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La place du jeu dans les rapports entre chiens

Par Éric Duchêne Rédacteur | Journaliste

mis à jour le

Le jeu est une composante essentielle des rapports amicaux et sexuels entre chiens, mais en réalité le jeu intervient presque à chaque instant de la vie d’un animal social. Le terme « jeu » ne doit pas être compris, à tort, comme un moment de distraction sans aucune utilité pratique, car il revêt une toute autre signification dans l’univers canin.

Pour les chiots, le jeu assume une fonction éducative primordiale, car il leur permet d’apprendre littéralement à vivre : chasser, lutter, se conduire correctement avec les autres membres de la meute, distinguer les amis des ennemis... et la liste pourrait continuer pratiquement à l’infini. Pour les adultes, le jeu sert à tester de nouvelles tactiques de chasse et de lutte, à se courtiser, à saisir les intentions d’un autre sujet, à évacuer le stress, à trancher les polémiques... et là encore, la liste risquerait d’être très longue.

Entre un chien et un homme, enfin, le jeu constitue l’élément crucial à la base de l’éducation, du dressage... et du simple plaisir d’être ensemble. Le jeu est en somme quelque chose d’excessivement sérieux et utile, qu’il convient de favoriser et d’encourager à la moindre occasion.

Les signaux d’invitation au jeu

Comment se manifeste, entre chiens adultes, l’envie de jouer ? À la différence des chiots, qui doivent se signaler réciproquement leur intention de ne pas jouer, deux adultes doivent se dire qu’ils joueraient volontiers ensemble : et ils le font par un signal précis, qui consiste à abaisser l’avant-main et à garder l’arrière-main en l’air.

Cette sorte de révérence revêt une signification unique, sans équivoque, qui ne pourra jamais se trouver à l’origine d’un malentendu : l’invitation au jeu. On l’observe très souvent (entre deux chiens, ou entre un chien et un homme) et on constate qu’elle a pour but immédiat de déclarer un état de non-belligérance : presque toujours, en effet, elle étouffe dans l’œuf toute velléité d’agressivité de la part de l’invité.

L’invitation précède le jeu proprement dit, qui peut se dérouler selon diverses modalités. Parmi les plus fréquentes, citons :
- le jeu de la chasse, où l’un des deux chiens s’enfuit et l’autre le poursuit.
- le jeu de la lutte, où les mouvements de l’agression et de la défense sont ritualisés.

Les chiens luttent soit debout, soit couchés. Le jeu par terre, qui met les sujets dans une position de vulnérabilité extrême, s’avère très fréquent chez les chiots et se rencontre en revanche uniquement chez des adultes qui ont déjà une profonde connaissance l’un de l’autre et qui se font confiance. Dans une meute solide, il arrive que plusieurs chiens jouent à la lutte.

Les morsures féroces qui semblent être infligées à la victime s’avèrent en réalité feintes, et tous les chiens s’amusent comme des fous : le fait que toutes les lèvres soient lâches et non pas plissées, et que la « victime » elle-même arbore une expression détendue le prouve (les yeux mi-clos et les oreilles en berne, ni complètement dressées, ni rabattues en arrière, constituent des expressions joviales typiques).

La victime de service sort de ces jeux généralement couverte de bave, mais absolument indemne et sans un seul poil arraché. Rappelons cependant que ce jeu collectif repose sur des fondements très sérieux : les chiens s’exercent ainsi à attaquer et tuer en groupe une hypothétique vraie proie, qui subirait des morsures rien moins que mimées.

Si les adultes ne se font presque jamais mal en jouant à la lutte, les chiots peuvent parfois se blesser mutuellement. Cela arrive simplement parce qu’ils ne savent pas encore doser leurs forces : ils l’apprendront en jouant, justement ! Lors de leurs premières expériences de combat, les chiots exagèrent souvent et, emportés par des émotions qu’ils ne sont pas encore en mesure de maîtriser, ils se mordent pour de vrai.

Les glapissements et la réaction du jeune animal meurtri leur fournissent plusieurs informations :
- que la peau des petits frères et sœurs a une consistance X, après quoi on fait souffrir la victime.
- que la victime peut réagir en se soumettant, mais aussi en se fâchant et en mordant à son tour.
- que quand le frère ou la sœur mord à son tour, ça fait mal !

Tout cela paraît évident à un adulte (homme ou chien), mais le chiot (à l’instar des enfants) doit l’apprendre. Apprendre par le jeu et avec ses frères et sœurs représente le seul moyen d’acquérir sans danger des connaissances (si, en effet, le chiot essayait de combattre contre un adulte, et sans ritualisations ludiques, il serait tué).

Il s’agit en outre d’un excellent système pour commencer à établir une hiérarchie, même si les très jeunes chiots passent du rôle de dominant à celui de soumis... toutes les trente secondes environ. C’est seulement vers l’âge de trois mois que l’un des chiots commence à se sentir un vrai petit chef, tandis que les autres acceptent le rôle de subordonnés : mais auparavant, les limites et les gestes rituels de domination et de soumission auront déjà été éclaircis.

C’est la raison pour laquelle l’ordre hiérarchique de la meute peut s’instaurer de façon spontanée, progressive et, surtout, sans effusion de sang.

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