Groupe de chiens n’est pas synonyme de meute, même en ce qui concerne les races les plus lupoïdes et socialement les plus évoluées. Le terme meute sous-entend en effet tout un ensemble de rapports beaucoup plus complexes que ceux susceptibles de s’instaurer entre cinq ou six chiens lâchés ensemble dans un jardin public, sans jamais qu’ils se soient vus auparavant.
Le groupe de chiens qui ne se connaissent pas fait normalement preuve d’une extrême prudence dans ses manoeuvres d’approche (ils ne sont quand même pas idiots !). Incapable de savoir que les autres sujets ne sont pas non plus liés entre eux, chaque chien se sent comme un loup en train d’aborder une meute étrangère : à moins d’être un fou téméraire par nature ou par éducation, chaque individu se tient par conséquent « à carreau ».
Conclusion : on peut pratiquement toujours lâcher plusieurs chiens inconnus ensemble sans qu’il se passe rien (alors que deux mâles du même groupe laissés tout seuls ensemble risqueraient de s’égorger).
Autre élément à prendre en compte : quand une querelle éclate au sein d’un groupe d’inconnus, les autres sujets s’en désintéressent la plupart du temps. Mais si la même dispute survient au sein d’une meute ayant des rapports sociaux déjà solidement établis, les autres membres auront tendance à se ranger du côté du sujet le plus dominant, en rendant la position du chien pris au milieu très dangereuse.
Résultat pratique : lorsqu’un groupe de chiens et de maîtres se retrouvent pour la première fois au jardin et que tous les chiens sont lâchés, il y a de grandes chances pour qu’ils s’entendent (quelques reniflements, poils hérissés et grognements çà et là... mais rien de plus grave). Si les mêmes chiens et les mêmes maîtres continuent en revanche de se rencontrer à ce qui devient un rendez-vous fixe, les chiens seront inévitablement enclins à instaurer des rapports sociaux et hiérarchiques, finissant par former une meute.
C’est alors que tout change ! Une hiérarchie précise s’installera, des conflits sociaux naîtront... et l’éventuelle simple escarmouche en tête à tête du premier jour pourrait bien se transformer, deux mois plus tard, en un sanglant tous contre un.
Le cas de chiens qui se voient tous les jours (au jardin public des environs ou sur le terrain d’entraînement), mais qui n’ont jamais l’occasion de s’affronter sur le plan hiérarchique s’avère encore différent. Il ne faut surtout pas commettre ici l’erreur de les considérer comme une meute mixte d’hommes et de chiens, car il s’agit au contraire d’autant de... minimeutes (au format duo chien-maître).
Il n’est écrit nulle part que ces minimeutes doivent se lier d’amitié : du point de vue canin, au contraire, un conflit territorial se crée. S’il est donc quasiment sûr que l’élément humain du couple n’aura aucun mal à devenir ami avec ses homologues, il est tout aussi normal que les éléments canins n’éprouvent aucune sympathie les uns envers les autres.