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Communication personne âgée - chien

Par Éric Duchêne Rédacteur | Journaliste

mis à jour le

La personne âgée dans son isolement se retrouve face à ellemême et c’est le temps de se réévaluer, de se repositionner par rapport aux autres. De nombreuses études démontrent l’intensité avec laquelle les personnes âgées qui vivent avec un chien substituent la relation homme/animal à la relation homme/homme. 75 % des hommes et 67 % des femmes âgées avouent que leur chien est leur seul ami.

Isolement, sentiment d’insécurité, perte de rôle social, retour sur soi difficile à faire, l’animal et particulièrement le chien redonne sens à cette vie qui ne semble plus en avoir. Le chien en permanence sollicité est attentif aux moindres signes de son maître et le renvoi n’a pas de fin avec des mécanismes de renforcement positif. La présence de l’animal permettant une interaction affective et sociale permet à la personne isolée de garder le moral, qui participe indirectement d’une meilleure santé générale.

Une communication très spécifique au chien et à la personne va se mettre en place. La communication sera codifiée. Le chien arrivera parfois à comprendre des mots précis. L’aspect régulier et « rituel » du mode de vie des personnes âgées amplifie la réussite de la communication.

Le fait que le chien soit mis aussi facilement à la place de l’homme n’est pas toujours positif. Certaines personnes âgées en viennent à préférer leur animal à l’être humain. Cette relation humanisée, à l’excès, est préjudiciable aux deux espèces. En effet, les besoins éthologiques de l’animal ne sont pas souvent respectés : isolement social, exercice très limité… Le chien développe souvent des troubles liés à la suralimentation – diabète, pathologie cardio-vasculaire – ainsi que des troubles comportementaux liés à un état anxieux.

La personne âgée qui souffre de son isolement s’isole d’avantage de ses pairs en choisissant le camp de l’animal et en rejetant l’homme lui-même. La relation établie est paradoxale car la personne âgée croit s’éloigner du monde de ses contemporains en mettant son chien au centre de son univers tout en donnant à ce dernier un statut humain.

La présence de l’animal familier permet aux personnes âgées de vivre davantage au présent. Dans l’isolement, le quotidien est rythmé par les sorties que demande le chien, les repas qui donnent un sentiment de partage et de vie sociale. Les possesseurs d’animaux ont en effet davantage tendance à parler au présent que ceux qui n’en ont pas, cela étant particulièrement vérifié chez les personnes âgées.

Avec l’âge, la santé physique se détériore et rend difficile toute sortie, la vie de relation diminue d’autant. De plus leur image se dévalorise, car elles n’appartiennent plus à la population active, n’exercent plus de responsabilités, se sentent moins utiles à la société. Communiquer avec un étranger suppose une véritable volonté de le faire, car il n’est plus évident d’engager une conversation avec un inconnu ou un voisin.

Cette difficulté, déjà grande pour certains, devient parfois quasi insurmontable pour une personne âgée, car elle ne partage plus les mêmes valeurs de référence d’une personne plus jeune. Les personnes âgées redoutent d’être incomprises, jugées ou contredites et reculent devant la peur de cet échec, ce qui n’existe pas avec le chien.

Ces animaux sont très protégés, confinés dans la maison, en sécurité ; les chats ne sont pas autorisés à sortir, les chiens le sont rarement – une ou deux fois par jour –, rapidement et sont toujours tenus en laisse. Les contacts avec les autres animaux sont redoutés et évités. Cette surprotection nie ainsi tout comportement social, souvent méconnu. Le comportement sexuel est également brimé, les chaleurs supprimées, les chats castrés. Les troubles du comportement sont parfois dûs à cette situation.

Les soins accordés à l’animal sont importants et traduisent chez la majorité de ces propriétaires un véritable amour possessif et protecteur, parfois excessif, un attachement très fort à leur compagnon. Cette responsabilité qu’ils jugent avoir face à « un être fragile » et dépendant peut être ressentie intensivement au point qu’ils se croient seuls capables d’élever cet animal et qu’ils répugnent à le laisser en garde chez quelqu’un, même dévoué.

Certains demandent même qu’il soit euthanasié après leur propre décès ou quand ils entrent dans une maison de retraite. Ils n’accordent pas leur confiance aux autres pour la garde de leur animal. Si certains propriétaires refusent une trop grande connotation affective dans cette relation, laissant à leur compagnon son véritable statut d’animal, d’autres reconnaissent qu’il leur apporte de l’affection et de la tendresse, que les soucis, le travail (soins, sorties…) sont négligeables à côté de cet apport.

Protéger cet animal, être vivant qui nécessite leur présence, leur donne en outre une meilleure image d’eux-mêmes, le sentiment d’être utiles et ne plus être ainsi une charge au ban de la société. Cette valorisation ressentie passe également par l’autorité exercée sur leur animal, ils agissent sur son mode de vie, sur son aspect extérieur (toilettage…), sur ses comportements. Cette autorité se manifeste dès l’instant du choix de l’animal, de l’adoption.

