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L’agressivité prédatrice du chien

Par Éric Duchêne Rédacteur | Journaliste

mis à jour le

Le chien a hérité du loup de nombreux instincts qu’il a, avec la domestication, modifiés, atténués, réprimés mais qui peuvent cependant réapparaître : c’est le cas notamment de l’instinct de prédation.

Les nouvelles exigences de vie liées à la domestication ont rendu la chasse inutile ; le chien éprouve pourtant toujours l’envie de suivre une proie, de la bloquer et de la tuer, même s’il ne prend plus pour cible les animaux sauvages que poursuivaient autrefois les loups.

De nos jours, le chien donne la chasse à des animaux plus petits comme les chats, les lapins, les oiseaux, les moutons, ou à l’homme et à des objets en mouvement comme les voitures ou les bicyclettes. L’agressivité prédatrice peut être dirigée contre d’autres chiens ou d’autres animaux, contre l’homme ou les objets en mouvement.

Les caractéristiques de l'agressivité prédatrice :

- elle est provoquée par un animal ou par un objet en mouvement. Si la proie reste immobile, le chien est inhibé et n’attaque pas.
- quand il saisit sa proie, le chien ne déploie pas tout son répertoire rituel pour manifester son autorité ou sa soumission. Il ne grogne pas, n’est pas menaçant, mais saute sur elle et tente de la tuer en l’attrapant par le cou.
- si l’agressivité est dirigée contre des objets inanimés (voitures ou bicyclettes) qui n’ont pas l’aspect des proies traditionnelles, avant de les rattraper, il s’arrête à une certaine distance et aboie.

Ces comportements sont caractéristiques et permettent de faire la différence entre l’agressivité prédatrice et l’agressivité sociale, même s’il s’agit de schématisations théoriques avec de possibles variantes. En effet, il peut aussi attaquer avant que la proie ne se mette en mouvement, surtout lorsque la victime est un autre chien.

On observe ce phénomène chez les sujets qui ont agressé plusieurs fois et qui n’ont pas besoin d’un motif précis pour poursuivre leur proie. Il faut faire très attention aux chiens spécialisés dans la poursuite car ils ne respectent pas toujours les règles.

L’agressivité prédatrice contre d’autres chiens ou d’autres animaux, le chat de la maison par exemple, peut survenir à l’improviste, même lorsque votre fidèle ami cohabite pacifiquement depuis des années avec l’animal qui devient sa proie. Malheureusement, si le sujet commence à chasser, il y prend goût : poursuivre et bloquer un être en mouvement le gratifie beaucoup ; il répétera donc ce comportement.

La violence de l’agression augmente si la chasse est menée en groupe. Le problème de l’agressivité prédatrice contre l’homme nécessite un traitement différent selon qu’elle est dirigée contre des adultes ou des enfants. Dans le premier cas, les victimes sont habituellement des sportifs qui font du jogging dans un parc, ou des personnes qui se déplacent rapidement. Le conseil à leur donner est de s’arrêter et de rester immobiles ; ils devraient ainsi bloquer l’instinct de chasse du « fidèle ami de l’homme ». Le conditionnel est de rigueur car il s’agit d’une situation très délicate, à l’évolution difficilement prévisible.

Lorsque la proie est un enfant, cette forme d’agressivité est encore plus dangereuse. Le chien est enclin à attaquer un enfant qui marche à quatre pattes ou commence à marcher : il est attiré par les petits cris de joie du bébé ou le bruit des jouets ; il ne le reconnaît plus, le prend pour une proie et l’agresse. Il n’est pas rare que la victime soit ce même bébé, qui restait dans son landau ou son parc, que le chien défendait quelques jours auparavant ou auquel il ne prêtait aucune attention. C’est normalement le mouvement du petit qui est à l’origine du geste agressif.

Les conséquences d’un tel comportement sont toujours graves. Si le chien a été le protagoniste d’un tel épisode – et même si l’agressivité prédatrice n’est pas dirigée spécifiquement contre l’enfant –, ne les laissez surtout pas ensemble et consultez un comportementaliste qui vous dira comment agir.

Quelle attitude adopter ?

L’appréciation de la gravité de cette pathologie varie si l’agressivité est dirigée contre de petits animaux (chats), des automobiles ou des personnes (enfants en particulier). Il vaut mieux la prévenir plutôt que d’affronter le problème plus tard. Il faut travailler avec les chiots, en les habituant à des situations qui réveillent leur instinct de chasse, et en les arrêtant – avant qu’ils ne commencent à chasser – par un « non » sec et un coup brusque sur la laisse.

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