Le sujet est vaste, car il existe plusieurs types d’agressions, et elles n’ont pas toutes la même cause. Il va donc être important, en amont, de préciser la raison pour laquelle votre chien a un comportement agressif : problème de sociabilité, trouble de l’apprentissage, manque d’activité, anxiété voir phobie… et naturellement parmi ces causes, on évoque souvent le problème de l’imprégnation hormonale, et des comportements sexuels.
Les agressions liées aux hormones
Les agressions dépendent de facteurs internes (âge, sexe, tempérament, apprentissages,…) mais également de facteurs externes (liés à l’environnement du chien). Il faut donc bien observer son chien et ce qui se passe autour de ces moments pour bien comprendre la nature de l’agression.
Afin de déterminer l’influence des hormones sur les agressions, différentes études ont observé les agressions entre chiens, et entre chiens et humains, chez des chiens entiers (mâles et femelles), et des chiens stérilisés. Les résultats ne sont pas absolus mais montre une influence certaine de la présence ou non des hormones sexuelles sur les agressions.
Déjà, le nombre d’agressions de la part de chiens mâles est nettement supérieur aux agressions des femelles, ce qui oriente fortement sur l’influence de la testostérone. Mais il y a aussi une différence significative entre les chiens stérilisés ou non, quel que soit le sexe : suivant les études, on voit de 30 à 60% d’amélioration sur environ la moitié des chiens. L’amélioration est d’ailleurs plus visible sur les agressions entre chiens, plus fréquentes.
On a donc une réponse à la stérilisation qui est incertaine, bien que ce soit souvent une solution pour corriger des troubles du comportement comme l’agressivité. Or, ce traitement peut également avoir d’autres effets sur certains chiens, comme l’augmentation de l’anxiété, ce qui, non content de corriger le problème, peut venir l’amplifier.
Il va donc être essentiel, en amont du traitement, de bien réfléchir aux causes potentielles des agressions, et si nécessaire, de prendre RDV avec un comportementaliste pour arriver à un diagnostic précis : une erreur de thérapie est contre-productive, et le risque et le danger de morsure sont trop grands.
Comment réagir face à un chien agressif ?
On regrette par ailleurs le retard que prennent souvent les propriétaires avant d’intervenir. En effet, beaucoup de propriétaires minimisent inconsciemment les agressions de leur chien, notamment lorsqu’elles se limitent à des agressions sur d’autres chiens (quand il commence à y avoir un danger pour l’humain, la consultation vient souvent plus rapidement).
Il existe donc un grand nombre de solutions à appliquer, qui dépendent énormément du type d’agression :
- Corriger les apprentissages sociaux : c’est la base de la communication entre chiens, et c’est nécessaire pour éviter au maximum les agressions violentes. Vérifier que le chien maîtrise ces apprentissages, et y remédier si ce n’est pas le cas, est souvent la première chose à faire. Cela passe souvent par des cours d’éducation, et des balades collectives.
- Répondre aux besoins fondamentaux du chien : le chien doit être dans un état de bien-être émotionnel, et surtout pas en état de frustration par rapport à un manque d’activité, ou une trop grande solitude.
- Corriger la sociabilité : en plus des apprentissages pour communiquer avec ses congénères, le chien doit parfois ré-apprendre à apprécier les autres chiens. Cela passe également par des balades collectives, avec un contexte positif, car le propriétaire renforce souvent involontairement l’agressivité de son chien en ayant lui-même peur des rencontres avec d’autres chiens.
- Jouer avec les facteurs hormonaux : on peut envisager la stérilisation, pour appuyer l’une des thérapies ci-dessus. La stérilisation seule ne sera sans doute pas suffisante, il faut bien veiller à l’accompagner d’exercices quotidiens. Une solution consiste en une stérilisation temporaire, par des protocoles de stérilisation qui n’impliquent pas une chirurgie avec ablation des glandes sexuelles. Ces protocoles présentent l’avantage dans cette situation d’être réversibles, et donc de tester les effets de la stérilisation avec possibilité de revenir en arrière si ce n’est pas la bonne solution.
Il ne faut pas s’attendre à des résultats immédiats, mais au cours des semaines voire mois qui viennent. Il est conseillé de se faire accompagner par un éducateur dans le suivi de la thérapie comportementale : cela permet d’avoir un regard avisé à tout moment pour corriger ses erreurs et voir ses progrès.
Si la stérilisation temporaire diminue les symptômes, il y a donc un lien entre son comportement et la présence des hormones sexuelles. La castration aura alors un intérêt pour améliorer son comportement.
Naturellement, si à l’inverse on constate une dégradation suite à la stérilisation, la possibilité de stopper la thérapie est un avantage non négligeable par rapport à la chirurgie. Il faut alors voir avec un comportementaliste la cause exacte et procéder avec une autre thérapie.
On retiendra donc que face à ces troubles du comportement, la réponse chirurgicale est une solution proposée trop rapidement : on envisagera d’abord la cause comportementale avant de cibler les hormones, et éventuellement, on se fait aider par un professionnel comportementaliste, afin d’éviter au maximum le danger d’une morsure.
Sources :
- Effects of castration on problem behaviors in male dogs with reference to age and duration of behavior, J Am Vet Med Assoc. 1997 Jul 15;211(2):180-2
- Treatment of problem behaviour in dogs and cats by castration and progestagen administration : a review, Vet Q. 1989 Apr;11(2):102-7
- Castration of adult male dogs: effects on roaming, aggression, urine marking, and mounting, J Am Vet Med Assoc. 1976 Jun 15;168(12):1108-10
- Influence of orchiectomy on canine behaviour, Vet Rec. 1997 Jun 14;140(24):617-9
Dr Stéphane Tardif
Docteur vétérinaire et rédacteur pour Wamiz
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