Plusieurs centaines de personnes ont répondu « présent » à la 1ère édition du Dog Event qui s’est tenue du 14 au 17 mai à Paris. Pari gagné pour Perrine Hubert et Benjamin Bonhomme, éducateurs canins, tous deux à l’origine de l’organisation de ce séminaire, dont l’objectif était d’aborder les méthodes d’éducation dites positives et, plus globalement, de « décortiquer » le comportement de nos amis à quatre pattes.
Trois spécialistes américains à la renommée internationale ont été conviés pour l’occasion : le Dr Susan Friedman, Ken Ramirez et Kathy Sdao.
Passionnés et enthousiastes, leurs discours visaient à apporter un éclairage sur le métier d’éducateur canin et à formaliser les rapports entre l’homme et l’animal sur la base de leurs expériences et des dernières études parues sur le sujet. Retour sur ces interventions captivantes et instructives, à commencer par celle du Dr Susan Friedman, donnée le 14 mai.
Désétiquète-moi !
C’est une belle leçon d’humanité et d’humilité que nous a enseignée cette chercheuse, professeur en psychologie à l’université de l’Utah et pionnière de la méthode "ABA" (Analyse Appliquée du comportement).
Comment fonctionne un comportement ? Comment renforcer ou diminuer les comportements de son chien ? Comment éviter des interprétations erronées ? Quelles stratégies opérantes mettre en place ? Comment respecter l’animal ? L’approche éthique, scientifique et presque philosophique du Dr Friedman sur nos interactions avec les animaux permet de repenser la place de l’animal auprès de l’Homme et, par extension, de réfléchir au bon comportement à adopter auprès des animaux qui partagent notre quotidien.
Facile en théorie, mais en pratique ? Preuves à l’appui, le Dr Friedman projette des vidéos d’animaux ayant été « éduqués » et conditionnés avec les méthodes de renforcement positif qu’elle revendique : chiens se laissant brosser les dents, baillant sur commande ou poissons rouges effectuant de véritables parcours du combattant. Les extraits sont incroyables et pédagogiques à la fois, l’auditoire en est bouche bée…
Le Dr Friedman insiste par ailleurs sur le fait qu’il faut éviter d’enfermer nos animaux dans des cases : « trop têtu », « trop bête », « fainéant », « agressif », etc. Il est important de ne pas coller d’étiquette à son chien au risque qu’il finisse par s’y conformer (=effet Pygmalion). Elle nous rappelle à cet égard que différentes expériences et études ont d’ailleurs démontré que le fait « d’étiqueter » des enfants « bons » ou « en difficulté », « dociles » ou « rebelles », contribuaient à les rendre tels qu’on les décrivait... A méditer…
L’animal, selon elle, doit toujours être replacé dans son environnement. On préférera dire ainsi: « Mon chien a un comportement agressif », plutôt que « Mon chien est agressif », pour éviter d’être dans ce qu’on appelle la prophétie auto-réalisatrice (=prophétie qui modifie des comportements de telle sorte qu'ils font advenir ce que la prophétie annonce).
Autre point de vue intéressant et complémentaire de celui portant sur « l’étiquetage de comportement» : la vacuité et l’incohérence des raisonnements circulaires que le Dr Friedman, nous exhorte à abandonner:
Exemple : « Mon chien me mord parce qu’il est agressif. »
« Pourquoi il me mord ? »
« Parce qu’il est agressif. »
« Pourquoi est-il agressif ? »
« Parce qu’il me mord »
Etc.
Il ne faut pas confondre la cause et la conséquence : il n’y a pas de comportement à problèmes, il n’y a que des situations à problèmes, tel est le credo du Dr Friedman. Cette responsabilité, incombée aux hommes et non systématiquement à l’animal, apporte un éclairage nouveau sur le comportement de l’animal, étroitement lié à celui de l’homme.
Audrey Dulieux