non seulement une augmentation du nombre de cas, mais aussi une extension de la zone à risque. En plus de ces 32 départements du Sud, des cas de leishmaniose canine ont été rapportés dans 31 autres départements français (ce qui fait donc 63 départements sur les 101 que compte la France en tout avec les départements d’outre-mer !).
On observe maintenant des cas en Europe du Nord, non seulement sur des animaux infestés dans le Sud durant des déplacements avec leurs maîtres, mais également parce que le réchauffement climatique engendre une remontée géographique de l’habitat des insectes vecteurs de la leishmaniose.
De manière générale, on rencontre des phlébotomes plus fréquemment en zone rurale qu’en zone urbaine. En ville, cet insecte se rencontre bien sûr majoritairement dans les endroits boisés (parcs, jardins, …).
Les seuls continents indemnes de leishmaniose sont l’Australie et l’Antarctique. Sinon, on rencontre des cas de cette maladie partout en Europe, en Asie, en Afrique (surtout dans le Nord), mais aussi sur le continent américain (Mexique, Amérique centrale et du Sud et Etats-Unis).
Existe-t-il un traitement contre la leishmaniose ?
Avant de traiter un chien, il faudra bien évidemment d’abord diagnostiquer la maladie.
De nombreux examens complémentaires pourront être réalisés par votre vétérinaire. Dans la majorité des cas, une prise de sang suffira pour mettre en évidence la séropositivité du chien atteint. Cependant, parfois, d’autres techniques d’examens devront être mises en œuvre : ponctions de ganglions ou de moelle osseuse.
Une fois que le chien aura été diagnostiqué comme affecté par la leishmaniose, votre vétérinaire discutera probablement avec vous de la pertinence de traiter ou non. Le pronostic est toujours réservé car le traitement est long, difficile, coûteux, parfois mal supporté, et ne permet pas d'éradiquer le parasite chez le chien. La décision thérapeutique est donc à adapter au cas par cas, en fonction du pronostic.
Si le chien est très malade, en mauvais état général ou à un stade très avancé de la maladie, l’euthanasie sera probablement le meilleur choix pour l’animal. Egalement lors de proximité de l'animal avec une personne immunodéprimée car cela devient dès lors une question de santé publique.
Pour les autres cas, dont le pronostic est moins sombre à court terme, il existe un traitement, mais des rechutes ultérieures sont toujours possibles.
Le médicament ne permettra en aucun cas d’éliminer totalement les parasites et n’assurera donc jamais une guérison totale. Ce traitement se donne par injections, qui doivent être faites quotidiennement pendant plusieurs semaines. Ces injections sont souvent combinées à un traitement par voie orale.
Ces deux traitements combinés visent à diminuer les signes cliniques mais ils ne guériront jamais totalement le chien. Et quoi qu’il en soit, le chien devra être très régulièrement suivi par son vétérinaire.
Comment protéger son chien de la leishmaniose ?
Comme nous savons que les phlébotomes (insectes vecteurs de la leishmaniose) sont particulièrement actifs la nuit, un principe de précaution permet d’affirmer qu’il faut veiller à ce que votre chien reste à l’intérieur d’une maison du crépuscule jusqu’à l’aube lorsque vous séjournez en zone à risque entre mars/avril et octobre.Il faut ensuite appliquer régulièrement un antiparasitaire spécifique à son chien, sous forme de pipettes (spot on) et/ou collier.
Depuis septembre 2011, il existe un vaccin contre la leishmaniose canine.
Si le chien est séropositif, cela veut dire qu’il est probablement malade de la leishmaniose. Dans ce cas, il est évidemment inutile de le faire vacciner. Votre vétérinaire pourra faire d'autres examens pour évaluer avec précision le statut de votre chien face à la maladie. Un suivi rigoureux et éventuellement un traitement devront probablement être mis en place. La protection antiparasitaire devra être maintenue pour limiter le risque de contagion.
La vaccination se fait sur des chiens âgés d’au moins 6 mois et ne peut pas être combinée à d’autres vaccins.