« Plus je vois les hommes, plus j’aime mon chien » : la phrase est classique sous sa forme première, ou énoncée plus simplement. Combien de propriétaires soulignent que lorsqu’ils rentrent du travail le soir, ils sont au moins assurés que leur chien leur fera fête, compensant en cela la morosité de leur femme, l’indifférence de leurs enfants, et les ennuis de la journée.
De plus, à un niveau supérieur, si on étudie la qualité moyenne des sentiments auxquels on peut être confronté durant la journée, l’amitié d’un chien paraît plus gratuite car, à part quelques actes de cabotinage, ils n’ont pas des structures cérébrales suffisamment complexes pour agir de manière foncièrement « intéressée ». L’animal a le pouvoir aussi de remettre les choses à leur vraie place, de leur attribuer leur vraie valeur.
À cette espèce de rancoeur contre la gent humaine, il y a plusieurs explications. La première est celle avancée par Baruk. L’homme et l’animal ont tous deux des instincts. Un chien mord, l’homme ne le peut pas car il a une possibilité de frein qui humanise ses instincts et ses impulsions. Suivant les théories actuelles on a tâché de se libérer des répressions morales et sociales, pour laisser libre cours à ses instincts, évitant ainsi de tomber dans des névroses.
Le résultat en est plutôt une augmentation des maladies mentales ; l’homme, ayant aboli règles morales et sociales, ne sachant plus où est le juste de l’injuste, se tourne en compensation vers les animaux, où il trouve dérivation et refuge. La deuxième explication est bien mise en évidence par la réaction des personnes âgées, mais peut être appliquée à d’autres tranches sociales. On entend souvent dire : « Ils mériteraient qu’on les tue, ceux qui abandonnent les animaux. »
C’est une réaction de défense devant un monde qui change, duquel l’individu est exclu, et qui l’agresse en même temps. La réaction première est de se replier sur soi pour se protéger, et de décider que ce monde est mauvais, la personne croit alors garder une valeur en tant qu’individu à ses propres yeux, tout en considérant qu’elle ne fait pas partie de ce monde.
Le chien est, du reste, une justification du repli sur soi. Il est très difficile, voire impossible de comparer les sentiments d’un chien et ceux d’un homme, et la fameuse phrase « les animaux sont tellement meilleurs que les hommes » ne résiste pas à l’analyse. Si la fidélité d’un chien n’a pas son équivalent parmi les loyautés diverses de l’espèce humaine, cela est dû en partie au fait que le chien ne connaît presque aucun conflit interne, qu’il ne risque pas de se perdre, comme l’homme dans un labyrinthe d’obligations morales.
« Du point du vue de la responsabilité humaine, le plus fidèle des chiens fidèles est dans une large mesure un être amoral » (Lorenz). L’être humain qui, à force de déceptions et d’amertume, retire son amitié aux hommes, et la reconvertit en amour des animaux nous semble donc faire fausse route car cette forme de repli sur soi risque d’être totalement stérile.
Votre chien est pour vous : Type de communication privilégié : Un des paramètres importants dans la modulation de la communication est également l’attitude du maître.