Epuisante, l’hyperesthésie du chat est un mal qui se caractérise par une sorte de crise de démence où l’animal semble en dehors de la réalité. Dangereuse pour le félin et impressionnante pour l’homme, elle masque parfois une douleur plus profonde… Marie-Hélène Bonnet, comportementaliste du chat, nous en dit plus.
Cette affection n’est présente que chez le chat, plus particulièrement les races issues de chats orientaux (Siamois, Thaïs, Birmans, Orientaux, Balinais, etc.) et souvent constatée sur des chats de 1 à 5 ans. Elle peut être confondue avec l’alopécie au début des crises. L’hyperesthésie est extrêmement fatigante pour le chat. On ignore les causes de ce syndrome, et on ne peut le guérir définitivement. On peut seulement tenter d’atténuer les crises, et d’en réduire la fréquence.
Eviter toute source de stress
Il a été constaté que les chats souffrant de ce syndrome étaient plus sensibles au stress que leurs congénères. Il faut donc leur éviter toute source d’angoisse. Ne rien changer dans le quotidien du chat, avoir des horaires réguliers et fixes, éviter les déménagements, les changements de meubles ou même la composition du foyer.
Les symptômes de l’hyperesthésie
Dans un premier temps le chat est pris d’une sorte de frénésie, bouge beaucoup, avec des frémissements de la peau du dos (rolling skin) comme si des vagues passaient sous son poil.
Il va tourner autour de sa queue, feuler, cracher, comme si cette dernière l’attaquait. Dès qu’il peut l’attraper, il va s’automutiler de façon impressionnante, il peut se faire très mal. Le chat va ensuite se lécher de façon intense. Il est alors dans une sorte de transe, les yeux ronds et fixes, comme si le monde autour de lui n’existait plus.
Quelle attitude adopter ?
Mieux vaut éviter de déranger le chat quand il est dans cette crise, vous pourriez vous faire blesser gravement. Il faut juste lui parler, sans paniquer, en gardant un ton rassurant. Dites-lui que vous êtes là, que vous l’aimez, et le son de votre voix le ramènera à là réalité, et stoppera la crise en douceur.
Attention si votre voix est tremblante, hésitante, ou paniquée, ne lui parlez pas, attendez la fin de la crise.
Un mal qui en cache un autre ?
Sur les différents cas que j’ai eu à traiter, un point commun récurrent me fait dire que l’hyperesthésie est en fait « un train qui en cache un autre ». Une petite chatte de 3 ans que je suivais faisait 2 à 5 crises par jour, nous avons réussi avec sa maitresse à diminuer le rythme des crises à 2 par trimestre, ce qui était tout à fait raisonnable.
Moins fatiguée la chatte rejouait même un peu plus. Quand son cas m’a été présenté par le biais de son vétérinaire, ce dernier avait fait un bilan de santé. Plus d’un an plus tard, j’apprenais que cette puce avait de graves soucis digestifs, vomissements, diarrhées, elle n’allait pas bien. Le vétérinaire n’a rien pu faire. L’autopsie a révélé une malformation congénitale du foie. La chatte vomissait souvent, le vétérinaire avait pensé à un système digestif fragile, rien sur la prise de sang ne permettait de penser autrement. Elle avait donc par période un traitement et elle avait une alimentation spéciale. En fait, l’échographie du foie - n’ayant jamais été faite -, aurait cependant permis de voir que le foie n’était pas normal.
Un autre cas présentait une malformation interne des reins, cachée par cette hyperesthésie, derrière laquelle on ne cherchait pas plus loin. Et là, l’échographie ne révélait rien.
En bref, pour moi, l’hyperesthésie est souvent la façon pour un chat d’exprimer une souffrance plus profonde. Maladie ou malformation congénitale non détectée.
Etablir un bilan de santé
Je demande quand un chat souffre de ce syndrome un bilan complet, avec échographie des organes, bilan sanguin, analyse d’urine et des selles si besoin. Et seulement ensuite, j’accepte d’intervenir pour tenter de limiter les crises et leur fréquence. Généralement, une fois la maladie trouvée et soignée si c’est possible, les crises vont d’elles mêmes se raréfier, sachant toutefois qu’au moindre coup de stress, elles peuvent réapparaitre.
Si votre chat présente des symptômes de ce syndrome, faites donc établir rapidement un bilan de santé complet, et consulter un comportementaliste au plus vite afin de faire en sorte que le chat se sente mieux.
Marie-Hélène Bonnet
Comportementaliste du chat
http://www.comportement-chat.com