La fierté de posséder un bel animal, propre, obéissant contribue également à valoriser l’image du propriétaire âgé. L’animal favorise aussi un changement d’attitude de la personne âgée, qui calque son rythme de vie sur celui de son compagnon et suit un horaire logique et précis : sorties, préparation du repas à heure fixe.

Le propriétaire est occupé, ne se laisse pas alanguir, ne reste pas oisif : il est actif ; il est important pour un retraité de trouver une occupation, un loisir pour meubler sa longue journée. Un propriétaire d’un animal est également plus ouvert sur le monde extérieur et ne reste plus enfermé dans son univers peuplé de ses souvenirs. Véritable médiateur social dans une cité trop déshumanisée, l’animal favorise les contacts, les relations avec autrui. La personne âgée réintègre ainsi la société, ne se sent plus marginalisée.

Une étude en Pennsylvanie a montré que le fait de confier un animal à une personne âgée avait pour effet d’augmenter le nombre de contacts quotidiens avec d’autres personnes, de lui donner un sens des responsabilités qu’elle jugeait avoir perdu en raison de son âge, et de diminuer la fréquence des visites chez le médecin.

Remarquons d’abord que c’est auprès des personnes âgées que le chien joue le mieux son rôle d’animal de compagnie, puisqu’il n’y a pas de séparation quotidienne avec le maître (qui n’a pas d’activité professionnelle). Des enquêtes révèlent que plus l’âge des ménages augmente, plus la proportion d’animaux est importante.

Le vieillissement accentue les difficultés relationnelles de l’individu. Les problèmes de communication avec autrui peuvent ainsi réapparaître avec la mise à la retraite. Or, l’animal, apporte des solutions à toutes ces difficultés :

- Face au problème de l’isolement, le chien va constituer un élément relationnel et affectif. Un cas particulier est le rôle de substitut affectif joué par l’animal après la perte du conjoint de la personne âgée. Dans ce cas, la possession d’un animal permet d’établir une relation nouvelle avec un autre être vivant, sans trahir la mémoire du disparu. La société admet très bien ce rôle de l’animal auprès des personnes âgées.

- Face à la difficulté de communication, la relation avec le chien est une solution de facilité. C’est en quelque sorte une relation à sens unique. Une telle interaction serait impossible avec un être humain. L’animal représente un confident idéal, écoutant sans contredire et n’obligeant pas le maître à se remettre en question.

- Face au sentiment d’inutilité, d’improductivité que ressent la personne âgée, se rendre indispensable auprès d’un animal donne un sens à la vie. C’est une occasion d’avoir des responsabilités, d’affirmer son existence. On peut à cette occasion remarquer l’analogie entre le rôle de l’animal et celui parfois donné à l’enfant comme justificatif de l’existence. La différence est que l’animal ne grandira pas, ne partira pas, sera fidèle à la personne qui s’occupe de lui. L’intérêt n’est pas moindre pour la personne âgée, qui se souvient, si elle a eu des enfants, que ceux-ci ont, un jour, « quitté le nid ».

- Le besoin d’affection, de tendresse, de contact corporel, de chaleur vivante, est aussi comblé par le chien.

- Le désir de domination se trouve satisfait par la relation avec l’animal familier.

- La déception des rapports humains trouve aussi refuge dans la relation avec l’animal.

Tout comme dans les interactions animal/enfant, il existe des pôles privilégiés dans la relation animal/personne âgée. Le repas, la distribution de la nourriture à l’animal ont un sens affectif important, le bon appétit étant très gratifiant pour le maître. La suralimentation et les problèmes d’obésité qu’elle entraîne sont en effet courants chez les chiens des personnes âgées. Le jeu, même chez ces personnes souvent inactives, est aussi un aspect important de cette relation. Dans l’action ludique, la personne perd son sérieux et oublie son âge.

On voit donc que l’animal présente un avantage certain (du point de vue affectif), pour les personnes âgées. En revanche, cela n’est pas sans inconvénients pour l’animal. En effet, l’amour possessif du propriétaire conduit à la négation des besoins éthologiques de son animal (aspect dont nous reparlerons dans la troisième partie de cette étude). Le besoin d’exercice de l’animal est souvent ignoré, par exemple.

Accepter le comportement social propre à l’animal, c’est en effet reconnaître que l’animal s’épanouit auprès de ses congénères, or la personne âgée veut se persuader que la vie de son animal est auprès d’elle. Ensuite, après la disparition du propriétaire, c’est souvent l’euthanasie qui attend l’animal. La communication est donc surtout affective et émotionnelle.

Le plus à l’écoute des deux est le chien qui cherche à faire plaisir à la personne âgée et qui attend une manifestation de tendresse. La communication est facile car les situations (repas, balade…) sont très répétitives.

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