La PIF du chat est une pathologie qui touche souvent de jeunes chats issus d’élevage ou de refuge. Les animaux déclinent généralement en quelques semaines. Les vétérinaires sont démunis et ne peuvent offrir à ces patients que des traitements de la PIF palliatifs. L’agent infectieux en cause est un redoutable coronavirus entérique muté.
La PIF du chat, une maladie virale mortelle
La PIF est une maladie contagieuse due à un coronavirus. Il existe de nombreux coronavirus entériques chez le chat. La plupart sont peu dangereux et provoquent des diarrhées chez le chat, mais certains mutent et sont responsables de l’apparition d’une PIF.
Le virus se transmet par les selles et se propage plus volontiers dans les collectivités (élevages, refuges…). L’incubation peut durer plusieurs mois, si bien qu’un chaton acheté chez un éleveur peut développer une PIF six mois plus tard.
On distingue une forme humide avec des épanchements (liquides) dans l’abdomen ou dans le thorax, et des formes sèches responsables de l’apparition de granulomes dans différents organes (yeux, reins, foie, nerfs…). Le diagnostic est difficile en l’absence d’épanchement typique. Le décès de l’animal survient en quelques jours à semaines.
Aujourd’hui, il n’existe pas de traitement curatif contre la PIF du chat. Cependant, des études sur de petits effectifs d’animaux utilisant des antiviraux proches du remsidivir (utilisé contre le Covid) avaient montré des résultats encourageants.
Traitement de la PIF du chat: des antiviraux non validés et non autorisés
Différents médicaments ont été testés sur la PIF, si certains, comme la chloroquine, se sont révélés décevants, deux antiviraux ont émergé du lot :
- Le GC376 qui inhibe les protéases (des enzymes) virales. Cette molécule est utilisée chez l’humain dans le traitement de l’Hépatite C. Deux petites études ont été réalisées. D’abord en laboratoire, sur 8 chats. Six animaux survécurent. Puis sur 20 chats en clinique. Treize chats rechutèrent après une amélioration transitoire et finirent par décéder. Sept étaient encore vivants à la fin de l’étude (en moyenne 12 mois).
- Le GS-441524 qui stoppe la multiplication virale. Cette molécule découle du remdisivir commercialisé par le laboratoire Gilead. Il a été testé chez le chat via 3 études. La première a impliqué 10 chats de laboratoires infectés expérimentalement et qui ont tous guéris. La seconde portait sur 31 animaux en clinique avec d’excellents résultats, puis une troisième sur 4 chats atteints de formes oculaires ou nerveuses. Un seul chat rechuta et mourut. Le traitement est basé sur des injections quotidiennes pendant plusieurs semaines. Elles sont douloureuses et peuvent occasionner des plaies. Le suivi au long cours des animaux n’est pas connu. Les études ont été interrompues, le laboratoire Gilead semblant vouloir réserver cette molécule pour la santé humaine et craignant qu’un effet secondaire révélé chez l’animal n’entrave la commercialisation chez l’Homme.
Ces études, quoique prometteuses (surtout pour GS-441524), sont trop réduites pour permettre de tirer des conclusions et encore moins d’obtenir une autorisation de mise sur le marché (à condition que Gilead qui en possède le brevet y consente). Des effectifs beaucoup plus importants seraient nécessaires pour avérer l’efficacité et l’innocuité du GS-441524.
Aujourd’hui, ces deux antiviraux ne sont ni autorisés ni commercialisés en France.
PIF du chat et marché noir des médicaments
Face à cet état de fait, et désespérés, certains propriétaires se tournent vers des réseaux parallèles pour acheter ces médicaments non autorisés en France, alimentant un trafic initié par des laboratoires chinois. Or ce marché noir n’est absolument pas réglementé ; aucun contrôle n’est réalisé, on ne peut même pas être sûr que les flacons vendus contiennent bien du GS-441524.
Des groupes officieux, notamment sur Facebook, commandent clandestinement les produits à l’étranger et donnent des recommandations médicales, ce qui est interdit car relève de l’exercice illégal de la médecine vétérinaire. Les tarifs sont élevés (environ 4000 euros pour le traitement d’un chat de 4 kg), et une fois encore, les arcanes de ce marché complètement opaques.
Un jour, c’est certain, la PIF ne sera plus une maladie incurable. Il est urgent que les laboratoires vétérinaires s’emparent de ces pistes prometteuses afin que le trafic illégal (et lucratif) du traitement contre la PIF du chat, surfant sur la douleur des maîtres, puisse prendre fin.
En attendant un traitement ou un vaccin, la prévention de la PIF passe par une gestion méthodique des élevages avec mise en place de quarantaine pour les nouveaux arrivants, dépistages réguliers et hygiène rigoureuse.